Recrutement. Former davantage de vétérinaires ruraux est-il possible ?
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Le nombre de vétérinaire déclarant une activité pour les animaux d’élevage s’érode d’année en année. « La profession souffre aussi d’une distribution très hétérogène sur le territoire », souligne Raphaël Guatteo, professeur à Oniris. Si la télémédecine peut, très modestement, y remédier, c’est peut-être le profil des futurs vétérinaires qui doit évoluer : recruter dans les écoles des jeunes qui accepteront de travailler dans les zones rurales et qui dureront dans le métier. Car le Conseil de l’ordre annonce une statistique inquiétante : aujourd’hui, un tiers des vétérinaires arrêtent la pratique avant 40 ans. Depuis 2012, le nombre d’étudiants accueillis dans les quatre écoles nationales vétérinaires (ENV) a été augmenté de 35 % (160 par promotion). Mais c’est une réforme plus ambitieuse qui débute cette année : offrir une nouvelle voie d’accès à ces écoles, immédiatement après le bac, donc sans passer par les classes préparatoires. Ils sont ainsi 40 étudiants par école à avoir été sélectionnés pour la rentrée 2021, le double l’année prochaine. L’objectif était prioritairement de raccourcir le cursus à bac + 6 au lieu de bac + 7 (ou 8) aujourd’hui – ce qui en fait le plus long d’Europe. Il permet aussi aux ENV de maîtriser une part de leur recrutement, ce qui est une exigence de l’A3EV (Association pour l’évaluation des établissements d’enseignement vétérinaire).
« Nous attendons aussi, via Parcoursup, une plus grande diversité sociale et territoriale, ce dont le premier concours semble attester, se réjouit Raphaël Guatteo. Par les classes prépa, 30 % des étudiants étaient issus de trois départements, Paris et sa banlieue ouest. » Les lycéens sont recrutés par l’intermédiaire de Parcoursup (6 000 candidats), sur dossier (710 admissibles). Autant dire que l’excellence scolaire scientifique est toujours là. Le pourcentage de filles aussi : 75 %, identique à la voie des classes prépa. Ensuite, ce sont d’autres qualités qui sont évaluées via des MEM (mini-entretiens multiples), une technique innovante déployée ici par le responsable de cette nouvelle voie de recrutement, Marc Gogny. Ces oraux, très pratiqués en médecine, abordent différents thèmes : l’éthique, le bien-être animal, les attentes professionnelles, l’aptitude manuelle… « Nous avons vu des candidats très motivés et volontaires, certes d’horizons différents, mais avec une vision du métier de vétérinaire parfois encore à construire, remarque Raphaël Guatteo. Notre première impression est d’avoir la même typologie d’étudiants, mais avec deux ans de moins. »
Ces étudiants suivent en première année un cycle préparatoire intégré, avant de rejoindre en seconde année leurs camarades issus des classes prépa. Les 160 candidats ont commencé par une semaine d’intégration qui a confirmé un bon degré de maturité et une extrême motivation. « Il est trop tôt pour tirer des conclusions sur l’avenir de ces nouveaux candidats à la profession de vétérinaire. S’orienteront-ils davantage vers la “rurale” ? Cela ne pourra se construire que pendant leurs études. Au-delà de la formation, c’est surtout une question d’aménagement des territoires et de leur attractivité. Car la médecine des animaux d’élevage reste attractive, avec par exemple, à Nantes cette année, près de 50 étudiants sur 160 qui choisissent cette option en dernière année. »
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