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Connaître les parasites pour mieux les combattre

Formation. Dans la lutte contre les parasites, les produits de traitement n’arrivent qu’en dernier recours car ils présentent des risques. Le raisonnement doit s’appuyer sur la connaissance de ces organismes, mais aussi des animaux et de leurs milieux de vie.

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Nous n’allons pas éradiquer les parasites. Nous devons apprendre à les gérer avec un minimum de produits de traitement. » Tel est le message délivré par les GTV bretons au cours de journées de formation destinées aux éleveurs. Car les vermifuges ont un impact négatif sur l’environnement et leur usage commence à générer des résistances. Il faut raisonner leur utilisation pour contrer ces problèmes. Un durcissement de la réglementation les concernant est attendu. À l’image des antibiotiques, les antihelminthiques devront, à l’avenir, être utilisés avec parcimonie. Il faut abandonner ses bonnes vieilles habitudes et ne traiter qu’en dernier recours, quand on est sûr que c’est utile.

Mais il ne s’agit nullement d’une mauvaise nouvelle. Car la réduction de cet usage est tout à fait accessible. Cela demande simplement de se pencher, seul ou avec son vétérinaire, sur les cycles des parasites afin de comprendre comment ils vivent et contaminent les bovins. Il faut aussi savoir comment l’animal parasité peut se défendre naturellement grâce à l’immunité.

Les bovins laitiers sont exposés à de multiples parasites, dans les champs ou à l’intérieur. Dans un premier temps, ses GTV bretons se sont concentrés sur ceux qui vivent dehors.

Un parasite se définit comme « un organisme animal ou végétal qui vit aux dépens d’un autre pour se nourrir, se reproduire ou s’abriter ». Certains sont très pathogènes (piroplasmose, cryptosporidiose) et provoquent des maladies graves. D’autres se montrent plus discrets, mais leur impact zootechnique et économique peut être considérable (strongles, douve, paramphistome). Certains sont tout à fait bénins.

Il existe donc diverses raisons de bien gérer le parasitisme : santé des animaux, optimisation des performances techniques, maîtrise des coûts de santé (préventif et curatif).

Strongles : entretenir le développement de l’immunité

Ces vers ronds présents dans les pâtures parasitent le tube digestif ou les voies respiratoires. L’organisme réagit en s’immunisant. En fonction du type de strongles, cette immunité se met en place plus ou moins vite : quatre à cinq mois en général, huit mois pour Ostertagia (strongle s’installant dans la caillette). La pathogénicité et l’apparition de symptômes dépendent de cette rapidité. L’immunité s’entretient par des contacts répétés mais modérés avec le parasite. En cas de pression trop forte, le système immunitaire peut être dépassé. L’enjeu est de trouver l’équilibre entre le contact avec le parasite et l’entretien de l’immunité. Les génisses de première et deuxième années sont en cours d’acquisition de l’immunité. Elles restent sensibles.

Le cycle des strongles se partage entre l’animal et la pâture. Le bovin ingère des larves infestantes avec l’herbe. Elles poursuivent leur développement dans l’organisme. Le bovin rejette des larves ou des œufs dans les bouses (selon les types de strongles). Le cycle se poursuit à l’extérieur. La durée et donc le nombre des cycles dépendent des années et de la situation géographique. Les conditions favorables à la pousse de l’herbe sont aussi parfaites pour les strongles.

La conduite du pâturage conditionne l’exposition des animaux aux strongles. Car les larves infestantes ont une durée de vie limitée au sol. Elles peuvent disparaître à la suite d’un hiver rigoureux ou un été sec. La fauche et le broyage réduisent les contaminations des repousses. Le labour détruit les larves. À l’inverse, les forts chargements sur les prairies favorisent les charges parasitaires élevées. C’est en jouant sur les rotations que l’on parvient le mieux à maîtriser les parasites. En tournant sur plusieurs parcelles, on allonge la période entre deux passages et on réduit le taux de survie des larves infestantes.

L’installation de l’immunité dépend du temps de contact effectif (TCE) entre le bovin et les larves infestantes. L’éleveur peut calculer lui-même cet indicateur qui se révèle être le meilleur pour évaluer l’immunité. Il faut compter les mois passés à l’herbe par les génisses de deux ans. On enlève les périodes de sécheresse qui pénalisent les larves et réduisent le pâturage réel. Enfin, si les génisses ont été traitées, il faut déduire la durée de rémanence de ce traitement.

Si le TCE est supérieur à huit mois, on considère que les génisses du lot ont acquis l’immunité et n’ont donc pas besoin de traitement. On peut se rassurer en effectuant une sérologie du lait de tank une fois que les génisses ont vêlé. On verra ainsi si des anticorps sont présents. Attention cependant aux TCE très supérieurs à huit mois. Ils peuvent révéler une infestation massive contre laquelle les animaux auront du mal à se défendre.

Si le TCE est inférieur à huit mois, l’immunité n’a pas eu le temps de s’installer. Il faut évaluer le niveau d’infestation avec son vétérinaire pour voir s’il est judicieux de traiter. Cet indicateur est précieux pour ­décider de traiter ou pas un lot à la rentrée de l’automne. On peut aussi doser le pepsinogène dans le sang d’un échantillon d’animaux issus d’un même lot. Cet enzyme traduit des lésions de la caillette dues à des strongles. Mais les résultats ne sont utilisables que pour des génisses en première année de pâture.

La coproscopie est utile en cas de signes cliniques pour confirmer la présence de strongles. Ce sont ces informations, variables d’une année sur l’autre, qui permettent de décider d’un traitement.

Douve : limiter le contact dans l’environnement

La grande douve démarre sa vie à l’état de larve dans des milieux humides. Elle a en effet besoin de passer par un mollusque (limnée) dans les deux jours suivant l’éclosion, pour poursuivre son développement. Elle a besoin de températures douces. La limnée excrète d’autres larves (cercaires) qui deviennent infestantes et s’enkystent dans les végétaux. Elles peuvent y survivre six mois, attendant d’être avalées par un bovin, le deuxième hôte nécessaire à leur vie.

Ce ver plat s’installe alors dans le foie, puis dans les canaux biliaires. Sur son passage, il provoque des lésions qui entraînent des troubles intestinaux plus ou moins graves selon l’importance de l’infestation. Ces désordres induisent des pertes économiques. Le cycle se poursuit durant deux mois et demi jusqu’à la ponte d’œufs expulsés avec les bouses.

Les abattoirs signalent parfois aux éleveurs la présence de douve dans le foie, mais pas toujours. L’observation de signes cliniques (croissance ou production en baisse, mauvais état général) peut alerter, surtout lorsque le lot a eu accès à des zones humides.

La capacité des bovins à s’immuniser contre la douve n’est que partielle. Il faut donc interdire, chaque fois que cela est possible, l’accès aux zones humides.

La paramphistome, cousin de la douve, avec un cycle très proche, s’installe dans le rumen. Elle provoque des diarrhées, amaigrissement et météorisation, souvent en fin d’automne. Son importance est probablement sous-évaluée. La coproscopie permet de confirmer sa présence.

Pascale Le Cann

© Sébastien Champion - Agrandissement. Le risque d’infestation par des parasites augmente avec la taille des troupeaux.

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