fabriqué en Normandie Donner de la valeur au lait : le camembert ouvre le débat
Sortir de la confusion entre le camembert « de » et « fabriqué en » Normandie va obliger les éleveurs normands à réfléchir à la valorisation de leurs pratiques.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Les producteurs ont un trésor entre leurs mains : la confiance des consommateurs. Selon ces derniers, ils sont les mieux placés pour garantir la qualité des produits laitiers (p. 24). D’ailleurs, les industriels ne s’y trompent pas. Leur communication met souvent en avant le travail des producteurs ou le terroir… que les éleveurs façonnent. « Il faut dépasser le stade du minerai que représente le lait pour les transformateurs, insiste Patrick Ramet, ex-vice-président de la FNPL, dans son tour de « France, Terre de lait, Terre d’avenir » (n° 253, p. 26). Les producteurs ont les cartes en main pour créer de la valeur ajoutée fondée sur la mise en avant de leurs pratiques. » Pour lui, cela passe par un cahier des charges garanti auprès des consommateurs par des contrôles.
Vers un cahier des charges
Le camembert est déjà dans le vif du sujet. Sous la pression de l’Inao, la filière normande réfléchit à une porte de sortie pour le camembert « fabriqué en Normandie » (lire l’encadré). L’appellation d’origine camembert de Normandie lui reproche d’entretenir la confusion à ses dépens alors qu’il est soumis à moins de contraintes. « Il faut en sortir », confirme Jean-Luc Dairien, directeur de l’Inao. Les deux scénarios aujourd’hui sur sa table intégreront inévitablement un cahier des charges pour la production du lait. Le premier scénario est une indication géographique protégée sur le lait (IGP lait). L’intérêt : il pourra être transformé en camembert mais aussi en d’autres produits. C’est ce qui séduit les producteurs représentant la FRSEA et la race normande (OSN).
Le camembert de Normandie fixe un ultimatum au 1er mai
Pour l’OSN, c’est même une opportunité pour défendre la normande. Elle veut présenter un projet d’IGP lait dans ce sens. L’inconvénient : ce sera plus compliqué pour les industriels de communiquer sur l’origine normande de leurs produits.
Le second scénario, une IGP sur le camembert, le permettra mais sous quel nom ? « La difficulté sera de se mettre d’accord sans retomber dans la confusion », dit Jean-Luc Dairien. Dans les deux cas, quel niveau d’exigences accepteront les éleveurs concernés pour créer de la valeur ajoutée ? Patrick Ramet le dit autrement : « Les contraintes ne font pas la valeur ajoutée, c’est la promesse faite aux consommateurs, et qu’il faut tenir. » Un débat pas simple qui va demander du temps. Dans l’immédiat, les producteurs sous AOP jugent les discussions sur les deux IGP trop lentes. Ils ont pesé dans le mandat donné à l’AOP pour « que l’administration fasse son travail avant le 1er mai ». Au-delà, l’AOP pourrait saisir la justice.
Claire HuePour accéder à l'ensembles nos offres :