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Pâturage L’herbe d’automne : une vraie richesse à exploiter

Automne : les journées raccourcissent, la météo est mitigée. Les vaches boudent certaines parcelles mais le pâturage n’est pas pour autant terminé. Il reste de l’herbe à valoriser, ce serait dommage de ne pas l’exploiter.

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Cette année, la sécheresse ou le creux estival ont été nettement moins marqués qu’en année moyenne. Au final, les rendements d’herbe sont bons, voire très bons, malgré un écrêtage de la pousse entre mi-avril et mi-mai. La forme de la courbe en année moyenne est une double bosse (courbe verte). Cette année, elle est plus arrondie, simulée en violet sur le graphique :

Par rapport à une année moyenne (courbe verte), la pousse de l'herbe sur 2021 est restée assez constante. (©Gnis et BTPL)

Début septembre, les repousses ont été fortement ralenties. La pluie des dernières semaines a relancé la croissance de l’herbe. Il ne faut pas aller trop vite lors de ces périodes où le couvert n’est pas assez développé, et savoir attendre. Prévoir une parcelle parking pour quelques jours, le temps de la pousse, est une alternative au retour en stabulation.

En pâturant trop court, la prairie n’arrive pas à suivre et s’épuise. L’herbe met plus de temps à redémarrer, sa croissance est plus faible et sa valorisation très réduite. Comme au printemps, il faudrait attendre les 1 500 kg MS/ha. En pratique, visuellement l’herbe dépasse légèrement le dessus de la cheville.

L’herbe d’automne est aussi un fourrage de qualité

L’herbe pâturée ou récoltée à l’automne a une mauvaise image. Exploitée au bon stade, ses valeurs alimentaires sont pourtant très correctes et favorables à la production laitière – autour de 0,95 UF et 100 g de PDI. Avec ces valeurs, et 1,5 à 2 t MS/ha, les  moyens mis en œuvre pour la valoriser sont souvent rentables.

La pluie limite bien entendu l’ingestion. À chaque bouchée, la quantité de MS est réduite. Et les vaches sont moins motivées les journées où il pleut. Les jours courts et les chemins dégradés pénalisent aussi la bonne exploitation des prairies. La rouille diminue fortement l’appétence et la valeur alimentaire. La sélection a travaillé cette résistance. Il existe des variétés plus résistantes au catalogue.

Notation et valeurs alimentaires du RGA au fil des saisons. (©CA Bretagne et Pays de la Loire)

Trouver l’équilibre entre la valorisation de la pâture et la portance

À cette période, parfois délicate selon les conditions météorologiques, il faut jongler entre l’exploitation de l’herbe et la portance de la pâture. Comme au printemps, si la portance est réduite, viser un temps de présence court. Les vaches adaptent vite leur vitesse d’ingestion. En 2 à 3 heures, elles consommeront quasiment autant qu’en 5 ou 6 heures. Avec des paddocks à la journée, le piétinement est d’autant plus limité. Passer un lot de génisses ou de bœufs est aussi une option pour valoriser cette herbe d’automne, mais plus délicate à conduire si la portance est réduite.

Toute l’herbe doit être consommée : les feuilles non récoltées avant l’hiver fanent, sont perdues et s’accumulent en constituant un paillage épais. Il est préjudiciable au redémarrage de la prairie, au printemps suivant. Si en plus la sortie à l’herbe est retardée à cause des conditions météorologiques, le déprimage est laborieux.

Des chemins de qualité

Difficile de bien pâturer tard en saison sans bons chemins. L’investissement est conséquent, de 8 à 10 000 € pour 400 m (les prix varient fortement selon les matériaux). Il faut noter que de nombreuses régions ou bassins versants participent au financement de ces aménagements. Un chemin bien conçu se rentabilise en quelques années, sans compter le temps gagné pour l’aller-retour des vaches entre la stabulation et les paddocks.

Récolte tardive ?

Oui il est possible de récolter de l’herbe en fin de saison. Des précautions sont toutefois nécessaires. Le fourrage récolté est pauvre en MS. Il est rare de dépasser 20-22 % MS. Les valeurs alimentaires dépendent de la qualité de la prairie au moment de la coupe. Faucher après quelques jours cléments pour avoir un minimum de sucres. Les meilleures coupes dépassent 18 % de MAT ou 74 % de dMO, sur des couverts gaminées-légumineuses.

La matière sèche reste le principal frein à la bonne conservation. Il est possible de récolter en enrubanné, même si les bottes ont du mal à se tenir. Ces bottes sont à distribuer rapidement en début d’hiver. Un conservateur acide est une bonne sécurité. Privilégier la distribution avec des rations à base d’ensilage de maïs pour tamponner l’humidité du fourrage. 2 à 3 kg MS de cette herbe par vache et par jour est un bon compromis pour ne pas pénaliser l’ingestion.

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