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Simon Huet : « Je gagne plus d'argent à être autonome qu'à être en bio »

« Je gagne plus d’argent à être autonome qu’à être en bio, aujourd’hui si je n’avais plus de primes bio je continuerais mon système parce que je sais qu’il est rentable », assure Simon Huet.

Rapidement après son installation à la suite de ses parents, l’éleveur a converti l’exploitation en bio, puis en tout herbe quelques années après. Aujourd’hui, il est fier de son système autonome et cherche à s’adapter aux enjeux environnementaux.

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Parmi les précurseurs du système tout herbe dans la petite région agricole du Pays de Bray, Simon Huet, éleveur laitier à Héricourt-sur-Thérain (60), mise tout sur l’autonomie. En bio depuis 1999 et en système herbager depuis 2003, il a su faire évoluer son système au fil des années, et s’est même adonné à quelques expériences -plus ou moins concluantes-. Il a expliqué son système à d’autres agriculteurs du canton, dans le cadre d’une demi-journée organisée par l’association Bio en Hauts-de-France et l’agglomération du Beauvaisis, une occasion pour les agriculteurs biologiques et conventionnels de communiquer et partager sur les expériences de chacun, et leurs pratiques agricoles.

L’autonomie, clé du succès

Autrefois en système "classique" maïs-soja, l’exploitant a converti son exploitation en agriculture biologique en 1999, par « convictions personnelles » et va même plus loin en passant en système tout herbe en 2003.

« Je me suis vite rendu compte que le maïs c’est la plante la plus consommatrice en eau et en intrants, et puis une fois récoltée, elle est hyper déficitaire en protéines. Alors qu’en système tout herbe, c’est l’inverse. Avec 1 ha d’herbe, on peut produire 7 000 litres de lait sans rien acheter », lance-t-il. « Je gagne plus d’argent à être autonome qu’à être en bio, aujourd’hui si je n’avais plus de primes bio, je continuerais mon système parce que je sais qu’il est rentable ».

Côté matériel, le raisonnement est le même : presse, enrubanneuse, autochargeuse et faucheuse, l’éleveur mise tout sur l’autonomie pour intervenir au moment le plus opportun. « Du coup je fais un peu de prestation pour rendre service », sourit-il.

« Je préfère vendre des vaches que d’acheter de la bouffe »

Pour l’éleveur, l’autonomie alimentaire est primordiale « Je préfère vendre des vaches que d’acheter de la bouffe, assure-t-il. Cette année au mois de mai, le temps était froid et sec, donc j’ai vendu 10 vaches. Ça faisait un moment que je n’en avais pas vendu. L’année dernière, on a eu ce qu’il fallait en quantité de fourrage donc j’ai gardé tout le monde, on était arrivé à 70 vaches », poursuit-il. La disponibilité en fourrages est l’indicateur qui conditionne véritablement les effectifs d’animaux au fil des saisons.

Une céréale pour deux fonctions

La seule culture au sens strict qui soit intégrée dans la rotation est l’orge de printemps « parce que c’est la céréale la plus facile à gérer en bio », confie Simon Huet. La première année, l’orge est moissonnée pour être distribuée comme concentré à l’auge avec le fourrage. Puis l’année qui suit, une seconde orge de printemps est implantée mais sa destinée n’est pas la même. « Je sème de l’orge au printemps et je sème mes prairies en même temps sous couvert, j’implante mes prairies en même temps qu’une orge. L’orge n’est pas moissonnée, je l’enrubanne, c’est ce que je donne l’été aux vaches », explique l’éleveur.

Côté ration, celle-ci est variable en fonction des conditions météo. « Cette année, j’ai fauché du ray-grass et le lendemain je le mettais à l’auge des vaches. On a commencé à nourrir à partir du 14 juillet », déplore-t-il.

La luzerne, résiliente face au changement climatique

Pour Simon Huet, la luzerne « c’est la plante qui vit le mieux le réchauffement climatique ». Les premières et quatrièmes coupes sont enrubannées, et les autres sont utilisées en foin stocké en vrac, grâce au séchage en grange présent sur l’exploitation.

En ration hivernale, l’enrubannage d’herbe (Ray-Grass hybride – trèfle violet) est déroulé sur la table d’alimentation, auquel s’ajoutent un godet de luzerne en vrac et de l’orge aplatie. « Globalement, c’est la même ration toute l’année, juste le volume qui varie en fonction du pâturage, et de la disponibilité en herbe » explique-t-il.

D’après l’éleveur, si la luzerne présente une problématique c’est le temps de retour entre deux implantations. Auparavant, il ne croyait pas les anciens qui disaient « il faut attendre 7 ans au moins pour réimplanter une luzerne sur une même parcelle ». Puis il en a fait l’expérience, résultat : « elle ne se développe pas et finit par disparaître ».

En effet, les racines pivots de la luzerne qui descendent jusqu’à trois mètres de profondeur, mettent un certain temps à se décomposer et produisent des toxines qui inhibent le développement d’une nouvelle luzerne.

Actuellement, Simon Huet implante sa luzerne sur des surfaces qu’il échange avec un voisin, par manque de superficie pouvant recevoir cette culture pour quelques années encore.

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