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L'exploitation du mois « Nous avons accueilli un jeune associé sans agrandir la ferme »

Les associés. Thierry Fruchard, son frère Fabrice Fruchard, Francis Berthome, Johan Guibert.

Ayant tous les trois franchi le cap de la cinquantaine, les associés du Gaec Les Brandes, en Vendée, ont commencé à réfléchir à la transmission de l’exploitation et ont rapidement rencontré un candidat. Passer à quatre actifs leur permet de lever le pied, au moins jusqu’en 2026.

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Ils ont piloté à trois le Gaec Les Brandes à Coëx, en Vendée, pendant plus de vingt ans. Sans augmenter la taille de la ferme, un quatrième associé les a rejoints en début d’année, après dix-huit mois passés comme salarié. « En 1988, je m’étais installé avec mes parents sur 50 ha avec 200 000 litres de lait et un bâtiment canards de 500 m2, raconte l’aîné d’entre eux, Thierry Fruchard, 59 ans. Mon frère Fabrice m’a rejoint en 1995 en apportant 25 ha. »

À quatre kilomètres de là, Francis Berthome remplace son père en 1998 sur une ferme de 45 ha irrigués produisant 200 000 litres de lait. Ne voulant pas travailler seul, il s’associe à ses voisins en 2000. Et voilà le Gaec Les Brandes sur les rails pour deux décennies, confortant petit à petit la surface et la production laitière.

Le site. En 2002, deux ans après le rapprochement avec la ferme voisine de Francis Berthome, un nouveau bâtiment aux normes de 115 places sur aire paillée est construit. Le raclage de l’aire d’exercice au tracteur est réalisé une à deux fois par jour selon les saisons. ( © C.FAIMALI / GFA)

Atteignant la cinquantaine ou davantage en 2020, les trois éleveurs commencent à s’interroger sur la transmission de la ferme pour savoir comment aborder les futures décisions d’investissement. Par l’intermédiaire du contrôle laitier, ils font alors la connaissance de Johan Guibert, installé avec son père, son oncle et son frère à 45 kilomètres de là. « Chez nous aussi, nous nous interrogions sur la stratégie à l’approche de la retraite de mon père, explique le jeune homme. Nous n’avions pas les mêmes objectifs et j’ai donc décidé de partir pour trouver un autre projet. » À partir de sa première visite aux Brandes à l’automne 2020, Johan vient régulièrement passer une journée sur la ferme jusqu’à en devenir salarié à l’automne 2021. « L’exploitation correspondait à ce que je cherchais, à savoir une production laitière dominante, beaucoup de pâturage, une salle de traite plutôt qu’un robot, et puis une gestion économe avec des investissements raisonnés, résume-t-il. En plus, le courant passait bien entre nous. »

« Tester le fonctionnement à quatre pendant trois ans »

Avec l’installation de Johan Guibert en février 2023, le Gaec Les Brandes passe de trois à quatre actifs mais l’activité évolue assez peu. Le bâtiment de 115 places sur aire paillée est saturé avec quelques vaches supplémentaires ; la production augmente de 100 000 litres. « Il y avait du travail pour trois, sachant que nous avions toujours un apprenti ou un stagiaire en supplément, indiquent les associés. Travailler à quatre nous permet de ralentir, d’avoir moins de pression, et aussi davantage de temps pour réfléchir à de nouvelles idées. » « Avec la réforme, ma retraite est repoussée à 2026, ajoute Thierry Fruchard. Je ne me voyais pas continuer au même train jusque-là. Désormais, je suis en congé tous les vendredis. Mon niveau de prélèvement est resté le même. En revanche, mon compte courant d’associé est moins approvisionné pour compenser. »

Entre mai et novembre, tandis que les vaches passent beaucoup de temps à l’extérieur, le bois broyé est utilisé en litière. L’exploitation n’est pas autonome en paille. Elle en achète chaque année environ cent tonnes, soit la moitié de ses besoins. ( © C.FAIMALI/GFA)

Fabrice et Francis, respectivement âgés de 53 et 52 ans, ont maintenu leur temps de travail mais lèvent un peu le pied. La traite du matin est assurée en alternance par Thierry et Johan, davantage spécialisés sur le troupeau laitier ; celle du soir est partagée entre les quatre associés, le vendredi soir étant inclus dans l’affectation du week-end. Fabrice s’occupe aussi des cultures et de l’atelier canards, tandis que Francis se consacre aux génisses installées sur le site des Viollières et à l’irrigation sur ce même site.

En 2012, l’activité canards passe de 500 à 800 m2. « Jusqu’à présent c’était une valeur sûre », selon les éleveurs. Mais la bande de trois mois achevée en juillet était la première après un an d’inactivité lié à la grippe aviaire. ( © C.FAIMALI/GFA)
L’eau d’irrigation utilisée sur le site des Viollières est issue d’une réserve collinaire de 800000 m3 formée à l’aide d’un barrage créé sur le cours d’eau Le Gué Gorand. Le Gaec a un quota de prélèvement de 52000 m3. ( © C. FAIMALI/GFA)

En fonction des saisons, les week-ends sont assurés par un ou deux associés. Tous sont passés de trois à cinq semaines de congés par an. « Notre projet est de tester le fonctionnement à quatre pendant les trois prochaines années, et de trouver un équilibre économique afin d’être prêt à accueillir un nouvel associé au départ de Thierry. »« Cette situation me va bien, confirme Johan, 35 ans et père de deux jeunes enfants. C’est plus facile d’envisager l’avenir ainsi. »

Au Gaec Les Brandes, malgré 40 ha de prairies accessibles valorisées en pâturage par les vaches laitières, une distribution de fourrages à l’auge a lieu chaque jour de l’année. D’ailleurs, la présence de maïs toute l’année dans la ration est imposée par le nouveau cahier des charges de l’AOP beurre Charentes-Poitou afin d’obtenir une texture adaptée à la fabrication des viennoiseries et brioches.

En place depuis 2007, la salle de traite compte 2 x 10 postes avec sortie rapide. La traite nécessite environ deux heures, nettoyage compris, avec un trayeur et le coup de main éventuel d’un second. ( © C.FAIMALI/GFA)

Jusqu’à 80 % d’herbe pâturée dans la ration

Le pâturage débute en février, voire janvier comme en 2023, et dure jusqu’à la fin du mois de juin. L’herbe fraîche représente jusqu’à 80 % de la ration pendant environ un mois. Avec le pâturage tournant dynamique, les vaches ont accès à une nouvelle parcelle chaque matin et chaque soir. En été, l’accès à l’extérieur est limité à certaines parcelles pour éviter de dégrader les prairies. Le pâturage reprend à l’automne, jusqu’en décembre si les conditions le permettent. La ration d’hiver est basée sur l’ensilage de maïs, l’ensilage d’herbe (entre un quart et un tiers du total), le foin, les tourteaux de colza et le concentré énergétique distribué au Dac (échange céréales aliment avec la coopérative Cavac). « Nous n’utilisons plus de soja depuis au moins dix ans, et tous les aliments OGM sont désormais exclus du nouveau cahier des charges de l’AOP beurre Charentes-Poitou. »

Adapter le système fourrager face aux à-coups climatiques

À l’heure actuelle, les associés n’envisagent pas de grand changement dans leur routine, au moins jusqu’en 2026, année de départ pour Thierry.

Le Gaec dispose d'une désileuse-recycleuse pour la préparation de la ration des vaches, d 'une désileuse-pailleuse sur le site des génisses, et de six tracteurs répartis sur les deux sites, les éleveurs ont recours à la Cuma. Un chauffeur intervient pour les ensilages et les moissons. En hiver, au moins deux chargements par la désileuse-recycleuse sont nécessaires pour nourrir le troupeau laitier. ( © C.FAIMALI/GFA)

La question du moment est plutôt celle de l’adaptation du système fourrager, à la fois pour produire des fourrages plus riches en protéines et faire face aux à-coups climatiques tels que ceux de 2022. Une trentaine d’hectares de maïs sont pour le moment sécurisés avec l’irrigation. Côté prairies, elles sont composées pour l’essentiel de ray-grass anglais et trèfle blanc. La zone pâturée compte une partie drainée plus précoce et une partie plus humide. Les éleveurs s’informent et se forment afin de diversifier les espèces prairiales, en particulier dans les zones les plus séchantes, dans le but d’optimiser la pousse de l’herbe et de limiter au maximum la dégradation en été. Par ailleurs, ils testent différentes pistes comme le sorgho multicoupe ainsi que le colza en pâturage. Cet automne, derrière un maïs fourrage, ils ont prévu d’implanter une fétuque élevée dans laquelle ils sèmeront ensuite un méteil. Celui-ci sera récolté en ensilage au printemps, et la prairie de fétuque se développera dans la foulée.

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