Un TRI dès le mois de mai pour repérer les animaux à traiter précocement
Une étude réalisée conjointement par Ceva et Innoval a montré l’intérêt d’identifier les vaches en sous-production laitière sans raison apparente dès le mois de mai, afin de les traiter précocement contre les strongles digestifs. La démarche s’est avérée particulièrement pertinente pour les primipares.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
“Habituellement, le TRI (Technique raisonnée individualisée) se fait au moment de la rentrée à l’étable, en fin d’automne-début d’hiver, rappelle Hélène Commeil, vétérinaire-conseil chez Innoval. Pour cette étude, menée en 2023 dans quatre élevages bretons, nous avons choisi de le faire durant la saison de pâturage, entre les mois de mai et octobre. Nous souhaitions vérifier s’il y avait une valeur ajoutée à traiter précocement les animaux à moins de 200 jours de lactation en sous-production laitière sans raison apparente, en suivant l’évolution de leurs performances grâce au contrôle laitier.
La réponse est oui : les vaches pour lesquelles un traitement vermifuge a été décidé ont montré, dans la majorité des cas, de meilleures performances que leurs homologues non-traitées. C’est notamment vrai pour les primipares, constat a priori logique compte-tenu de leur immunité possiblement plus fragile.
Pour rappel, le TRI est un système de ciblage des vaches éligibles à la vermifugation. Elaboré par Ceva, celui-ci vise à identifier les animaux à moins de 200 jours de lactation avec une production décevante au pic de lait. Son application permet de traiter au cas par cas les animaux dont la production laitière est impactée par la présence de parasites intestinaux. Le bénéfice est triple : des économies de traitement, +1 à 1,4 kg de lait par jour et par vache vermifugée, et moins de rejets dans l’environnement.
Le tri dynamique, un suivi mensuel des données de production laitière à l’herbe
“Le postulat de base de cette étude était : “est-ce que ce n’est pas dommage d’attendre décembre pour traiter les strongles quand certains animaux en subissent probablement les conséquences depuis plusieurs mois ?”, complète Céline Cotrel, vétérinaire-parasitologue chez Ceva. Dans chaque élevage, nous avons donc suivi trois groupes : les premières, deuxièmes et troisièmes lactations et plus, puis nous sommes partis des contrôles laitiers du mois de mai pour ensuite analyser mois par mois les productions laitières en identifiant celles qui régressaient. C’est un tri TRI “dynamique”: au lieu de nous baser sur le seul pic de lait, nous avons regardé le pourcentage de variations d’un contrôle à l’autre pour chaque animal dans sa catégorie, et ce tout au long de la saison de pâturage.”
Cette méthode n’a pas vocation à être reproduite de manière systématique sur le terrain, mais sa mise en application pour les besoins de l’étude ouvre des perspectives. “Suivre l’évolution de la production post-traitement a permis d’établir qu’il y avait un retour sur investissement à vermifuger précocement. Une vache en sous-production en juin et traitée le mois suivant
génère un gain de lait dès le mois de juillet. Si elle n’est identifiée et traitée qu’en décembre, ce gain sera bien moindre”, justifie Hélène Commeil.
Traiter les primipares en sous-production sans attendre la rentrée à l’étable
L’augmentation de la production laitière est surtout remarquable chez les primipares. ”Il s’agit du principal enseignement à tirer de cette étude, souligne Céline Cotrel. On peut en conclure qu’il suffit à l’éleveur de repérer sur son contrôle de performances quelles sont les primipares qui sous-performent, puis de les traiter en cours de saison de pâturage, sans attendre, afin qu’elles retrouvent au plus vite le niveau de production attendu.”
Si Ceva et l'organisme de contrôle de performances fournissent les données nécessaires pour engager une réflexion, la décision de traiter est du ressort du vétérinaire traitant de l’élevage. “Lors de cette étude, nous avons pu identifier tous les mois et pour chaque élevage trois ou quatre animaux qui étaient en dessous de la performance moyenne de leur catégorie. Ce qui a le plus souvent motivé la décision de vermifuger, c’était uniquement le critère de sous-production. A l’heure où il est fondamental que les traitements antiparasitaires soient justifiés, l’analyse des performances laitières pendant la saison de pâturage peut permettre d’identifier précocement des individus impactés par les strongles digestifs. » concluent les deux vétérinaires.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :