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Viande bovine Les 10 prochaines années s’annoncent rudes pour les éleveurs allaitants

La filière vaches allaitantes devra s'adapter aux baisses de consommation, à la concurrence des troupeaux laitiers et à la production de veaux croisés. (©Terre-net Média)

Les prospectives européennes 2015-2025 en matière de viande bovine ne sont pas très optimistes pour la filière : elle doit faire face à court terme à la décapitalisation du troupeau laitier et à long terme à la baisse de la consommation et à la concurrence asiatique et sud-américaine.

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La filière vaches allaitantes devra s'adapter aux baisses de consommation, à la concurrence des troupeaux laitiers et à la production de veaux croisés. (©Terre-net Média)

Le troupeau allaitant tend à augmenter et la crise laitière peut pousser un certain nombre d’éleveurs à troquer leur troupeau laitier par des vaches allaitantes. Mais est-ce un choix d’avenir ? S’il est quasiment impossible d’y répondre, les études prospectives 2015-2025 menées par la Commission européenne ne s’annoncent pas sous les meilleurs auspices pour la filière viande bovine.

En Europe, le troupeau de vaches allaitantes est principalement concentré dans l'UE-15 (94 % des effectifs en 2014), dont l'Irlande, l'Espagne, la France et le Royaume-Uni représentent 71 % du total. Dans ces pays, le troupeau allaitant devrait tomber à environ 8,3 millions de têtes en 2025 (- 3 % par rapport à 2014). Dans les pays de l’Est de l'UE-N13 (pays arrivés dans l’UE après 2004) le nombre de vaches allaitantes est susceptible d'enregistrer une légère augmentation, notamment en Pologne et en Hongrie, dans le prolongement des tendances de ces dernières années. Les vaches laitières pèsent pour deux tiers des volumes de viande bovine en Europe. Le nombre de vaches laitières devrait décroître à mesure que la productivité (lait/vache) s’améliore, notamment dans l’Europe de l’Est.

Compétition sur l'exportation de viande bovine

Pour le moment, l’Europe exporte très peu de viande en dehors de ses frontières (96 % de débouchés intra-européens). Selon le rapport de la Commission, la compétition mondiale entre pays exportateurs de viande bovine s’annonce rude dans les dix ans à venir et l’Europe aura du mal à s’aligner sur les prix. Par manque de compétitivité, l’UE risque alors de moins exporter et importer davantage. Ces importations devraient ainsi croître de 2 % par an d’ici 2025.

Les pays d’Asie, dont le Vietnam et la Chine, ainsi que le Brésil s’annoncent comme des champions hors catégorie, des prix bas. Le Brésil, qui fait actuellement office de référence de prix dans le marché mondial de la viande bovine, subit actuellement une forte récession économique ce qui a entraîné une modification de sa consommation intérieure (moins de bœuf, plus de volaille). Quoi qu’il en soit, le continent sud-américain devrait faire la pluie et le beau temps sur les marchés mondiaux, qui resteront très dépendants du prix des matières premières et des rendements agricoles.

Mais il y a de bonnes nouvelles : l’accord de libre-échange avec les pays du Mercosur (portant sur 80 000 tonnes exemptées de droit de douane) vient d’écarter la viande du projet, suite à la mobilisation des différentes interprofessions en avril 2016 pour faire pression auprès de la Commission européenne. Les récentes rumeurs de retrait du projet de libre-échange transatlantique (TIPP/Tafta) semblent aussi être une bonne nouvelle pour les producteurs de viande européens.

Effectif de vaches allaitantes en Europe, prévision 2025 (©Commission européenne)
 

Consommation de viande bovine en Europe, importations et exportations. (©Commission européenne)

Prospective des prix de la viande bovine (€/tonne). (©Commission européenne)

Relancer La consommation

La consommation de viande, toutes espèces, s’annonce en baisse tendancielle dans l’Europe à 28. La part de viandes bovine et ovine va diminuer au profit de la volaille et du porc. La consommation de viande bovine s’établissait en 2014 à 10,5 kg par habitant et par an dans l’Europe à 28. Après une légère embellie en 2015, la consommation devrait poursuivre sa baisse structurelle pour atteindre 10,3 kg/habitant en 2025. Ce chiffre masque un écart important entre l’UE-15 (Europe du Sud-Ouest) qui consomme autour de 12 kg/hab/an et l’UE-N13 (Europe de l’Est) dont la consommation de viande bovine n’est que de 3 kg/hab/an.

Actuellement, la crise laitière et la décapitalisation du troupeau laitier français et européen viennent perturber le fragile équilibre entre l’offre et la demande. Les abattages de vaches laitières ont augmenté de 5 % sur le premier trimestre 2016 d’après l’Idele. Culture Viande, le syndicat des entreprises de la viande, plaide pour une relance urgente de la consommation. En effet, la consommation de viande bovine est en recul de 0,9 % depuis le début de l’année. Plus inquiétant, malgré un week-end de Pâques positionné au mois de mars cette année et naturellement bénéfique à la consommation de viande, la consommation de viande de bœuf a reculé de 3,5 % au cours de ce mois par rapport à la même période 2015.

A long terme, d’autres incertitudes sont à prévoir pour la filière allaitante, comme probablement l’utilisation plus massive de semence sexée femelle dans les troupeaux laitiers accompagnée du croisement industriel avec des races à viande. Reste également à savoir si le débouché italien pour les broutards français sera toujours d’actualité dans 10 ans…

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