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L’appel des industriels pour une brique de lait à 1 €, au moins

Les industriels pointent une hausse de 4 % en un an de leurs frais d’exploitation et d’emballages. Ils devraient continuer à augmenter selon eux. « Nos efforts de productivité et les hausses tarifaires négociées ne suffisent pas à y faire face », affirment Romain Deurbergue (à droite) et Emmanuel Wasseneix, lors d'une conférence de presse le 15 mai à Paris. Ils sont respectivement président de Syndilait et de l’Institut professionnel du lait de consommation.

Pour assurer la pérennité de leurs outils, les fabricants de lait liquide ont besoin d’investir un milliard d’euros d’ici à 2030. Son financement passe par une brique de litre de lait UHT demi-écrémé à 1 € dans les rayons des premiers prix.

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La consommation de lait liquide globalement se maintient : 2,691 milliards de litres l’an passé contre 2,699 milliards en 2023, soit -0,3 %. Les ventes en restauration hors foyer, qui renouent avec les années pré-Covid, compensent la baisse structurelle constatée en grandes et moyennes surfaces (GMS) depuis une dizaine d’années. En 2024, leurs rayons enregistrent un recul des ventes de 2,3 %, à 2,2 milliards de litres, pour un chiffre d’affaires de 2,8 milliards d’euros (-0,8 %). Il s’agit à 96,5 % du lait UHT à majorité en lait demi-écrémé (voir en détail dans l’encadré ci-dessous)

« La consommation de lait au petit déjeuner recule. De plus en plus d’enfants le sautent, souvent dans les milieux défavorisés », analyse Romain Deurbergue, président de Syndilait, lors d'une conférence de presse le 15 mai à Paris. Syndilait rassemble les industriels de ce secteur (à l'exception de Lactalis). Il est également directeur général de Candia (Sodiaal).

40 M€ par an pour l’entretien

Les entreprises financent chaque année en moyenne 40 M€ pour la maintenance et l’entretien de leurs sites. Ce n’est pas suffisant, selon elles, pour assurer leur pérennité. Elles mettent en avant une hausse de 4 % en un an des frais d’exploitation et d’emballage. « Nos efforts de productivité et les hausses tarifaires négociées ne suffisent pas à y faire face », affirme Emmanuel Wasseneix, président de l’Institut professionnel du lait de consommation (IPLC), qui, lui, rassemble tous les opérateurs, y compris Lactalis, pour notamment garantir un autocontrôle des fabrications. Emmanuel Wasseneix est également PDG de la Laiterie Saint-Denis-de-L’Hôtel. À cause d’un sous-investissement chronique, les deux dirigeants évoquent même le déclenchement de plans d’alerte et de retrait de produits et le reproche par les enseignes de distribution d’un taux de service qui n’est pas à la hauteur de leurs attentes. Leurs fédérations estiment à un milliard d’euros l’enveloppe nécessaire d’ici à 2030 pour renouveler les outils, abaisser leur consommation d’eau et d’énergie, diminuer la part du plastique dans les emballages, les recycler et faire face à l’évolution de la réglementation européenne et française. « Nous n’avons pas dégagé de marges suffisantes ces dernières années pour réinvestir », reprend Emmanuel Wasseneix. « L’idéal est un âge moyen de dix ans des amortissements de lignes de conditionnement. Il est au-delà aujourd’hui », complète Romain Deurbergue.

Industriels sous pression

Pour Syndilait et l’IPLC, il faut augmenter le prix de la brique de lait UHT demi-écrémé vendue dans les rayons des premiers prix (sans bouchon) à 1 euro le litre, contre 94 centimes en 2024. Le prix moyen du litre de lait UHT demi-écrémé, lui, s’élève à 1,09 € en 2024.

Ces six centimes supplémentaires auront un effet vertueux sur le prix des marques des distributeurs (MDD) et des marques nationales. Les premiers prix occupent 26 % des volumes en magasins, les MDD, 40 % et les marques nationales 34 %. « Les négociations menées actuellement avec les GMS sur les premiers prix et les MDD sont plus que compliquées, assure Emmanuel Wasseneix. Elles arguent une baisse du prix de l’énergie depuis deux ans. » Et le PDG de la Laiterie Saint-Denis-de-L’Hôtel d’ajouter : « Les industriels sont comprimés. D’un côté, le prix du lait payé aux producteurs augmente — ce qui est une bonne chose —, tout comme celui de l’électricité annoncé entre + 15 € et + 20 € le megawatt-heure au 1er janvier 2026. De l’autre, la grande distribution hyper concentrée met une pression sur les prix. Cela sert les intérêts du gouvernement qui ne veut pas que le pouvoir d’achat soit entaché. »

Les consommateurs d’accord

Pour les opérateurs, leur demande d’un litre de lait à 1 € sur le segment des premiers prix n’est pas irréaliste. Selon un sondage du CSA pour le Cniel, 63 % des Français savent que le lait n’est pas cher et accessible à tous et 74 % sont prêts à payer quelques centimes de plus pour mieux rémunérer les producteurs. Message entendu cinq sur cinq par la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) qui, dans un communiqué de presse, salue la « communication offensive de Syndilait qui correspond à l’esprit filière que nous défendons. Nous attendons maintenant de pouvoir travailler à une valorisation de l’origine France au sein de l’interprofession laitière », ajoute la branche lait de la FNSEA.

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