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La dégradation de la conjoncture menace le prix du lait

Les prix soutenus encouragent les éleveurs à produire davantage de lait.

La production laitière est repartie en Europe, comme aux États-Unis, et la cotation du beurre fléchit. En France, Lidl relance la guerre des prix. La coopération, Sodiaal en tête, maintient sa volonté de se battre pour les prix payés aux éleveurs.

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Il fallait s’y attendre, les prix soutenus encouragent les éleveurs à produire davantage de lait. La dynamique se confirme depuis plusieurs mois, de l’Union européenne (UE) aux États-Unis en passant par l’Argentine ou le Royaume-Uni. En France, la collecte a progressé de 2,7 % sur les sept premiers mois de l’année en Bretagne et de 1,8 % en Normandie. Sodiaal et Lactalis ne voient pas encore l’impact de la FCO dans ces régions. En revanche, les livraisons accusent une baisse dans l’Est touché plus tôt par cette maladie.

Revers de la médaille, les cotations de la poudre et du beurre reculent.

Or elles entrent dans la plupart des formules de calcul du prix du lait. Les experts anticipent également une baisse du prix du lait en Allemagne en fin d’année, celui-ci étant aussi un indicateur pour calculer les prix français.

Ouverture du marché européen

Par ailleurs, la guerre des prix semble se durcir en France entre les grandes enseignes. Lidl, qui a perdu beaucoup de clients, est clairement à l’offensive. Leclerc riposte. Chez Laïta, un gros faiseur d’emmental, l’arrivée de fromages allemands, moins chers, dans les rayons, illustre ce retour de la guerre des prix. « On voit aussi que l’instabilité crée de l’inquiétude et incite à épargner plutôt qu’à consommer », constate Christophe Miault, président de la commission lait chez Terrena.

Enfin, les États-Unis sont devenus exportateurs nets de beurre alors qu’ils étaient traditionnellement acheteurs. La hausse des livraisons de lait dans le pays s’est accompagnée d’une amélioration notable du TB. En septembre, le ministère de l’Agriculture (USDA) a revu à la hausse ses prévisions de production laitière pour les prochains mois tout en accentuant celles concernant la baisse enclenchée des prix à la production. Le récent accord commercial UE-États-Unis prévoit d’améliorer l’accès au marché européen de certaines denrées, dont les produits laitiers, via des contingents tarifaires sans droits de douane qui devront être validés par le Parlement européen. « Pour notre filière, ces contingents sont plus inquiétants que les droits de douane à 15 % », note François- Xavier Huard, président de la Fédération natioanle de l'industrie laitière (Fnil).

Et puis, il ne faut pas oublier l’accord récent signé avec la Nouvelle-Zélande et déjà mis en application. Ce pays est devenu en 2025 le premier fournisseur de beurre de l’UE avec 11 600 tonnes au premier semestre.

Dans ce contexte qui se dégrade, Jean-Michel Javelle, président de Sodiaal, a tenu à réaffirmer, lors du Space, sa volonté de défendre les prix pour les éleveurs. « La souveraineté laitière de la France se joue aujourd’hui. Les éleveurs n’ont pas à payer la guerre des prix entre distributeurs. » Il estime que les producteurs, comme les industriels, ont un retard d’investissement à combler. « Il y a eu trop d’années difficiles. Si le prix ne tient pas, il sera impossible d’investir dans la compétitivité. »

La Fnil affiche aussi sa volonté de faire valoir les niveaux de coûts de production des éleveurs et des transformateurs lors des prochaines négociations. Mais, du fait du développement de centrales d’achat européennes, ce sont désormais 4 Mdl de lait transformés par ses membres qui échappent à Égalim.

Pour l’heure, personne ne parle de retournement de tendance. Mais force est de constater que les motifs d’inquiétude s’accumulent.

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