« Revalorisons la matière grasse et protéique du lait », martèle la FNPL !
C'est un sujet que porte la FNPL depuis plus d'un an auprès des industriels et coopératives : revaloriser les grammes différentiels de matière grasse et de matière protéique. Pour Gilles Durlin, vice-président, il y a urgence : « il va vraiment falloir que ce sujet-là puisse enfin être évoqué et aboutisse au niveau des Criel ».
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Gilles Durlin, éleveur du Pas-de-Calais et vice président de la FNPL en charge des dossiers économiques, s'exprime dans une vidéo postée sur la chaîne Youtube du syndicat : « Depuis trop longtemps, la rémunération des grammes différentiels de matière grasse et de matière protéique du lait n'a pas bougé. Elle est figée sur des grilles d'un autre temps, à l'époque où le lait se négociait sous la barre des 300 €/1000 l. Aujourd'hui, alors que le prix du beurre explose, que la France importe massivement de la matière grasse (près d'1,5 milliard d'euros de beurre chaque année !), les éleveurs continuent d'être payés sur des bases obsolètes qui ne reflètent ni la réalité économique, ni l'effort de production, ni l'intérêt stratégique de la filière. »
« Ça n'a pas bougé depuis une quinzaine d'années ! »
« Ces grilles régionales n'ont pas évolué depuis 15 ou 20 ans dans la plupart des bassins. Résultat : les grammes différentiels au-delà des standards 38/32 sont rémunérés à un prix dérisoire. Parfois 3 fois inférieur à la valeur réelle du marché !
Produire plus de matière grasse n'est pas rentable pour les éleveurs, alors même que la filière en manque réellement. Pire : les industriels n'auraient pas d'objectif de produire davantage de matière grasse en France. Ils se contenteraient de compenser le déficit français à l'importation et de surcroît d'engranger à leur profit la valorisation exceptionnelle qu'ils font sur la matière grasse produite actuellement par les producteurs. »
Les industriels font leur beurre sur le dos des producteurs
« Face à cette évidence, les industriels, notamment privés, opposent une fin de non-recevoir à toute tentative de renégociation. Pire, ils brandissent la menace d'entrave à la concurrence pour bloquer tout débat dans les Criel, alors même que la loi reconnaît l'utilité de ces grilles pour la qualité du lait. Cette posture de blocage qui consiste à se réfugier derrière les prétendus risques juridiques n'a qu'un but : maintenir une répartition inéquitable de la valeur au détriment des producteurs. »
Un enjeu de souveraineté
« Le déficit en matières grasses n'est pas qu'un problème de rémunération. C'est un enjeu de souveraineté pour la filière laitière française. Depuis 2017, la France n'est plus autosuffisante en matière grasse. Si rien n'est fait, la dépendance aux importations va s'aggraver et exposer toute la filière aux aléas des marchés internationaux et à la volatilité des prix du beurre et de la crème. Le prix de la galette des rois n'en finira plus d'atteindre des sommets, ce qui en fera un produit de luxe ! »
« On attend un sursaut des coopératives »
« Il est urgent de revaloriser la rémunération des grammes différentiels de matière grasse et protéique en cohérence avec la réalité des marchés et avec les besoins de la filière. Mais que la production française, la souveraineté alimentaire et la balance commerciale de notre pays ne soient pas une priorité des industriels, ce n'est plus un secret. On le sait. Ils veulent engranger...
En revanche, j'en appelle à un sursaut de nos coopératives car elles veulent, avec les producteurs, produire, collecter du lait français de leurs éleveurs, et inciter à produire en quantité et en qualité. C'est un combat que nous devons mener ensemble, coopératives et producteurs. Cette revalorisation doit être discutée dans chaque Criel sans tabou ni prétexte juridique. Les éleveurs ne sont pas dupes : ils voient bien que la valeur de leur travail n'est pas reconnue à sa juste mesure. Il est temps de sortir du blocage, de rééquilibrer la répartition de la valeur et de donner enfin un signal prix incitatif à la production de matière grasse et protéique. Assez de mauvaise foi, place au travail ! La FNPL ne lâchera rien sur ce combat. »
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