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Initiative Des caméras intelligentes veillent sur les animaux

Localisation. Les caméras sont installées au milieu du bâtiment et couvrent tous les espaces occupés par les vaches. D.Lehé

La jeune entreprise française AiHerd a développé un concept de suivi du troupeau par analyse d’images. Des caméras filment les animaux et le serveur qui scrute le comportement des vaches détecte les chaleurs, les mises bas ou tout problème de santé.

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C’est l’innovation primée aux Inel d’Or et au Space 2022. Les caméras AiHerd analysent en permanence le comportement des vaches dans la stabulation et collectent des données pour assister l’éleveur dans son travail quotidien. « Notre système va bien plus loin qu’un réseau de télésurveillance, explique Quentin Garnier, cofondateur d’AiHerd. Les images sont transmises à un serveur installé sur l’exploitation et tout est scruté en direct. Chaque vache est reconnue individuellement et si son comportement indique, par exemple, qu’elle est en chaleur, l’éleveur est aussitôt informé. » L’application est désormais opérationnelle. Le prix proposé pour le suivi de la reproduction est de l’ordre de 40 € par vache et par an. Il inclut le matériel (caméras et serveur) et la partie logicielle. Cette innovation vient directement concurrencer les colliers d’activité qui offrent un service similaire de détection des chaleurs. Mais AiHerd possède d’autres atouts, comme la localisation individuelle de chaque animal, une fonction utile quand il s’agit de retrouver une vache pour l’isoler ou la pousser vers le robot. Il suffit pour cela d’ouvrir l’application sur un smartphone et d’indiquer soit son numéro d’identification, soit son nom.

Détection des pathologies

AiHerd a également développé une solution de détection des pathologies. Ce service est facturé séparément. « Si la vache boite, même légèrement, les caméras le repéreront rapidement, ajoute Quentin Garnier. Même chose si, par exemple, elle se lève et se recouche plusieurs fois sur un intervalle de temps assez court. Cela signifie qu’elle est en situation d’inconfort ou de stress. C’est très souvent le signe d’un début d’infection de la mamelle. Dans tous les cas, l’éleveur reçoit un signal et sait qu’il devra la surveiller de près. »

Ce système est amené à progresser en précision dans le futur car il est basé sur de l’intelligence artificielle. En clair : les serveurs enregistrent tous les jours plus d’images qui sont autant de références pour reconnaître ensuite les signes avant-coureurs de telle ou telle pathologie ou d’un autre événement, une mise bas, par exemple. Le comportement global du troupeau peut également être passé à la loupe. L’occasion d’identifier les logettes qui attirent le plus de monde, les zones de la stabulation plus occupées que d’autres ou celles d’inconfort, notamment quand il fait chaud. Cet œil expert repère si les animaux ont une préférence pour tel ou tel abreuvoir.

D’autres applications en perspective

À terme, le nombre d’applications utiles devrait se développer avec, pourquoi pas, un couplage du serveur avec d’autres équi­pements : arrêt automatique des racleurs si une vache est couchée dans le couloir et qu’elle ne parvient pas à se relever.

« Des synergies avec d’autres partenaires de l’exploitant sont imaginables, estime Quentin Garnier. Nous collectons par exemple les temps d’alimentation et de rumination. L’éleveur peut ensuite confier ses données à un nutritionniste ou à un organisme de conseil pour obtenir une interprétation de ces résultats. Il sera sans doute possible un jour de trouver des parte­nariats avec les fabricants de robots de traite ou de distributeurs d’aliments. Plus besoin alors de collier ni de boucle d’identification car c’est la caméra qui reconnaîtra l’animal au moment où il se présentera devant la machine. » L’innovation n’en est donc qu’à ses débuts et d’autres solutions vont sans doute émerger dans les années à venir.

Denis Lehé

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