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Épandre le lisier sans tonne pour vider les fosses plus tôt

Pour Mikael Forget, l’épandage sans tonne présente plusieurs atouts : respect des sols avec du matériel léger, intervention plus précoce en saison, débit élevé sans avoir de route à emprunter.

Le Gaec La Brosse épand son lisier avec une rampe de 12 mètres, attelée au tracteur et alimentée par un tuyau d’irrigation glissant sur le sol. Un système d’épandage sans tonne relativement léger, qui évite le tassement et les ornières lors des apports précoces en sortie d’hiver.

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«Nous avons épandu du lisier sans tonne pour la première fois en 2017, se souvient Mikaël Forget, l’un des deux associés du Gaec La Brosse, à La Guyonnière (Vendée). C’était en fin d’hiver : les fosses à lisier étaient pleines, mais les sols ne portaient pas assez pour passer avec un tracteur et une tonne standard. À l’époque, un éleveur voisin avait choisi de tester un équipement d’épandage sans tonne.

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Après l’avoir également essayé, nous avons décidé de l’acheter, ensemble. » C’est ainsi que l’exploitation a investi en copropriété dans une rampe à pendillards de marque Vogelsang. La structure est en acier galvanisé avec repliage en deux brins de chaque côté. Elle mesure 12 m de largeur et possède une tête de répartition à entraînement hydraulique pour alimenter les 30 descentes. L’éleveur attelle la rampe sur le relevage d’un tracteur John Deere 6125R, équipé d’un train de roues jumelées à l’arrière et d’un jeu de masses de 600 kg sur le relevage avant.

Réseau d’irrigation enterré

Pour l’alimentation de la rampe, le Gaec utilise une pompe de marque Bauer placée à côté de la fosse et entraînée par la prise de force d’un second tracteur. La ferme est équipée d’un réseau d’irrigation composé de canalisations enterrées en 160 mm de diamètre, puis 125 mm sur les parties terminales. Lors des phases d’épandage, le lisier transite donc par ce même réseau ce qui simplifie la logistique. La SAU totale de l’exploitation est de 205 ha, avec environ 70 ha irrigables situés à proximité de la stabulation et de la fosse de 1 800 m3.

Derrière la rampe, le chariot de fabrication maison, relié au tracteur, assure l’interface avec le tuyau PE. Il est équipé de deux roues folles pour le suivi dans les virages et d’un raccord tournant pour éviter de vriller le tuyau. (© Denis Lehé)

Le Gaec cultive aussi un autre site sur lequel se trouvent 25 ha irrigables, également connectés au réseau enterré. Sur ce second site, les associés ont installé deux poches souples de 600 m3, servant chacune de stockage tampon quand la fosse principale est pleine. Par les canalisations souterraines, le lisier arrive donc en bordure de parcelle au niveau de la borne d’irrigation. Pour se connecter à la rampe du tracteur, l’éleveur utilise un ancien enrouleur équipé d’un tuyau de 600 m de longueur et 110 mm de diamètre en polyéthylène (PE). « La turbine a été démontée afin de faciliter le passage du liquide et limiter les pertes de charges, précise Mikaël Forget. L’extrémité du tuyau PE est connectée à la rampe d’épandage via un petit chariot qui sert d’interface. Ce chariot, de fabrication maison, est attelé au tracteur par une chaîne. Il est monté sur deux roues folles qui tournent dans toutes les directions et suivent la trajectoire de la rampe dans les virages ou lors des demi-tours. Le point de liaison est assuré par un raccord tournant pour éviter de vriller le tuyau lors des manœuvres en bout de champ. »

Le tracteur supportant la rampe de 12 m est un 6125 R de John Deere avec des roues jumelées à l’arrière. L’autoguidage est indispensable pour réaliser des tracés parallèles dans la parcelle. (© Denis Lehé)

Lors des mises en place de chantier, l’agriculteur travaille souvent en binôme avec son salarié. Quand l’ensemble du matériel est connecté, l’un des deux retourne à la ferme pour faire démarrer le tracteur qui entraîne la pompe et alimente le circuit. L’épandage débute généralement à proximité de l’enrouleur. Dès que le lisier coule au niveau de la rampe, le chauffeur commence à rouler en longeant le bord du champ. Il avance ainsi jusqu’à l’autre extrémité de la parcelle afin de dérouler le maximum de tuyau, puis il revient sur ses pas en effectuant des passages parallèles tous les 12 m.

Précision du trajet grâce à l’autoguidage

Le tracteur est naturellement équipé de l’autoguidage pour suivre des trajectoires précises. Au fur et à mesure du chantier, le tuyau glisse sur le sol, en formant des S, sans faire de dégâts à la culture qui n’est jamais très développée à cette saison. « Dans les parcelles rectangulaires, c’est très facile de se déplacer, en maintenant le tuyau toujours dans le champ et sans jamais avoir à rouler dessus, précise l’éleveur. En revanche, si la parcelle a une forme biscornue ou si elle est traversée par une rangée de pylônes, cela complique parfois les trajectoires. Sur certains chantiers, il m’arrive de temps en temps de déplacer le tuyau en le faisant glisser au sol à l’aide d’une sangle et d’un second tracteur, pendant que le chauffeur de la rampe continue son épandage : mais c’est assez rare. J’épands le lisier en sortie d’hiver principalement sur des parcelles de ray-grass qui seront ensilées ensuite puis retournées avant un semis de maïs. Je pourrais aussi en mettre sur les parcelles de blé, mais j’évite de le faire pour des questions de précisions des apports. En effet, ma fosse n’est pas couverte donc la teneur réelle en unité d’azote varie selon la pluviométrie des semaines précédentes. Épandre un effluent sur du blé sans connaître sa valeur fertilisante pourrait affecter le rendement. Dans les parcelles de ray-grass, ce risque n’existe pas. »

L’enrouleur est placé à proximité de la borne d’arrivée du réseau d’irrigation. Le chauffeur part de ce point en tirant suffisamment de longueur de tuyau pour pouvoir ensuite évoluer dans toute la parcelle. (© Denis Lehé)
À la ferme, ce second tracteur entraîne la pompe qui envoie le lisier dans le réseau enterré. Le débit est de 70 à 95 m3/h selon l’éloignement du chantier. (© Denis Lehé)

La pompe débite entre 70 et 95 m3/h selon la distance à parcourir de la fosse jusqu’à la parcelle et le diamètre des tuyaux d’irrigation. Le chauffeur adapte donc la vitesse du tracteur selon le débit fourni. En moyenne, les déplacements se font à 1,5 km/h couvrant ainsi environ un hectare et demi à l’heure. Généralement, en deux ou trois journées début mars, Mikaël Forget arrive à vider presque toutes ses fosses. Ainsi, quand le printemps arrive et qu’il faut être présent partout à la fois avec les ensilages et les semis, il n’a pas à gérer les travaux d’épandage en plus. « C’est l’un des principaux avantages de l’épandage sans tonne, explique-t-il. Je peux ainsi anticiper ce chantier à une période de l’année où j’ai plus de temps disponible. Le lisier est ainsi bien valorisé sur les prairies sans effet de tassement au niveau du sol, et sans avoir à circuler sur les routes et les chemins avec des engins lourds ou salissants. »

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