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« Deux paddocks et 500 g de concentrés par jour au robot »

Pâturage et robot. La mise à disposition de deux paddocks d’herbe fraîche toutes les 24 heures permet de combiner pâturage et robot en système bio, sans intervention humaine et avec 500 grammes de concentrés par vache.

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Simple et efficace, le système d’élevage mis en œuvre par Bertrand Ronceray lui permet de gérer seul ses 50 vaches avec un minimum d’astreinte.

Certifié bio en 2008, il livre 250 000 litres de lait sur la base d’un troupeau à 5 600 kg de lait, d’un assolement 100 % herbe et, depuis mars 2013, d’une traite assurée par un robot monostalle Fullwood. « Au début, c’était un peu l’inconnu, souligne l’éleveur. Il a fallu concevoir un circuit pour faciliter la circulation des animaux sans intervenir. Aujourd’hui, grâce à ce système, j’évalue mon travail d’astreinte à soixante minutes le matin et trente minutes le soir. »

Pour combiner efficacement pâturage et robot, l’éleveur a deux atouts :

- des conditions pédoclimatiques favorables : les vaches ne sont bloquées en stabulation que trois semaines par an (mi-janvier à mi-février) et, pendant environ trois mois, elles ne pâturent « que » de jour ;

- une stalle non saturée : si l’on considère un débit de traite au robot de 6 à 7 vaches/heure, un troupeau de 50 vaches, dont 44 traites, laisse suffisamment de latitude pour éviter les embouteillages, et donc fluidifier le déplacement des animaux.

Pour faciliter l’accès aux pâtures, la circulation est libre et le robot est installé en bout de stabulation où il sert de porte de sortie après la traite. Puis, au bout d’un couloir de contention, une porte de tri, avec horloge automatique, oriente les vaches traites selon l’heure de la journée : après 6 heures, vers les pâtures de jour ; après 16 heures, vers les pâtures de nuit.

Il s’agit d’inciter les vaches à revenir d’elles-mêmes se faire traire, sachant qu’à certaines heures, elles auront accès à de l’herbe fraîche après leur passage au robot.

« Il n’y a plus de vaches retardataires à aller chercher »

« En seulement quinze jours, elles ont compris le rythme et les horaires », indique Bertrand. Grégaires, elles ont tendance à se présenter groupées au robot à la même heure, ce qui implique que certaines peuvent attendre leur tour trois à quatre heures. « Ce sont souvent les mêmes. Mais elles peuvent se coucher dans leurs logettes, sans conséquences sur leurs résultats. »

Lors de la visite, à 11 heures, toutes les vaches étaient passées à la traite et avaient rejoint leur paddock de jour sans intervention. « Le soir, la deuxième traite est terminée à 21 heures. Il n’y a plus de retardataires à aller chercher. Lorsqu’elles intègrent le troupeau, les génisses suivent les adultes et s’adaptent en deux à trois jours. »

Quelques vaches font l’aller-retour entre la pâture et le robot pendant la nuit, pour une fréquentation de 2,1 traites/VL/24 heures pendant la période de plein pâturage.

Au total, les laitières disposent de 21 ha d’herbe (0,48 ha/vache traite) : derrière la stabulation, 6 ha sont dédiés au pâturage de nuit et 6 ha au pâturage de jour ; devant la ferme, 9 ha pour le pâturage de jour, dans un îlot de 15 ha accessible grâce à un boviduc (6 ha sont réservés aux taries et aux génisses). Les pâtures de jour sont divisées en paddocks de 75 ares et celles de nuit en paddocks de 50 ares (1,25 ha par 24 heures). « 60 % de la ration est assurée par le paddock de jour », précise Bertrand.

« Du pâturage tournant géré au fil avant »

Ces paddocks sont prévus pour plus ou moins trois jours, et gérés au fil avant, afin d’offrir de l’herbe fraîche après chaque traite. « Il ne faut pas mettre trop d’herbe à disposition. Sinon, les vaches ne reviennent pas, d’où l’intérêt du fil avant. Au printemps, la surface pâturée est d’environ 25 ares par vache. Puis je réintroduis progressivement les paddocks enrubannés au printemps dans le cycle de pâturage pour atteindre 50 ares en été, avec des temps de repousse de 45 jours. »

Jusqu’au 15 juillet, aucun fourrage complémentaire n’est distribué. Puis, la souplesse d’utilisation de l’enrubannage permet d’adapter les quantités distribuées selon l’herbe disponible (voir encadré). « À l’automne, je préfère distribuer plus de fourrages que nécessaire pour ­prolonger la saison de pâturage. Au départ, je me suis formé à l’utilisation de l’herbomètre­ pour ajuster mes apports. Aujourd’hui, je le fais à l’œil », ­explique Bertrand.

Ce principe qui consiste à motiver les vaches avec deux paddocks d’herbe fraîche toutes les 24 heures permet aussi d’éviter les dérapages sur les concentrés. Ici, la consommation moyenne s’élève à 208 kg/VL/an : « Les vaches ont 2 kg de concentrés au robot jusqu’à la confirmation de gestation. Puis, en dessous de 18 kg de lait, elles n’ont plus que 200 à 300 g/j. »

Un coût alimentaire de 52  € les1 000 litres

Bertrand a acheté 10 tonnes de concentrés lors de la dernière campagne, soit un peu plus de 500 g par vache et par jour. Cette conduite génère un coût alimentaire de 52 €/1 000 litres, avec une ration de base hivernale composée de 15 kg d’enrubannage et de 3 kg de foin (22 ha par an sont fauchés sur un second site à 4 km).

La marge brute s’élève à 356 € les 1 000 litres, avec un lait payé 460 €. « La plus-value bio et la conduite économe permettent de financer l’achat du robot. Avec 250 000 litres en conventionnel, ce ne serait pas possible. C’est un système qui réclame beaucoup d’investissement et qui peut difficilement s’envisager en début de carrière. »

Place désormais à l’installation de Julien, le fils de Bertrand, programmée en fin d’année.

Jérôme Pezon

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