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Près de 8 € de bénéfice par vache avec la vermifugation au cas par cas

Vermifuger, oui, mais à condition de le faire bien ! Les traitements antiparasitaires ont un coût, et ne doivent être administrés qu’aux animaux qui les valorisent. Comment procéder ? Les traitements ciblés sélectifs (notamment la méthode TRI) permettent de traiter, au cas par cas, les vaches dont la production laitière est impactée par la présence de parasites intestinaux. D’une pierre, trois coups, vous réduisez les frais de traitement, augmentez la production laitière (+ 1 à 1,4 kg de lait en plus par jour et par vache vermifugée), et évitez des rejets dans l’environnement.

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En matière de vermifugation, la recommandation porte aujourd’hui sur un usage raisonné des traitements. En effet, le mésusage des antiparasitaires pèse directement sur la rentabilité des élevages. Traiter sans distinction génère des dépenses inutiles, car les animaux n’ayant pas besoin d'être traités ne valorisent pas le vermifuge. Et faire l’impasse pénalise la production des vaches qui auraient besoin d'être débarrassées de leurs parasites. Au-delà de l'impact économique, l’utilisation systématique des antiparasitaires contribue par ailleurs à l’apparition de résistances et tue la microfaune des prairies, notamment les insectes coprophages responsables de la dégradation des bouses.

Le TRI, une approche novatrice et durable

« Tous les ans, nous abordons ces sujets dans le cadre de nos plans sanitaires, souligne Pierre Clément, vétérinaire pour la coopérative Eureden, interrogé à ce propos sur le plateau de Space TV. Il y a un travail de pédagogie à faire pour faire évoluer les pratiques, car en ce qui concerne le parasitisme, les éleveurs n’ont pas de repères économiques. Ils ne connaissent pas l’impact d’un traitement sur la production laitière ou le GMQ des génisses, par exemple. Nous essayons donc de les amener à apporter la bonne dose de produit au bon moment et sur les bons animaux, pour éviter de sur ou sous-traiter. »

En effet, d’importantes économies peuvent être réalisées en adaptant ces pratiques. Les Traitements Ciblés Sélectifs (TCS) ne prennent ainsi en charge que 20 à 30 % des vaches, avec un réel impact sur la production laitière et donc une justification des frais engagés. Dans ce domaine, le TRI (pour Traitement Raisonné Individualisé, une méthode gratuite créée par Ceva Santé Animale) est une approche simple, novatrice et durable pour gérer le parasitisme des troupeaux laitiers. La démarche consiste à croiser deux critères pour identifier les vaches dont la production laitière est réduite par la présence de parasites du tube digestif, et qui pourront retrouver leur niveau de performance grâce à un traitement antiparasitaire.

Un retour sur investissement de 5 pour 1

Vétérinaire spécialiste des parasites, Nadine Ravinet a mis en évidence dans ses travaux une réponse en lait allant de 1 à 1,4 kg par jour pour les vaches vermifugées selon cette méthode. Par ailleurs, l’économie de frais vétérinaires réalisée grâce au TRI représenterait 792 € en moyenne, pour un troupeau de 100 vaches. Selon Ceva santé Animale, le retour sur investissement serait ainsi de 5 pour 1 ! Accessible gratuitement sur www.calculatrice.jefaisletri.com/, la calculatrice TRI est un outil pratique pour simuler en quelques clics le potentiel de bénéfices économiques pour son élevage en fonction de la part d’herbe dans la ration et du prix du lait.

« C’est l’aboutissement d’une étude entreprise depuis plus de dix ans en partenariat avec les parasitologues de l’école vétérinaire de Nantes, détaille Céline Cotrel, vétérinaire chez Ceva Santé Animale, lors de l’interview. En rentrant quelques informations sur la ferme, on arrive à identifier de façon assez fine les animaux qui ont besoin d’un traitement et qui sauront le valoriser économiquement en produisant plus de lait, et donc le rendre rentable. »

Pierre Clément ajoute qu’à présent avec cette calculatrice, les éleveurs disposent de données économiques. Ils peuvent ainsi chiffer très facilement le gain de production laitière attendu à la suite du traitement, et les économies permises lorsqu’on vermifuge moins d’animaux.

Deux critères à retenir pour faire le TRI

Pensé pour l’éleveur et son vétérinaire, le TRI est simple à mettre en pratique. L’arbitrage visant à départager les vaches à traiter s’effectue au moment de la rentrée à l’étable, selon deux critères : sont d’abord retenues toutes les vaches et primipares dont le stade de lactation est inférieur à 200 jours, puis parmi celles-ci, celles affichant un rendement en lait décevant par rapport aux animaux de même parité (primipares ou multipares). Tous les animaux cochant ces deux cases sont vermifugés.

À noter que la mise en place d’une démarche de traitement ciblé sélectif (TCS) implique le recours à la voie injectable. Les traitements topiques appliqués sur le dos (pour-on) ne sont pas adaptés, car ils suscitent des léchages entre animaux, donc des écarts de dosage. « On constate un vrai gain économique et environnemental entre le fait de recourir à un pour-on systématique et un injectable ciblé, s’accordent les deux vétérinaires. Il y a tout intérêt à aller vers un usage plus raisonné des antiparasitaires en élevage. »

 

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