Login

Parasitisme Les vermifuges, c'est pas automatique !

La rencontre entre bovins pâturants et parasites internes est inévitable. Il s'agit d'adopter les meilleures stratégies pour que celle-ci serve la mise en place de l’immunité et puisse ensuite avoir lieu sans dommage pour les animaux.

Pour être durablement efficace, la lutte contre les parasites internes des bovins doit se raisonner. Cela signifie prendre en compte de nombreux facteurs, comme l'immunité naturelle des animaux, le risque de développement de résistances ou encore l'impact environnemental des traitements. Vous avez tout à gagner à revoir vos habitudes.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Lutter contre les parasites internes qui infestent les animaux, une préoccupation légitime des éleveurs, devenue une habitude pour la plupart. Présents naturellement dans les prairies, les parasites réalisent une partie de leur cycle de vie « au crochet » des bovins. Mais au cours de leur séjour dans le tractus digestif ou dans les bronches, ils sont susceptibles d’occasionner diverses nuisances.

L'utilisation de vermifuges a pour but d’éviter les atteintes cliniques, comme les diarrhées et l'amaigrissement des animaux. Cependant, les formes sub-cliniques de l'infestation sont tout autant, voire plus, préoccupantes. « Les animaux sont en bonne santé apparente, mais le niveau de parasitisme impacte négativement les performances en matière de croissance, engraissement ou production laitière », précise Alexandre Servera, vétérinaire rural à Saint-Hilaire du Harcouet (50). Par ailleurs, comme le souligne Anne Barbier-Bourgeois, vétérinaire membre de la commission parasitologie du SNGTV, « un animal parasité se défend moins bien contre les maladies infectieuses. Il y a risque d'association de malfaiteurs ».

Poser les bases de l'immunité

Des éléments qui vont dans le sens de la lutte contre les parasites internes. D'autres enjeux sont, cependant, à prendre à compte. Le premier, c'est l'arme naturelle des bovins, leur immunité. Si celle-ci se construit bien, au cours des premiers contacts entre les deux protagonistes, les bovins sont capables d'éviter que les parasites n'affectent leur santé ou leur productivité. C'est la raison pour laquelle les animaux adultes sont en général moins sensibles et développent moins d’effets négatifs en présence de parasitisme.

De nombreux paramètres influent sur la mise en place de l’immunité. D'une manière générale, de jeunes bovins en bonne santé, bien nourris, exposés à une population de parasites d’un niveau raisonnable, développent efficacement leur immunité. C'est donc particulièrement au niveau du pré-troupeau que les arbitrages doivent s’opérer, pour trouver le juste équilibre entre la nécessité de laisser l’immunité naturelle se construire et le risque de voir la croissance de jeunes animaux être altérée.

Ne pas engendrer de résistances

Un autre élément est à intégrer pour élaborer une stratégie de protection antiparasitaire : le risque de développement de résistances. Au même titre que les bactéries peuvent devenir résistantes aux antibiotiques, les parasites développent des parades réduisant d’autant le nombre de molécules efficaces contre eux. En effet, si chaque nouvelle génération de parasites, alors qu’ils se reproduisent rapidement, se trouve confrontée aux molécules antiparasitaires, les survivants seront ceux ayant acquis la capacité de leur résister. Capacité qu’ils vont transmettre à leurs descendants, engendrant à terme des populations entièrement résistantes.

Les pratiques à risque, qui sont propices au développement des résistances, ne sont pas rares :

Il est important de les éviter et adopter d’autres pratiques plus adaptées.

Préserver la biodiversité prairiale

Enfin, le dernier facteur à considérer est le risque environnemental. « Certaines molécules antiparasitaires se retrouvent dans les bouses où elles conservent tout ou partie de leurs propriétés biocides. Elles représentent alors un danger pour la microfaune des écosystèmes prairiaux, notamment les coléoptères coprophages », décrit Anne Barbier-Bourgeois. Le retrait en 2003 de l'autorisation de mise sur le marché d'antiparasitaires sous forme de bolus a constitué une première prise de conscience de ces effets.

Pour toutes ces raisons, la gestion du parasitisme chez les bovins ne peut plus consister en un traitement systématique et de manière uniforme. Des approches sélectives émergent au service de l’animal comme de l’éleveur, et de leur environnement, pour que chacun y trouve son compte.

 

 

 

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement