Gaec de la Pionnière, Maine-et-Loire « Avec ce parc agrivoltaïque, on va consolider notre exploitation laitière »
À Mauges-sur-Loire (Maine-et-Loire), un projet agrivoltaïque prévoit de faire pâturer des génisses sous 30 hectares de panneaux photovoltaïques. Pour le Gaec de la Pionnière, c’est l’occasion de consolider l’exploitation et développer l’élevage. Le projet se heurte toutefois à une résistance locale.
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Ce projet, ce n’est pas lui qui l’a lancé mais le propriétaire de ses terres. Mais chemin faisant, Emanuel Gabory y a vu un intérêt et s’y est donc rallié. L’histoire commence à l’été 2021 quand l’un des propriétaires, en vacances dans le coin, frappe à sa porte : « On a un projet, installer des panneaux solaires dans les champs à la place de l’îlot d’acacias que l’on a mis en place pour produire du bois de chauffe », lui annonce-t-il. Le propriétaire a besoin, pour son projet, de reprendre une parcelle attenante de cinq hectares de maïs, drainée et irriguée, exploitée par Emmanuel Gabory et ses deux autres associés du Gaec de la Pionnière.
L’éleveur se donne le temps de réfléchir et un an après, le propriétaire revient à la charge, accompagné d’un représentant de la société belge Ether énergy qui expose techniquement le projet. « Ils ont mis en avant l’intérêt agricole, à partir de là on s’est interrogé sur l’intérêt qu’on pourrait y trouver pour l’exploitation. » Nouvelle année de réflexion, quelques allers – retours, et un pré-contrat est scellé à l’été 2023.
Développer l’exploitation sans investir
Le projet prévoit aujourd’hui de faire pâturer 20 à 30 bovins sous des panneaux photovoltaïques sur une parcelle de 30 ha. Celle-ci sera entièrement aménagée : parc de contention, abreuvement, clôtures, passages pour les animaux. Ce sont les génisses jusque-là élevées en bâtiment, qui y prendront place. « Les mettre au pâturage sous des panneaux photovoltaïques, à l’ombre, cela nous paraît pas mal », se dit l’éleveur.
Et puis surtout, sortir les génisses permet aux trois associés du Gaec de dégager de l'espace dans ce bâtiment de 180 places. Ils pourront y ajouter 55 vaches et installer un troisième robot de traite sans avoir besoin de construire une extension. « C’est une aubaine ! Sans investir, on gagne en productivité, on peut avoir une rentabilité super intéressante, se réjouit Emmanuel Gabory. On se dit que cela peut être attractif pour accueillir un jeune. » Deux des trois associés du Gaec de la Pionnière ont plus de 50 ans.
Les panneaux photovoltaïques, qui produiront 18 000 MWh/an (soit la consommation de plusieurs milliers de foyers), seront installés sur les deux tiers de la parcelle de 30 ha. 8 ha d’acacias seront conservés. Les trackers, d’une hauteur minimale de 2 m suivront le soleil : orientés à l’est le matin, à l’ouest le soir. L’espacement de 11 m entre les rangées (6,50 m lorsque les panneaux sont au plus proche) permet ainsi le passage d’engins agricoles.
750 € pour le fermier, 2 000 € pour le propriétaire
Le Gaec sera rémunéré pour l’entretien de la parcelle. Une convention imposera une obligation d’activité agricole, en l’occurrence la mise au pâturage de lots de génisses. « Il y aura un chargement minimum car l’idée n’est pas de faire de l’écopâturage, et tout sera contrôlé par les services de l’État », certifie Thibault Hochart, codirecteur développement chez Ether energy. L’énergéticien prévoit une rémunération de 750 €/ha/an, un montant prévu pour évoluer en fonction de l’inflation. « C’est plus qu’un dédommagement !, se réjouit Emmanuel Gabory. Et la différence se fait aussi sur l’élevage de mes génisses, qui vont me coûter beaucoup moins cher. » Par ailleurs, le Gaec n’aura plus à payer de fermage (entre 150 et 180 €/ha/an).
Le propriétaire des terres, lui, jouira d’une rémunération particulièrement confortable : 2000 €/ha/an.
Un projet fraîchement accueilli localement
Le parc ne devrait pas voir le jour avant fin 2027. Le permis de construire et les études d’impact devraient être déposés dans les semaines à venir. Ensuite, les services de l’État rendront un avis, cette phase peut prendre près d’un an. Puis, le dossier sera soumis à enquête publique pendant deux mois. Enfin, le commissaire enquêteur rendra son avis. Au mieux, le parc agrivoltaïque pourrait voir le jour à l’été ou fin 2027.
Mais il reste de nombreuses incertitudes. Le projet semble pour l’instant accueilli plutôt froidement par l’équipe municipale de Mauges-sur-Loire. « Les élus ne sont pas très réceptifs », euphémise Thibault Hochart. Et puis surtout, le dossier se heurte à quelques oppositions locales. Champ magnétique, usage agricole des parcelles, modification du paysage… sont autant de questions suscitées par le projet.
Face à la crainte que la parcelle ne serve plus qu'à la production d'électricité, Thierry Hochart explique : « il y a des garanties dans le contrat. On ne paye plus de loyer au Gaec s’il n’y a plus d’exploitation agricole sur la parcelle. »
Emmanuel Gabory, balaie toutes les objections d’un revers de main : « Je suis content de ne pas faire partie des éco-anxieux, d’être ouvert à des démarches comme ça. Notre mode de production va devoir changer à l’avenir, on doit s’adapter constamment. »
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