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Abattoirs normands Aim Sombre audience en vue jeudi

Caen, 17 mars 2015 (AFP) - La justice examine jeudi le sort des abattoirs en difficulté Aim, qui emploient 590 personnes en France, mais dont le principal site, à Sainte-Cécile (Manche), ne fait toujours l'objet d'aucune offre.

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A deux jours de l'audience prévue à 14h30 au tribunal de commerce de Coutances, le seul espoir des salariés de cet abattoir de plus de 350 personnes (375 selon les syndicats) résidait mardi dans la création à l'étude d'une coopérative ouvrière. « On va déposer un projet de Scop (société coopérative ouvrière de production) mais il ne sera pas finalisé d'ici à jeudi, donc il y aura des clauses suspensives », explique à l'Afp Sébastien Lafon, délégué Cfe-Cgc de Sainte-Cécile.

Pour donner une chance à ce projet, les salariés ont repris le travail le 11 mars après presque trois semaines de grève. « On augmente peu à peu notre volumétrie d'abattage, on est à 600 porcs abattus par jour » (contre 10.000 à 13.000 par semaine avant la cessation de paiement), précise Sébastien Lafon. Interrogée par l'Afp, la direction a confirmé la reprise de l'activité.

S'il aboutit, le projet de Scop, qui ne reprendra pas tous les salariés, aura le soutien du département de la Manche et de la Région via la société d'économie mixte créée en 2013 pour aider Aim et dont le capital a été augmenté en janvier. Selon Sébastien Lafon, l'administrateur judiciaire va demander la liquidation avec poursuite d'activité, ne serait-ce que pour permettre aux Ags (régime de garantie des salaires) de payer les salaires. Cela n'empêchera pas le tribunal de se prononcer jeudi ou ultérieurement sur la Scop et sur les offres déposées en février sur l'autre principal site d'Aim, l'abattoir d'Antrain (Ille-et-Vilaine) où travaillent 179 personnes. Celui-ci fait l'objet de deux offres qui doivent, sauf nouveau report, être examinées jeudi, l'une reprenant 71 personnes, l'autre 107.

Deux offres mort-nées

Sainte-Cécile de son côté a, à deux reprises en moins de trois semaines, vu poindre des offres qui ont fini par tomber à l'eau. Le 18 février, une petite entreprise de l'agglomération caennaise, Declomesnil, avait déposé une projet prévoyant la reprise de 118 salariés avant de le retirer quatre jours plus tard. Puis, lors d'une table ronde au ministère de l'Agriculture le 26 février à Paris, les administrateurs avaient fait état d'une « piste sérieuse », qu'ils avaient confirmée devant le tribunal le 6 mars. Mais le candidat, qui avait requis l'anonymat, a jeté l'éponge trois jours après.

Les salariés de Sainte-Cécile s'étaient mis en grève le 18 février car ils reprochaient à leur actionnaire et fournisseur principal, la coopérative Cap 50, de vendre son porc trop cher. Les éleveurs ont pris depuis l'engagement de ne pas pratiquer des prix dissuasifs pour un éventuel repreneur. Mais le parquet de Coutances a ouvert le 24 février une enquête préliminaire après avoir reçu un courrier de la Cfdt accusant Cap 50 d'avoir fait perdre 22 millions d'euros en quatre ans à Aim en l'obligeant à acheter du porc plus cher qu'elle ne pouvait le revendre. La direction dément et rappelle que la production porcine est en crise continue depuis 2008.

Une assemblée générale était prévue mardi soir à Sainte-Cécile au sujet d'un éventuel rassemblement jeudi devant le tribunal, selon Sébastien Lafon.

Aim est l'un des derniers abattoirs indépendants de la grande distribution en France. Créée en 1956 et rachetée en 2003 par Cap 50, l'entreprise est détenue à 64 % par la coopérative et à 34 % par le groupe d'aliments pour bétail Jdis. Elle a réalisé un chiffre d'affaires de 246,7 millions d'euros en 2013. La société possède aussi des antennes à Dangy, Saint-Lô (Manche), Bernay (Eure) et Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), de 5 à 24 employés chacune, qui ne font l'objet d'aucune offre de reprise.

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