Des additifs pour accompagner les performances des vaches laitières
Lorsque les fondamentaux sont respectés, le recours aux additifs peut être envisagé pour sécuriser la ration d’un point de vue sanitaire ou stimuler l’ingestion, clé de voûte dans la recherche de hautes performances.
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Il y a six ans, L’Éleveur laitier consacrait un dossier à un groupe d’éleveurs du Nord animé par Avenir Conseil Élevage (ACE), et réunis autour d’un objectif : 10 000 kg de lait, sans concentré de production, avec un coût alimentaire de 100 €/1 000 litres.
Le contexte a évolué, les coûts de production à la hausse rendent difficile l’obtention d’un coût alimentaire de 100 €. « Parallèlement, on assiste à une hausse du prix du lait, avec des paies de lait qui se rapprochent des 500 €/1 000 litres, avec un concentré de production en baisse qui justifie économiquement d’augmenter la densité des rations, souligne Benoît Verrièle, spécialiste nutrition d’ACE. Plus on part de bas et plus l’efficacité de la réponse en lait du concentré est élevée » (voir le graphique ci-dessous).
Des sources de matière grasse diversifiées
Une partie de ces éleveurs a décidé de prolonger la réflexion autour d’une intensification plus soutenue, dite 14/14/14 : 140 g de concentré de production/litre, 140 € de coût alimentaire et 14 000 litres de lait/vache. « Les écarts de prix du lait n’expliquent pas toujours la différence de marge sur coût alimentaire (MSCA). Le lait par vache et l’efficacité alimentaire sont essentiels, souligne le conseiller. Il ne s’agit pas de viser à tout prix 14 000 litres/vache. Le préalable reste la cohérence du système. Car je peux avoir une très bonne MSCA et, en parallèle, beaucoup d’animaux improductifs ou une mauvaise valorisation des surfaces fourragères. Le critère de rentabilité à retenir dépend du facteur limitant de l’exploitation : si je suis contraint dans mes livraisons de lait, la marge brute/1 000 litres est un critère d’appréciation cohérent, sinon la marge/ha, ou la marge/vache si je suis limité en place. »
À partir d’un système « nordiste » intensif, basé sur l’ingestion de fourrages les plus riches possible – maïs + herbe préfanée + pulpe, sans concentré de production –, l’idée est de redensifier la ration par la voie de l’amidon, jusqu’à des taux de 26 %.
La matière grasse est une autre voie de concentration énergétique, grâce à des valeurs de 2,7 UFL/kg, l’huile de palme étant la moins chère. La forme hydrogénée (99 % de MG) est à préférer à celle saponifiée (84 %), entre 50 et 150 g/jour et jusqu’à 250 g au maximum pour des VHP au risque de réduire la digestibilité de la ration. De préférence, elle n’est pas utilisée seule, mais en association avec des acides gras insaturés, comme les graines de lin extrudées, entre 60 et 120 g/j, jusqu’à 180 g pour des vaches à 70 litres. « Diversifier les sources de matière grasse est une voie qui a fait ses preuves. Elles ont un coût élevé. Il est donc préférable d’y aller progressivement, pour trouver le bon équilibre. Avec un ensilage d’herbe à 0,95 UFL et un maïs à 0,98 UFL, il n’y a pas besoin d’huile de palme, mais peut être un peu de lin pour la santé et la reproduction », expliquait Emmanuel Lepage, consultant nutrition Seenovia, lors d’une journée de formation du groupe ACE abordant l’intérêt des additifs dans la recherche des performances.
L’étape clé de la préparation au vêlage
Car un troupeau à 40-45 kg de lait est plus sensible aux aléas extérieurs – stress, transition de silo… – qui peuvent avoir un impact important sur la production. Les additifs font alors partie de la boîte à outils, une assurance pour sécuriser l’expression du potentiel. « Il n’y a pas de produit miracle. Les additifs ont un intérêt si les fondations de la ration sont bonnes et s’ils sont utilisés à la dose exacte, sinon ils ne serviront à rien », alerte Emmanuel Lepage. Tout d’abord, ces niveaux de production ne peuvent passer que par un stade de lactation jeune, entre 150 et 170 jours. Le rang de lactation et le taux de réforme (> 25 %) ne sont pas à négliger : avec beaucoup de primipares, ce n’est pas atteignable.
Une préparation au vêlage de vingt et un jours (vingt-quatre jours pour les primipares) avec une acidification forte de la ration apparaît aujourd’hui incontournable pour franchir un cap en matière de production/vache. « C’est la clé numéro un », estime le conseiller. L’objectif : prévenir les problèmes métaboliques du péripartum pour optimiser le début de lactation. Le principe : une ration paille broyée + maïs ensilage + correcteur + minéraux, associée à des chlorures pour abaisser la Baca entre - 100 et - 150 mEq/kg de MS. Cela se traduit par des pH urinaires de 5,8 à 6,2. La mobilisation du calcium osseux induite doit être compensée par l’apport de 13 à 15 g/kg de MS de calcium. « Toutes les situations sont différentes, les qualités de fourrages variables. Il suffit d’une paille avec un niveau de potasse élevé pour revoir tout l’équilibre minéral. Il faut donc réserver les meilleurs fourrages aux taries, systématiser les analyses et faire des pH urinaires réguliers au début, avant de bien caler le programme. Cette pratique nécessite des précautions et du temps. Par une acidification excessive, on prend par exemple le risque de déminéraliser un animal. »
L’intérêt de poudres anti-échauffantes
La paille broyée, ou plutôt coupée droit à la broyeuse ou à l’ensileuse entre 2,5 et 3 cm, non défibrée, est un ingrédient incontournable de cette stratégie. Pour la digérer, un complément d’énergie fermentescible de type orge ou blé peut être nécessaire, si le maïs est de qualité moyenne. « La VL est possible, mais plus cher. » Le repère est d’apporter en prépa vêlage 60 % de l’amidon contenu dans la ration en lactation, avec une ration dosant de 9 à 11 UFL, et 14 % de MAT/kg de MS.
Le mouillage avec 2 à 8 litres d’eau par ration sert de liant en faveur d’une ingestion plus homogène. « Je conseille de doser progressivement, en contrôlant que la ration ne chauffe pas. Il suffit de mettre la main pour vérifier, la vache y est très sensible. » Surtout qu’il est pratique de préparer la ration pour trois jours. Avec de petits lots d’animaux et donc de faibles volumes, c’est une façon de s’assurer un mélange plus homogène dans la mélangeuse. Cela justifie d’intégrer un anti-échauffant en poudre à la ration, « le coût est élevé, de l’ordre de 5 €/kg, mais c’est un des additifs les plus rentables ».
Des capteurs de mycotoxines en situation à risque
Par principe, on n’utilise pas de conservateur sur l’ensilage de maïs. Mais il peut s’envisager, si le silo avance moins vite en été, ou avec un front d’attaque exposé au sud. Lorsque le silo est bien tassé, fait dans de bonnes conditions, on s’orientera juste vers des conservateurs hétérofermentaires (de type buchneri) pour éviter les reprises en fermentation à l’ouverture. Les homofermentaires sont destinés à sécuriser la baisse de pH à la confection.
Parfois négligées, les mycotoxines peuvent avoir un impact sur la flore du rumen, mais aussi sur la reproduction, les mammites, diarrhées… Dans les situations à risque, avec des plantes ayant subi un stress, les analyses sont indispensables. Plusieurs échantillons seront prélevés, pour tenir compte de leur répartition hétérogène dans les parcelles. L’argile présente un intérêt pour son pouvoir absorbant des toxines. Selon le risque, on pourra jouer la complémentarité avec des désactiveurs enzymatiques et des parois de levure et un hépatoprotecteur lorsque le foie est déjà intoxiqué. Les levures vivantes sont également associées à la recherche de performance.
Relever la Baca de la ration en lactation
Leur action stabilise le fonctionnement du rumen et favorise l’ingestion. On peut citer aussi la biotine pour solidifier la structure de la corne des pieds avant vêlage. Et, bien sûr, le bicarbonate, dont le rôle n’est pas de combattre l’acidose, mais d’augmenter la Baca de la ration en lactation, notamment avec une correction tout colza et une part importante de coproduits humides, à un niveau de + 250 mEq, là encore favorable à l’ingestion (pH urinaire à 8,2).
En début de lactation, les temps de passage attendus d’une ration à 11 000 kg de lait et plus pour une multipare sont de 30 kg de lait à 5 jours, 45 kg de lait à 10 jours. En deçà, ou si la courbe de lait ne répond pas, il faut suspecter un problème de préparation au vêlage, sinon remonter l’historique de l’animal jusqu’à la phase d’élevage des petites génisses de 0 à 8 jours d’âge.
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