« Comment remédier à la baisse des taux au pâturage ? »
Tous les ans, au pâturage, je constate une baisse du TP et du TB. Ils vont jusqu’à descendre sous les 32 et 38 g par litre, ce qui génère des pénalités de paiement du lait. Son prix étant encore bas, comment faire pour au moins les stabiliser ? Un éleveur du Calvados
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Réponse de l’expertstrong
La baisse des taux protéique et butyreux est un phénomèneque l’on constate classiquement pendant la saison de pâturage. Elle est attribuée à l’allongement des jours mais ce n’est pas la seule raison. Elle est due à la composition de l’herbe pâturée (TB) ou à une ration plus ou moins énergétique (TP).
Que faire contre la baisse du TB ?
L’herbe est riche en acides gras insaturés, à raison de 40 à 50 g/kg de MS. Or, ces acides gras inhibent la flore cellulolytique du rumen, avec une moins bonne digestion de la cellulose et, à la clé, une baisse de fabrication d’acide acétique, qui est un précurseur de la matière grasse (MG) au niveau de la mamelle. Conséquence : le TB diminue.
Mon conseil : si la ration contient d’autres sources de MG non protégée telles que les graines de lin ou l’huile de palme brute, les retirer pour abaisser sa teneur en MG.
La richesse en sucre de l’herbe provoque une baisse progressive du pH ruminal, ce qui perturbe la flore cellulotytique et s’accompagne d’une baisse de production d’acides acétiques.
Mon conseil : en cas de complémentation énergétique, réduire, voire supprimer, les concentrés énergétiques à amidon rapide tels que le blé, l’orge et le triticale, et les remplacer par 1 à 2 kg de pulpes de betteraves déshydratées ou de coques de soja, à parois digestibles. Ils favorisent les acides acétique et butyrique, tous deux précurseurs de la MG.
Il est possible également d’apporter 200 à 250 g par vache de bicarbonate de soude ou de levure pour limiter la baisse du pH ruminal.
L’herbe manque de structure, ce qui pénalise la rumination des vaches.
Mon conseil : s’il y a une complémentation sous forme d’une ration mélangée (maïs-ensilage), maintenir la fibrosité de la ration en apportant 0,5 à 1 kg/vache de paille ou de foin. Il est recommandé de la distribuer avant la traite du soir pour favoriser l’ingestion d’herbe au pâturage. Si la ration est composée uniquement d’herbe fraîche, apporter 1 à 2 kg de foin à l’auge après la traite du matin. Il stabilisera le fonctionnement du rumen et limitera la baisse des taux.
Que faire contre la baisse du TP ?
Une baisse du TP est souvent liée à un déficit énergétique. Elle se traduit par un amaigrissement des vaches et par une hausse du taux d’urée (plus 350 mg/l sur deux à trois analyses successives de lait) s’il y a un manque d’amidon ruminal. Cela se passe surtout en été, quand la pousse de l’herbe ralentit.
Mon conseil : un complément de maïs-ensilage est souvent associé à l’herbe pâturée. Vérifier la qualité de l’herbe offerte : part des légumineuses dans la prairie, graminées épiées ou non. Ensuite, s’assurer qu’elle est en quantité suffisante. C’est le cas à partir de 8 cm de hauteur d’herbe. Dans le cas contraire, il faut augmenter la surface à pâturer ou l’apport de fourrages à l’auge en s’assurant que la couverture azotée n’est pas limitante. On utilise pour cela trois repères :
- à partir de 5 kg de matière sèche de maïs-ensilage, on corrige la ration par 200 g de tourteau de soja/kg de MS de maïs-ensilage ;
- le taux d’urée est supérieur à 200-250 mg/l ;
- on surveille la digestion de la ration à partir des bouses.
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