Gaec Wagner frères (57) Autonomes avec 160 vaches laitières en bio
« L’herbe est l’aliment le plus rentable pour les ruminants, à condition de le pâturer, et avec tous les animaux de l’exploitation. » Au Gaec Wagner frères, l'exploitation a pris un tournant vers le tout herbe pour le troupeau laitier. Les deux frères expliquent leurs aménagements.
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Les vaches du Gaec Wagner frères produisent du lait sur l’exploitation de Louperhouse (Moselle). La stratégie des deux frères est simple : viser l’autonomie alimentaire pour être efficace sur l’économique.
En 2016, le Gaec était dans un système classique mosellan, productif à la vache, basé sur de l’ensilage de maïs et du correcteur avec peu de pâturage. Mais depuis, la ferme a connu une évolution forte...
Pourquoi changer de système ?
« Nous avions, dans un coin de notre tête, envie d’aller vers autre chose et produire du lait bio. En 2016, les perspectives de prix du lait nous posaient question. Nous avons sauté le pas. L’évolution du système fourrager s’est fait naturellement pour répondre à ces objectifs : plus d’herbe, plus de pâtures. Aujourd’hui, ce système fourrager est stabilisé, ça nous convient. »
« En Moselle, nous avons tous des prairies naturelles. La majorité est très mal valorisée. Mais c’est un vrai atout pour notre région. Chez nous, elles représentent plus de 140 ha. Nous avons poussé la réflexion au maximum, en arrêtant l’utilisation du maïs ensilage. Avec les dernières sécheresses et les dégâts de sangliers, ce n’était plus possible. Les vaches pâturent. Les stocks sont de l’herbe et de la luzerne récoltées. »
99 % d'autonomie protéique
« Sans maïs, les déséquilibres énergie/azote sont moins marqués dans la ration. Que ce soit à la pâture, avec l’ensilage ou l’enrubanné, nous n’apportons pas de correcteur. L’autonomie protéique est quasi totale. Nous l’avons calculée dans le cadre du plan Cap protéines : elle atteint 99 %. »
« Les rations sont très simples. Pas de correcteur, les seuls achats extérieurs sont des minéraux. Une grosse partie des céréales est autoconsommée. Au final, les concentrés représentent seulement 27 €/1000 l, pour les vaches laitières (en 2021). »
| Système bio Stocks fourragers* | Système bio pâturant* | Gaec Wagner Frères |
Effectif | 68 | 106 | 157 vaches |
SFP lait | 104 | 146 | 272 ha |
Lait produit | 368 | 651 | 984 000 l |
Lait/UMO lait | 194 | 239 | 328 000 l/UMO |
Lait/VL | 5 682 | 6 046 | 6 267 l/vache |
Lait/ha SFP | 4 098 | 4 391 | 3 616 l/ha |
* : Les 2 groupes sont découpés selon la quantité d’herbe pâturée. Les vaches du groupe « bio pâturant » consomment plus de 1 500 kg MS d’herbe/an (source réseau Écolait prix d’équilibre AB 2021)
Les élevages avec la part de pâturage le plus importante ont logiquement un peu moins de frais de mécanisation, - 15 €/1000 l et moins de consommation de concentrés - 12 €/1000 l. La productivité est meilleure, + 300 l/VL et + 45 000 l/UMO et elle se traduit sur les résultats économiques. Le Gaec Wagner frères illustre complètement ces observations.
| GAEC Wagner Frères |
Coût alimentaire | 111 €/1000 l |
Prix du lait payé | 486 €/1000 l |
Marge brute de l’atelier | 470 €/1000 l |
Prix d’équilibre MO standard | 221 €/1000 l |
Travailler avec de l’herbe, ça nous plaît !
« Nous avons réussi à mettre en place ce que nous voulions : un système herbager pour bien valoriser notre production. Tout n’est pas simple. Nous avons opté pour le pâturage tournant dynamique. C’est un gros travail pour mettre en place les paddocks, les chemins, les arrivées d’eau… Mais c’est indispensable pour bien valoriser l’herbe. »
« Nous nous sommes fait accompagner pour démarrer. Ça nous rassure un peu sur la pousse d’herbe. Mais, cette gestion du pâturage implique une forte charge mentale : il faut anticiper et réagir sans arrêt. Avoir un stock d’ensilage et distribuer une ration à l’auge est forcément plus simple et rassurant (mais il faut avoir des stocks !). La sécurité fourragère passe par la surface. L’exploitation compte 272 ha de SFP pour 160 vaches. Nous avons beaucoup travaillé avec nos voisins pour échanger des parcelles. Avec le recul, ce regroupement du foncier autour de la stabulation des vaches était vraiment nécessaire. »
Une très bonne empreinte carbone
« Nous voulions aussi aller vers un modèle plus en phase avec les attentes sociétales. Nous avons fait un diagnostic Carbone Cap2ER avec le BTPL en 2021 : l’empreinte carbone est de 0.69 kg eq. carbone/litre de lait corrigé. L’exploitation a de gros atouts vis-à-vis du carbone : sur les émissions, il y a très peu d’intrants tout en maintenant une production correcte, et sur le stockage, les 270 ha de prairies, dont 140 de prairies naturelles, sont un plus. »
Comment s’est passé l’été 2022 avec la sécheresse ?
« Avec le changement climatique, on retient toujours la sécheresse estivale (on perd quatre à six semaines de pâture), mais on oublie qu’on gagne deux semaines au printemps et deux à quatre à l’automne. Donc à nous d’être prêts à partir du 1er mars pour sortir les vaches laitières et les élèves les plus âgées, si la portance le permet. À l’automne, il faut aller chercher au pâturage les nombreuses pousses et repousses qu’il n’est pas rentable de faucher. »
« À l’approche de la sécheresse, on intègre au pâturage tournant des parcelles qui ont été récoltées en ensilage et foin. Cela permet de gagner 10 à 15 jours sur la sécheresse, mais pas plus. »
« On néglige souvent les possibilités de pâturage des taries et génisses. C’est environ 30 % des besoins alimentaires de l’exploitation. Ainsi pour ces animaux, il faut anticiper un stock d’herbe sur pied pour passer la période de sécheresse. Dans la pratique : ne pas faucher la deuxième coupe d’ensilage ou de regain selon les dates des premières coupes. En surface, il faut prévoir un stock sur pied d'un mois environ pour tous ces animaux. Je fais ce stock sur pied sur des prairies humides afin d’éviter que l’herbe ne se transforme en paille. Inutile de prévoir plus d’un mois de stock, sinon c’est de la paille. »
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