Gestion des IVV : « 2 veaux en plus par an, c’est 3 400 € de gagnés »
Vu le prix des broutards, réduire l’intervalle vêlage-vêlage peut rapporter gros. Le secret ? Grouper les vêlages, et anticiper la période de reproduction.
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Encore deux semaines pour que Tamara prenne à la repro, encore huit jours pour permettre à Renoncule de faire un dernier veau… Doucement, la saison des vêlages s’étire au point que les vêlages groupés ressemblent parfois à une succession de naissances étalées sur toute l’année.
Côté conduite d’élevage, le troupeau allaitant français peut encore progresser. « Les structures que nous suivons tournent autour des 382 jours d’intervalle-vêlage-vêlage (IVV) », explique Alexis Lefebvre, conseiller bovin viande chez Eilyps sur le plateau de la SpaceTV. Pourtant, la maxime voudrait « un veau par vache et par an ».
Et 17 jours d’IVV, « ce n’est pas rien », insiste Mélanie Deborde, également conseillère chez Eilyps. « Sur un troupeau moyen de 52 vaches, ça équivaut à 2,5 veaux supplémentaires par an ». Au prix actuel du broutard, c’est l’équivalent de 4 200 € de chiffre d’affaires supplémentaires, sans croît de cheptel.
Grouper les vêlages sur 2 à 3 mois
Mais comment grappiller quelques jours d’IVV ? Alexis Lefebvre a sa solution : « ça passe par le groupage de vêlage ». Les études lui donnent raison. Dans le Nord-Pas-de-Calais, des conseillers ont suivi l’impact du groupage sur 10 ans. Résultat : « ceux qui regroupent 80 % des vêlages sur deux mois affichent 21 jours d’IVV en moins que ceux qui ont 50 à 60 % des naissances sur cette période ». Autrement dit, organiser sa saison de reproduction permet de gagner presque un cycle complet.
Reste à choisir sa période de vêlage. Les vêlages de printemps sont les moins onéreux. Ils permettent de faire coïncider pousse de l’herbe et production laitière, et d’hiverner des vaches sans veaux. Les vêlages d’automne permettent de passer le creux estival sans peine, mais demandent de la place en bâtiment pour accueillir les couples mères veaux. « À chacun de voir ce qu’il l’arrange le mieux par rapport au travail présent sur la ferme à l’année », résume Mélanie.
Attention à ne pas multiplier les périodes de rush inutilement. « À partir de 60 ou 70 vêlages, on peut commencer à penser aux doubles périodes de vêlage. En dessous, ça complique inutilement le travail », ajoute Alexis.
Anticiper la prépa vêlage
Mais le tout n’est pas d’avoir un calendrier, encore faut-il s’y tenir ! « En moyenne, une période de vêlage convenable s’étend sur deux mois et demi, voire trois mois », précise la conseillère. La clé ? L’anticipation. Et cela commence dès le vêlage. « La condition de naissance joue sur la durée d’anoestrus des vaches », martèle Alexis.
Souvent abordée pour les vaches laitières, la prépa vêlage a toute sa place en race à viande. « On adapte la ration et la minéralisation pour faciliter le vêlage et le retour des chaleurs », décrypte Mélanie. Au menu ? Iode, sélénium et magnésium. « Le magnésium aide au retour des cycles, à la bonne délivrance », poursuit la conseillère. « Il facilite également la mobilisation du calcium au début de la lactation pour un bon démarrage », ajoute son collègue. Autant d’éléments qui donnent des vaches en bonne forme après vêlage.
Un mois avant le début de la reproduction, les conseillers proposent d’opter pour le « flushing », un petit boost énergétique pour garder les vaches en état. « On ajoute 1 à 1,5 UF en amont de la période de reproduction, et on le maintient jusqu’à trois semaines après le retrait du taureau », propose Alexis. Une manière de ne pas créer de cassure nette alors que les dernières vaches sont encore en phase d’implantation embryonnaire. Concrètement, « cela se traduit par un bon kilo de céréales en plus », complète Mélanie.
Comme la période de reproduction est courte, le contrôle de gestation est un plus. « Pour des vêlages d’automne, on commence souvent la reproduction au 15 novembre. À partir du 15 janvier, on peut commencer à faire des échos », poursuit la conseillère. L’objectif : identifier les vaches vides, et choisir la date de fin de la période de reproduction. « Cela laisse un cycle pour rattraper les dernières vaches ».
Le monitoring en soutien de l’éleveur
La fin de la campagne de reproduction, au 1er février, donne lieu à une dernière série d’échographies. « Ça permet d’enlever tout de suite les vaches improductives du troupeau, avant le départ au champ », ajoute la conseillère.
Mais qui dit vêlages groupés, dit cinquante, soixante… voire parfois même une centaine de vêlages sur une courte période. Soyons honnêtes : l’astreinte peut faire peur. « Des outils existent », atténue Alexis. En tête d’affiche : les colliers de détection de chaleur pour les éleveurs en insémination artificielle. D’autant qu’en vêlages groupés, il faut équiper tout le troupeau. « Compter entre 30 et 40 € par vache et par an », précise le conseiller.
Pour gérer les vêlages, le détecteur de vêlages est un plus. « Il en faut 4 ou 5 pour 50 vaches », ajoute Mélanie.
Le jeu en vaut-il la chandelle ? Équiper 52 vaches de détecteur de chaleur revient autour de 1 800 €. « Si cela permet de réduire l’IVV de 17 jours et de vendre deux veaux, c’est rentable », tranche la conseillère. Sans parler du confort de travail. « Grouper ses vêlages, installer des détecteurs… Ce sont plein de choses qui entretiennent l’équilibre pro/perso, et qui donnent de la valeur aux exploitations », insiste Alexis. Une manière de rationaliser le fonctionnement de sa structure, et de rendre attractif le métier d’éleveur allaitant.
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