Login

Le biogaz liquéfié, une solution pour les unités de cogénération dans l’impasse

La liquéfaction apparaît comme une troisième voie pour exploiter l'énergie issue de la méthanisation.

Entre contrats arrivant à échéance et coûts prohibitifs du passage à l’injection, de nombreux agriculteurs et agricultrices méthaniseurs en cogénération s’interrogent sur l’avenir de leur unité. La liquéfaction du biogaz représente une voie de valorisation prometteuse pour les unités de petite taille ou trop éloignées du réseau.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

La cogénération est dans le flou. Après bientôt quinze ans d’exploitation, certaines unités voient leur contrat arriver à terme. D’autres aimeraient profiter de la possibilité, désormais ouverte, de casser leur contrat sans pénalités - perspective d’autant plus tentante que l’État se désengage du soutien à la production. De plus, la cogénération n’est pas exempte de défauts : le rendement énergétique n’est pas optimal et l’entretien ou le remplacement des moteurs pèse lourd.

Mais vers quelle voie se tourner ? Beaucoup cherchent aujourd’hui une porte de sortie pour continuer à valoriser leur installation. L’injection ? Pour les méthaniseurs possédant un débit  modeste ou ceux qui sont trop éloignés du réseau de gaz, la note est salée : un épurateur coûte à lui seul au moins un million d’euros, et le raccordement près de 100 000 € par kilomètre.

Un enjeu Breton mais pas seulement

« La méthanisation en cogénération est confrontée à un double enjeu à court terme : préparer l’avenir des unités en fin de contrat et trouver des voies plus rentables », confirme Hervé Gorius, chargé de mission méthanisation à la Chambre d’agriculture de Bretagne. « Avec la fin annoncée du tarif d’achat pour les nouvelles installations, les projets trop petits ou isolés doivent trouver d’autres voies de valorisation. Les enjeux sont nationaux, mais particulièrement sensibles en Bretagne, où la cogénération s’est historiquement développée. »

Frédéric Page, polyculteur-éleveur à Pommerit-le-Vicomte (22), connaît bien la situation. Mis en service en 2019, son méthaniseur thermophile de 175 kW lui sert, en partie, à chauffer ses porcheries, mais son moteur reste coûteux et source de pertes.

« Dans deux ans, il cumulera 60 000 heures », pointe l’éleveur. « Pas encore en fin de vie, mais des problèmes vont sûrement survenir de plus en plus souvent. L’entretien est coûteux et il y a beaucoup de turn-over parmi les techniciens, techniciennes. Je dois toujours être là pour superviser le suivi. » Quant au passage à l’injection, l’éleveur a étudié la question : le réseau de transport de gaz passe bien dans son champ, tout proche, mais il est techniquement impossible de s’y raccorder.

Une troisième voie : la liquéfaction du biogaz sur site

Un voisin lui parle de Sublime Energie, une entreprise basée en Bretagne, qui développe une alternative : sa liquéfaction directement sur site. Lauréate de l’EIC Accelerator (un concours européen de soutien aux innovations de rupture pour leur industrialisation), Sublime Energie ouvre une voie pour les exploitations éloignées des réseaux ou produisant de faibles volumes.

« La méthanisation se dote d’une solution de valorisation complémentaire grâce à cette technologie qui consiste à transporter de l’énergie densifiée, souligne Bruno Adhémar, dirigeant et fondateur de l’entreprise. Dans le même esprit que la tournée du laitier, des camions collecteront le biogaz liquéfié dans les fermes pour l’acheminer vers un hub central, où il sera transformé en bioGNL et en bioCO2. »

Exploiter le marché du bioGNL pour la mobilité lourde

Le marché du bioGNL se structure rapidement. Les institutions françaises et européennes font, en effet, de cette énergie un axe prioritaire, notamment pour la mobilité lourde (camions, bus), la mobilité maritime, et les engins agricoles (tracteurs). Dans un futur proche, les fournisseurs de carburant devront intégrer une part significative de biométhane dans leur offre, assurant un débouché durable à la filière.

Frédéric Page y voit une solution pragmatique. « Je pourrai valoriser 100 % de mon biogaz. Pour les petites et moyennes unités, cela permettra de rester dans la course. Je crois qu’on est au début d’une petite révolution énergétique. Nous avons la ressource, il faut l’exploiter pour rebâtir une souveraineté. »

Le premier démonstrateur Sublime Energie sera installé dans les Côtes-d’Armor à l’hiver 2025. Un premier projet commercial devrait voir le jour en Bretagne à l’horizon 2027-2028.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement