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Alimenter La taille du paddock n’affecte pas les performances

Pâturage tournant. L’efficacité technico-économique du troupeau conduit en pâturage tournant ne dépend pas du temps de présence dans les paddocks, mais de l’équilibre entre l’ingestion par vaches et la valorisation de l’herbe disponible.

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En matière d’organisation du pâturage tournant, on retrouve sur le terrain une grande diversité de pratiques : du paddock d’un jour, une technique très tendance venue d’Irlande, en passant par le paddock plus traditionnel de trois ou quatre jours, jusqu’au paddock de dix jours, mis en œuvre à la ferme expérimentale du Pin-au-Haras (Orne). Bien sûr, à chargement égal, plus le temps de présence est court, plus les paddocks seront petits et multiples. C’est pourquoi le choix de l’éleveur dépend le plus souvent de la structure du parcellaire et de la disponibilité de la main-d’œuvre.

En revanche, la recherche de performances n’est pas un facteur discriminant pertinent. « Qu’il s’agisse d’élevages bovin, ovin ou caprin, toutes les études comparatives montrent qu’il n’y a pas de différences en matière de performances laitières entre ces différentes pratiques. L’hypothèse retenue étant que la prairie s’adapte aux conditions d’exploitation  », rappelle Rémi Delagarde, ingénieur en alimentation des vaches laitières au pâturage, à l’Inra.

Pâturer ras et accepter les fluctuations de lait

La réussite technico-économique du pâturage repose en fait sur la capacité à trouver le bon compromis entre le niveau d’ingestion par vache et la valorisation de l’herbe disponible. En effet, la règle pour nourrir une vache à volonté est qu’il doit rester des refus. Or, au pâturage, laisser des refus a un coût : cela influe sur la qualité des repousses et amène à sous-valoriser un fourrage de qualité à bas prix. « L’intérêt économique consiste à laisser le temps aux vaches de râper le paddock et à accepter en parallèle une baisse modérée de lait au tank, liée à une ingestion plus restreinte, explique le chercheur. Autrement dit, il est toujours plus intéressant de chercher à optimiser le lait par hectare que le lait par vache. Dans cette logique, le bon compromis correspond à une entrée du troupeau dans le paddock avec une hauteur d’herbe comprise entre 10 et 12 cm, pour le sortir à une hauteur de 4,5 à 5 cm ».

Dans un petit paddock d’une journée, à l’instar du pâturage au fil, les vaches mangent en un passage l’herbe mise à leur disposition. Dans un paddock de trois jours, elles vont commencer par piocher un peu partout et consommer progressivement l’herbe par strates. De la même manière, en système de pâturage continu ou libre, les vaches explorent environ 10 % de la surface chaque jour. D’où l’option possible de constituer des paddocks de dix jours.

Quand le tank fixe la date de sortie

Concernant la taille des paddocks, la surface de 1 are par vache et par jour est un repère couramment admis. Il doit permettre à une laitière d’ingérer 15 à 16 kg de matière sèche par jour, avec une entrée à 12 cm d’herbe et une sortie à 5 cm. Si l’on choisit le temps de présence d’un jour, pour un troupeau de 100 vaches, cela revient à bâtir des paddocks de 1 ha, 3 ha pour des paddocks de trois jours et 10 ha pour des paddocks de dix jours.

Dès lors, on comprend bien l’avantage de prolonger le temps de présence des animaux dans de grands paddocks pour alléger le travail et faciliter la prise de décision au quotidien. À condition de disposer d’un parcellaire adapté. À titre d’exemple, la ferme expérimentale du Pin-au-Haras conduit son troupeau sur trois paddocks de dix jours au printemps. « Ici, la décision de changer de paddock est prise dès que le lait au tank atteint 85 à 90 % du maximum permis à l’entrée dans la pâture, explique Rémy Delagarde. Entre le premier et le dernier jour de présence, l’ingestion passe probablement de 18-20 kg de MS/VL/jour à 12 kg, soit une moyenne de 15 à 16 kg. » L’entrée dans la parcelle correspond donc à un pic d’ingestion. Le lait et le TP sont au maximum et le TB au plus bas deux à trois jours après l’entrée dans la parcelle. À mesure que le cycle de pâturage avance, le lait et le TP baissent en même temps que monte le TB. « Les vaches se régulent sans autre incidence zootechnique pour obtenir, au final, les mêmes performances laitières que si un fil avant était mis tous les jours. Il faut juste que l’éleveur accepte des variations de lait au tank de 10 à 15 %. »

Paddocks d’un jour : une production régulière, mais plus de travail

Le choix des paddocks d’un jour favorise une production et des taux beaucoup plus réguliers. Mais il réclame davantage de temps et d’organisation pour pouvoir dessiner 21 à 28 paddocks qu’il faudra rendre accessibles, alimenter en eau et faucher le cas échéant. « Cette pratique vient d’Irlande, un pays où la croissance de l’herbe permise par les conditions climatiques est régulière pendant une grande partie de la saison de pâturage. Ce contexte favorable offre l’opportunité de mettre en place un système très stable au fil du temps. En France, la pousse de l’herbe est beaucoup plus irrégulière. De ce fait, les paddocks de trois ou quatre jours offrent une plus grande souplesse d’organisation. Ils permettent d’adapter au cas par cas le temps de présence des animaux dans le paddock en fonction de la hauteur d’herbe constatée. »

Jérôme Pezon

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