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Il n’y a pas que la parasitologie dans la vie !

1+1 = 3. Après la rentrée d’automne des génisses, les infestations de parasites ne sont pas rares. Mais un problème peut en cacher un autre.

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Octobre. L’hiver s’install e pour dix mois, avec son cortège de vent, de pluie et de froid… bref l’hiver en Bretagne­, comme dirait ma femme. Le pré-troupeau, c’est-à-dire l’avenir du troupeau, est un lot fondamental pour les éleveurs. Pourtant, il est souvent oublié. Par un beau matin d’hiver, c’est sous un soleil humide qu’un élevage demande une visite car quatre génisses de l’année sont passées de vie à trépas et une dernière hésite encore à les rejoindre.

Une génisse de 10 mois à moins de 200 kg

Cette génisse de 10 mois pèse moins de 200 kg, nous sommes loin des fameux « 6 mois- 200 kg ». Couchée, elle mange du foin, mais ressemble plus à un xylophone qu’à une future vache laitière.

L’éleveur a vermifugé au printemps, mais pas en début d’automne car « [il] ne l’a
jamais fait ». Malgré l’expérience épidémiologique de son troupeau, je suspecte fortement une verminose. Souhaitant un examen complet pour savoir d’où vient le problème, je demande un accord de prise en charge de l’autopsie par le GDS et j’euthanasie ladite génisse. Deux coproscopies réalisées à la clinique confirment une infestation massive et significative de strongles. Droit dans mes bottes et la poitrine gonflée, je prescris une vermifugation d’urgence à base de lévamisole sur le lot en attendant les résultats de l’autopsie, qui ne tardent pas.

Notre (ancienne) amie pèse donc 161,5 kg à 10 mois.

Caillette : abomasite sévère avec observation de très nombreux strongles.

Coproscopie : strongles digestifs, 1500 œufs/g de selle.

Un dosage de pepsinogène sur 5 copines confirme l’importance de l’infestation parasitaire : les valeurs vont de 1400 à 3601mUTyr selon les animaux. Avec une moyenne de 2852,8 mUTyr, l’infestation parasitaire est donc massive et a eu des répercussions zootechniques sur le lot.

Là encore, droit dans mes bottes, je prescris une lactone macrocyclique trois semaines après le premier traitement car elles ne sont toujours pas très belles. Ces génisses ressemblent plus à un quadra devant son miroir le matin : ventre qui tombe, poil hirsute, le blanc est « jaunâtre » et le noir vire au gris-roux.

C’est à ce moment que je pense au vieil adage : « On peut avoir la vérole et un bureau de tabac. » Je me dis qu’il y a autre chose derrière tout cela.

Ayant vérifié le statut BVD sur Sanael, je pose la question :

«—Mais elles mangent quoi les génisses ? 

—Du foin, me répond l’éleveur.

—Et cet automne, avant que tu ne les rentres ?

—Uniquement de l’herbe, d’ailleurs je les ai aussi rentrées car elles n’avaient plus rien à manger ! »

Le changement de ration a transformé les génisses

« Bon sang mais c’est bien sûr ! », comme disait le monsieur dans le poste en noir et blanc du téléviseur de ma grand-mère. Bien sûr, comme surpâturage, comme surparasitisme, mais aussi comme carence alimentaire et baisse d’immunité.

J’ai donc revu la ration avec ce qu’avait l’éleveur. Je passe à la ration sèche : 1 volume du correcteur azoté des vaches pour 2 volumes de céréales des vaches (arrivée progressive à 4 kg/j jour de ce mélange), 120 g du CMV des vaches et de la bonne paille qui pique, à volonté.

Trois mois après, la ration est revue et l’ensilage de maïs est progressivement apporté.

Il aura fallu un mois pour refaire le poil et au bout de trois mois, les génisses se chevauchaient à nouveau, témoignant ainsi de la reprise d’une activité hormonale et physiologique normale.

Nous avons refait le point dernièrement et cette année, nous allons mettre en place un accompagnement dans la gestion du parasitisme et la gestion des parcelles, l’éleveur ayant compris qu’en biologie :

1+1 = 3 !

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