Des mesures d’hygiène à renforcer avec un robot de traite
La traite robotisée augmente le risque de contaminations croisées entre les vaches, mais aussi celui des infections mammaires par des germes de l’environnement. Préserver la qualité du lait implique donc une plus grande maîtrise de l’hygiène des locaux et du robot lui-même.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Quand un seul poste de traite branche de 60 à 70 vaches deux ou trois fois par jour, le risque qu’une infection se propage d’un animal à un autre se trouve démultiplié. C’est ce qui se produit quand un élevage passe de la salle de traite au robot. De plus, les vaches traites sortent immédiatement et peuvent aller directement se coucher si elles le souhaitent. « Le sphincter reste ouvert pendant au moins trente minutes, ce qui offre un boulevard aux germes présents dans l’environnement », rappelle Paul Delaunay, chef de marché réseaux vétérinaires Novactiv chez Kersia. Il intervient auprès des vétérinaires qui le souhaitent pour les aider à résoudre des problèmes de qualité du lait en élevage. En salle de traite, de nombreux éleveurs réduisent ce risque en bloquant les vaches après la traite pour qu’elles n’aillent pas se coucher. Cette pratique est impossible avec un robot.
« L’augmentation du nombre quotidien de traites se traduit aussi par une plus grande sollicitation des trayons », ajoute Romain Cheron, chef de marché hygiène lait également chez Kersia. Or leur peau est fragile et sensible aux pressions mécaniques qui peuvent l’irriter. Des lésions minimes suffisent pour faciliter une infection.
Par ailleurs, le robot n’est qu’une machine qui effectue toujours les mêmes tâches, quelle que soit la situation. Le trayeur, lui, voit les mamelles et les nettoie en fonction de leur état. Il lave aussi les manchons lorsqu’ils sont souillés alors que le robot applique toujours les mêmes protocoles.
Il est impératif d’avoir des vaches propres
Réduire les risques de contaminations en traite robotisée suppose d’abord de tout faire pour que les vaches soient propres lorsqu’elles arrivent dans la stalle. Sinon, elles encrassent le matériel : manchons, gobelets trayeurs, brosses, parois, etc. Toute accumulation de matière organique favorise le développement des germes qui peuvent contaminer la machine et les vaches saines. Les mamelles doivent donc être régulièrement tondues et les poils de la queue coupés. Cela suppose de s’organiser pour la tonte tous les trois ou quatre mois.
La propreté des vaches passe bien sûr par celle des locaux. Maintenir un couchage propre est essentiel aussi pour limiter la présence des germes pathogènes dans l’environnement. Les logettes sont donc à entretenir deux ou trois fois par jour. Et mieux vaut en avoir un nombre suffisant, par rapport à l’effectif de vaches. Celles qui se couchent tout de suite après la traite sont susceptibles de perdre du lait, ce qui représente un paradis pour les germes. Ils vont s’y développer rapidement et contaminer les vaches suivantes quand elles s’installeront, les sphincters ouverts.
De la même façon, l’aire paillée ne doit pas être sale. Le paillage doit être régulier et la surface par vache suffisante. Attention à ne pas apporter de paille en trop grande quantité. Certes, cela donne une impression de propreté et de confort. Mais les couches successives ne se tassent pas assez. Des poches d’air se créent, favorisant un échauffement idéal pour le développement des germes.
Le nettoyage des locaux réduit les risques de moitié
Pour assainir les espaces de couchage, il existe des solutions biotechnologiques. Le principe est d’ensemencer avec des bactéries bénéfiques qui entrent en concurrence avec les pathogènes dont elles pénalisent le développement.
La propreté des couloirs d’exercice compte également. Là encore, les animaux doivent disposer d’une surface suffisante. Quand le lisier s’accumule, les vaches éclaboussent en marchant et peuvent ainsi souiller leurs mamelles. La fréquence de raclage est donc importante. Il faut être vigilant aussi sur la propreté des surfaces non accessibles par les systèmes de nettoyage, les passages permettant de passer d’un couloir à un autre notamment. C’est souvent là que les abreuvoirs sont placés et les vaches aiment boire après la traite alors que leurs sphincters sont ouverts. En général, ces surfaces ne peuvent être nettoyées que manuellement. Il est nécessaire de s’en occuper deux fois par jour.
« L’ensemble de ce travail de prévention en amont permet de réduire drastiquement les risques d’infections mammaires », estime Paul Delaunay. Le reste se passe au niveau de la stalle. « En usine, dans les ateliers automatisés, il reste toujours une personne pour contrôler le bon fonctionnement des machines, remarque Romain Cheron. Ce doit être pareil en élevage. L’éleveur doit s’astreindre à une routine quotidienne pour s’assurer que l’outil travaille bien, notamment au niveau de l’hygiène. » Le nettoyage et la désinfection suivent un protocole précis en traite robotisée. Le paramétrage est en général effectué par le constructeur au début. Il peut être ajusté par l’éleveur à qui il appartient de vérifier qu’il n’y a pas de dérive.
L’éleveur doit définir son rythme d’entretien de cette stalle, à l’image du nettoyage pratiqué systématiquement deux fois par jour en salle de traite. Tout ce qui entre en contact direct avec la mamelle doit être lavé et désinfecté fréquemment. Un lavage à haute pression de la stalle est nécessaire une fois par semaine. Les barrières situées à hauteur de la mamelle ne doivent pas être oubliées. Cela évite que la vache entre en contact avec des surfaces sales lorsqu’elle arrive.
Respecter la physiologie de la vache
La préparation à la traite, qui inclut le lavage des trayons et la stimulation, est cruciale. « La physiologie de la vache est à prendre en considération. Il faut au moins trente secondes pour que démarre la sécrétion d’ocytocine. Sinon, on génère une surtraite qui abîme le trayon et l’expose donc aux infections », précise Paul Delaunay. Bien souvent, les éleveurs cherchent une productivité maximale de la stalle et chassent les secondes « perdues ». Mais une vache bien stimulée donne son lait plus rapidement. Les quelques secondes consacrées au début à la préparation permettent d’optimiser la descente du lait et donc de gagner sur le temps de traite total. Une fois que la vache est débranchée, les manchons sont nettoyés et désinfectés automatiquement. L’éleveur doit s’assurer que cette étape est bien maîtrisée. En fonction du process, qui varie selon les marques (produit acide, vapeur, etc.), il faut vérifier que le protocole a été respecté (concentration du désinfectant, pression). Et bien sûr, comme en salle de traite, les manchons sont à changer régulièrement.
Jeter du lait représente un manque à gagner
Enfin, la traite se termine par la désinfection des trayons. Là encore, chaque marque propose son système. Cette étape vise à détruire un maximum de germes pour réduire la pression d’infection. Et il faut prendre soin des trayons en utilisant un produit cosmétique hydratant et éviter que la peau s’abîme.
L’ensemble de ces mesures d’hygiène prend évidemment du temps à l’éleveur. Mais il s’agit du meilleur moyen d’éviter de perdre le contrôle sanitaire. C’est souvent quelques mois après la mise en service du robot que les problèmes surviennent, l’éleveur se relâchant un peu. Certes, les robots de traite fournissent de nombreuses informations sur l’état sanitaire du lait. Il est possible d’écarter le lait de moindre qualité pour éviter les pénalités. Or cela peut vite représenter des volumes importants et donc un manque à gagner non négligeable.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :