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[Décryptage] Projet de loi EGA Les députés vont-ils « inverser la construction du prix » payé aux éleveurs ?

Les députés examinent jusqu'au mardi 30 mai le projet de loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire. Ils ont à étudier près de 2 400 amendements. (©Assemblée nationale)

Depuis mardi 22 mai, les députés examinent le projet de loi issu des Etats généraux de l’alimentation censé permettre de meilleurs prix aux éleveurs. Que contient la version du projet de loi en matière de contractualisation ? Les parlementaires doivent poursuivre leur marathon agricole jusqu’au mardi 29 mai.

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C’est un marathon législatif que les députés ont entamé mardi 22 mai. Très attendu par le monde agricole en général et l’élevage en particulier, mais aussi par tous les acteurs de la chaîne alimentaire, les parlementaires ont démarré l’examen du projet de loi sur l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire. D’ici mardi 29 mai, y compris le week-end prochain, ils doivent débattre et adopter – ou non – près de 2 390 amendements.

Que contient vraiment le projet de loi ? Prévoit-il vraiment l’inversion de la construction des prix, promise par le chef de l’État ? Voilà les principaux points à retenir.

Le cadre de la contractualisation entre le producteur, l’acheteur et l’OP

L’article 1 du projet de loi précise d’abord les modalités de contractualisation entre un producteur et son premier acheteur, et le rôle des OP.

« Lorsque le producteur a donné mandat à une organisation de producteurs (OP) reconnue ou une association d’organisation de producteurs (AOP) », le contrat écrit entre le producteur et l’acheteur doit être conforme à l’accord-cadre écrit négocié entre l’OP ou l’AOP et l’acheteur. « La proposition de contrat ou d’accord-cadre écrit est le socle unique de la négociation. Tout refus de la proposition de contrat ou d’accord-cadre écrit par le premier acheteur ainsi que toute réserve sur un ou plusieurs éléments de cette proposition doivent être motivés et transmis à l’auteur de la proposition. »

Selon le texte, le contrat ou l’accord-cadre écrit doivent « a minima », comporter des clauses relatives :

Les critères et modalités de détermination du prix

Les critères et modalités de détermination du prix mentionnés ci-dessus « prennent en compte » :

« Les parties peuvent utiliser tous indicateurs disponibles ou spécialement construits par elles. Ces indicateurs reflètent la diversité des conditions et des systèmes de production. »

L’accord-cadre doit par ailleurs préciser :

Les députés ont précisé que le mandat de facturation donné à un tiers ou à l’acheteur « ne peut pas être lié au contrat ».

Durée du contrat

Les contrats et accords-cadre écrits sont prévus pour une durée de trois ans renouvelable par tacite reconduction. Un bilan entre les parties doit être réalisé « au plus tard trois mois avant l’échéance du contrat ou de l’accord-cadre pour en évaluer la bonne exécution ».

Pour les agriculteurs nouvellement installés ou ayant démarré une nouvelle production depuis moins de cinq ans, le contrat ne peut être résilié avant le terme de la période minimale de trois ans « sauf en cas d’inexécution  par le producteur ou cas de force majeure ».

Sanctions

L’article 2 du projet de loi explique qu’est « passible d’une amende administrative, dont le montant ne peut être supérieur à 75 000 €  par an » le non-respect par l’une ou l’autre des parties, des règles instaurées par le texte. Une amende est notamment prévue si un acheteur venait à imposer des clauses de retard de livraison supérieures à 2 % de la valeur des produits livrés.

Médiation

L’article 4 rappelle que tout litige dans l’exécution d’un contrat ou d’un accord-cadre doit faire l’objet d’une procédure de médiation confiée au médiateur des relations commerciales agricoles « sauf si le contrat en dispose autrement ».

Échanges entre OP

En matière d’échanges d’informations, les députés ont prévu que les OP ou AOP non commerciales peuvent « afin d’assurer la programmation de la production et son adaptation à la demande, procéder à  des échanges d’informations stratégiques, notamment en élaborant et en diffusant des données statistiques agrégées, des indicateurs ou des analyses prévisionnelles relatifs, en particulier, aux coûts de production, aux prix ou aux volumes. »

Publication des comptes

En matière de transparence, le nouvel article 5 quinquies précise que les transformateurs et distributeurs ont l’obligation de déposer régulièrement leurs comptes. Dans le cas contraire, « le président du tribunal de commerce adresse à la société une injonction de le faire à bref délai », sous astreinte dont le montant ne peut dépasser 2 % du chiffre d’affaires journalier par jour de retard à partir du délai fixé par l’injonction.

Les domaines que le Gouvernement peut régir par ordonnance

Dans l’article 8 modifié, les députés autorisent le Gouvernement à prendre des ordonnances dans un délai de 6 mois pour diverses mesures concernant :

Le Gouvernement pourrait aussi prendre, dans les 4 mois, des ordonnances concernant :

Les dénominations animales interdites pour les produits végétaux

Les députés renforcent la loi concernant l’usage des dénominations associées aux produits d’origine animale. Ces dénominations ne pourront être utilisées « pour commercialiser des produits alimentaires contenant une part significative de matières d’origine végétale ».

Bien-être animal

En matière de bien-être animal, le projet de loi laisserait 18 mois au Gouvernement pour déterminer « les évolutions souhaitées et les réalisations concrètes des volets relatifs au bien-être animal prévus par les plans de filière ».

Dérogation pour les abattoirs mobiles

Le projet de loi ouvre la voie à l’expérimentation pour une durée de quatre ans, des dérogations sont possibles pour les abattoirs mobiles en ce qui concerne les prescriptions relatives aux moyens tels que la configuration, la construction et l’équipement des abattoirs.

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