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Marché mondial des poudres de lait La France essaie de combler son retard

En marge de la crise hexagonale sur le prix du lait, la filière essaie de rattraper son retard sur le marché mondial des poudres de lait en pleine expansion, rendu plus concurrentiel encore avec la fin programmée des quotas en 2015.

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La France a fabriqué l'an dernier 320.000 tonnes de poudre de lait écrémé et 110.000 t de poudres grasses.(© Terre-net Média)

Entre des producteurs à la peine, dont certains menacent de mettre la clé sous l'étable et une industrie de transformation en train de perdre près d'un millier d'emplois, tout se passe comme si la France avait raté le train. Pourtant, le marché mondial est particulièrement tendu cette saison par la sécheresse sans précédent en Nouvelle-Zélande, premier fournisseur de la Chine.

Transportée plus facilement, la poudre de lait peut être utilisée telle quelle, ou réhydratée pour être transformée en produits laitiers. Les prix sont en train de rattraper le record historique atteint en 2007, à plus de 5.000 dollars (près de 4.000 euros) la tonne, « soit une augmentation de près de 25 % en moins d'un mois », relevait vendredi Renaud de Kerpoisson, président du cabinet Offre et Demande agricole, dans un communiqué.

L'Asie en général (sauf l'Inde, autosuffisante) tire la demande, ainsi que quelques pays du Moyen-Orient : en 2012, 1,9 million de tonnes de poudre de lait ont été vendues dans le monde, fournies à 40 % par la Nouvelle-Zélande, indique Gérard Calbrix, économiste de l'Atla, l'Association de la Transformation Laitière qui réunit les principaux opérateurs.

La France, elle, a fabriqué l'an dernier 320.000 tonnes de poudre de lait écrémé et 110.000 t de poudres grasses (utilisées en particulier pour les laits infantiles), selon la Fédération des industries laitières (Fnil). Et si 40 % du lait français part à l'exportation (en fromages et produits laitiers divers) seulement 20 % des exportations sortent de l'Union européenne. Ratant l'essor des classes moyennes, consommatrices de produits laitiers d'importation dans les grands pays émergents. Président de la Fnil, Gérard Picot regrette une « extrême difficulté à valoriser la production » dans le pays : « depuis dix ans, nos exportations de beurre, de poudres de lait et de produits destructurés (pour l'industrie) se font à perte car nous ne sommes pas compétitifs sur le marché mondial ».

Huit tours de séchage en projet en France

En particulier « au printemps quand on a le plus de lait, on manque de capacité de transformation » déplore-t-il en comparant avec l'Allemagne, ou l'Irlande. Pour tenter d'y remédier, huit tours de séchage sont en projet dans le pays. Dont celui qui associe à Carhaix, en Bretagne, l'énorme coopérative Sodiaal au chinois Synutra, pour un investissement de 100 millions d'euros et deux tours.

« Mais on ne fait pas une tour de poudre en claquant des doigts », prévient Christèle Josse, directrice de la Fédération des coopératives laitières (Fncl). Deux conditions sont nécessaires pour aller chercher les marchés émergents, explique-t-elle : faire de bons produits en termes de qualité sanitaire, avec un cahier des charges exigeant et des réglementations qui évoluent ; et « savoir gérer la volatilité » des prix du lait. « Il faut absolument savoir mettre en place les outils financiers pour sécuriser les marges, et ça passe par les politiques publiques, avec des dispositifs financiers notamment au niveau européeen ». « Le marché est assez large pour les producteurs français, il y a de la place et il faut y aller. Mais il peut y avoir des revers », prévient Christèle Josse.

Avec la fin programmée des quotas laitiers au 31 mars 2015, qui encadraient depuis 30 ans les volumes de production, la fédération suit de près la situation aux Etats-Unis, où les fermiers se préparent également à la déréglementation des prix du lait, fixés depuis la crise de 29 par l'Etat fédéral.

Depuis 2010, la bourse Euronext a créé des contrats à terme sur les poudres de lait censés, comme pour les céréales, aider les éleveurs à se couvrir grâce à des contrats passés avant la récolte ou la collecte. Mais la concurrence promet d'être rude : l'Irlande, confiait cette semaine devant la fédération des coopératives laitières la directrice du Irish Dairy Board, Anne Randles, s'est fixée pour objectif post-2015 « d'augmenter de 50 % sa production laitière ; soit + 2,5 millions de litres environ ». Or, compte tenu de son petit marché, l'Irlande exporte déjà 80 % de sa production.

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