Mali : des zébus croisés normands
L’Afdi Normandie accompagne les éleveurs maliens dans leur développement du lait. La normande croisée au zébu fait évoluer les pratiques en profondeur.
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Cela peut paraître dérisoire en France, mais au Mali, ce n’est pas rien. Douze vaches issues d’un croisement race locale et race normande sont présentées par l’association Afdi Normandie (1) et la coopérative Évolution dans un catalogue. « L’Afdi repose sur un échange entre agriculteurs normands et maliens, entre autres », explique Claire Guyon, l’animatrice.
À 70 km de Bamako, encouragés par la demande urbaine, des éleveurs ont créé des petites coopératives laitières. Elles commercialisent le lait pasteurisé sous forme liquide et caillée. Il est payé en moyenne 380 €/1 000 l aux producteurs. Et si le croisé, mâle ou femelle, est vendu, c’est à plus de 900 € contre 450 € en zébu. « Une année sur deux, nos partenaires maliens viennent en Normandie pour prendre des idées. Il y a quinze ans, ils ont demandé des semences normandes pour augmenter la production de leurs vaches. » Une collaboration se noue en 2005 avec Évolution pour l’envoi de 200 doses gratuites et un suivi d’une semaine par un salarié, Ugo Fontenelle.
« L’animal croisé normand, femelle ou mâle, est précieux »
« Depuis deux ans, les éleveurs paient l’acte d’insémination 10 €. Avant, c’était 19 € car deux inséminations étaient pratiquées à douze heures d’intervalle pour assurer la couverture spermatique, observe-t-il. Comme le gain était faible par rapport au coût, ils sont passés à une seule. »
De 2,5 litres par jour sur 165 jours en race locale, la production par vache croisée est passée à 7,5 litres sur 70 jours de plus. « Certes, la génétique normande fait progresser le lait par vache mais c’est surtout la conduite animale. L’animal croisé normand, femelle ou mâle, est devenu précieux », analyse Claire Guyon. C’est en fait une petite révolution qui s’opère dans cette partie désertique du monde. Habitués à la transhumance, les éleveurs – des Peuls – acceptent désormais de parquer les croisées et les femelles zébus repérées bonnes laitières. Ils les abreuvent ainsi plusieurs fois par jour, séparent le veau de la mère la nuit pour la traire. De même, sous l’impulsion du partenariat avec l’Afdi, ils acceptent de consacrer des terres jusque-là réservées au coton et aux cultures vivrières pour du sorgho sucrier, du niébé, etc., stockés pour la saison sèche. Un véritable plus par rapport à l’herbe de brousse ! En plus de dix ans, cinq cents croisés sont nés.
Claire Hue(1) Agriculteurs français et développement international. Sur Facebook : Afdi Normandie
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