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Collecte laitière Les divergences s’accentuent entre les régions et les pays producteurs de lait

Evolution de la collecte laitière dans les pays exportateurs (©Geb-Institut de l'élevage)

L’abolition des quotas depuis mars 2015 et la situation difficile sur le marché des produits laitiers exacerbent la concurrence entre les Etats-membres et même entre les régions d’un même pays. Elles révèlent les différences de positionnement et de performance des filières laitières. Extraits de la note de conjoncture Tendance n°262 – novembre 2015 – GEB Institut de l’élevage.

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D'un côté, Pays-Bas, Irlande, Danemark et Belgique confirment leurs appétits de croissance et le dynamisme de leur collecte, déjà vif au 2e trimestre, s’est encore accentué au 3e trimestre. A la faveur d’une météo favorable sur l’arrière-saison et malgré des signaux de prix négatifs, la hausse par rapport à 2014 dépasse + 9 % en Belgique, + 10 % aux Pays-Bas et + 13 % en Irlande. La fin des quotas et les opportunités entrevues sur les marchés tiers ont relancé les investissements dans la transformation et/ou dans les exploitations laitières. Sauf peut-être en Irlande où le coût de production est encore sensiblement en-deçà, la question est de savoir jusqu’à quel point les éleveurs pourront composer avec les prix du lait déprimés.

A l’opposé, la collecte des Pays d’Europe du sud et des Pays baltes est au point mort voire en léger retrait au 3e trimestre par rapport au niveau, certes élevé, de 2014. Elle pourrait bien décrocher si le prix du lait payé reste bas cet hiver.

Entre les deux, les pays d’Europe centrale et surtout l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Pologne affichent au 3e trimestre un rythme de croissance de collecte modéré (autour de + 2 %/2014) et en léger recul par rapport à celui du deuxième trimestre. La Pologne a été particulièrement pénalisée par la sécheresse estivale ayant conduit à une réduction du cheptel. L’Allemagne s’inscrit dans une trajectoire de croissance lente et régulière qui ne devrait pas se démentir. D’après les données quotidiennes d’AHDB, la collecte du Royaume-Uni aurait renoué avec un taux de croissance de 4 % en octobre.

L'Ouest et le Nord prennent les devant sur les autres régions françaises

Sur le 3e trimestre, la collecte française n’a guère enregistré un dynamisme plus marqué que celle des pays méditerranéens puisqu’elle a tout juste dépassé son niveau de 2014 (+ 0,5 %). Mais elle a amorcé un rebond en septembre (+ 1,5 %/2014), à la faveur d’une arrière-saison douce et humide, qui se serait accentué en octobre, selon le sondage hebdomadaire de FranceAgriMer.

Au 1er octobre, le cheptel national comptait 48 000 vaches de moins qu’un an plus tôt (- 1,3 %). Ce repli n’a cessé de s’accentuer depuis l’été et concerne quasiment tous les départements.

Il est particulièrement marqué dans le Sud-Ouest : - 3,8 % en Aquitaine et - 3,6 % en Midi-Pyrénées. Dans ces deux régions, l’élevage laitier est fortement concurrencé par les grandes cultures et la collecte décroche toujours davantage. Sur les neuf premiers mois de 2015, elle a chuté de 4 %/2014 et 6 %/2013 en Aquitaine et de 3 %/2014 et 2013 en Midi-Pyrénées et elle ne s’est pas redressée cet automne.

La situation est à peine meilleure en Poitou-Charentes, Picardie, Champagne-Ardenne et région Centre où le cheptel affiche un recul de 2,1 à 3,1 % d’un an sur l’autre : sur neuf mois, la collecte cumulée de ces quatre régions était en retrait de 1 %/2014, mais affichait tout de même une progression de 4 %/2013 et aurait légèrement progressé d’un an sur l’autre cet automne.

En Auvergne, le repli du cheptel est également marqué (- 2,7%/2014). La collecte, qui était restée proche de celle de 2014 au 1er semestre, a décroché en juillet-août (- 5 %/2014), pénalisée par la sécheresse. Elle a retrouvé son niveau 2014 en septembre et semble avoir renoué avec la hausse en octobre.

Le Grand Ouest et le Nord Pas-de-Calais affirment toujours davantage leur vocation laitière. Le cheptel s’y est davantage maintenu : il est resté stable en Basse-Normandie et dans le Nord Pas-De-Calais, a reculé de seulement 0,5 % en Bretagne et de 1,1 % en Pays de la Loire. Sur huit mois, la collecte affiche un léger recul par rapport à 2014 (- 1 %) en Basse-Normandie et en Bretagne et une légère hausse (+ 1 %) en Pays de la Loire et Nord Pas-de-Calais. La progression est en revanche partout très marquée par rapport à 2013 (+ 7 à 10 %) et la collecte aurait progressé assez vivement cet automne (> + 3 %/2014).

Marché mondial sous pression

Le prix du lait valorisé en beurre et poudre maigre a repris quelques euros en septembre. Mais à 213 €/1 000 litres sur le marché européen et 197 €/1 000 l sur le marché mondial, il reste particulièrement faible, 15 % en deçà du niveau de septembre 2014 alors que la baisse des cours des ingrédients était déjà bien entamée.

L’offre laitière commence à s’alléger dans les bassins exportateurs. Mais les stocks abondants sur les produits de report, les hésitations sur les marchés des ingrédients laitiers et une consommation européenne morose maintiennent la pression sur les prix à la production. Au total, le supplément de production cumulé des cinq principaux exportateurs mondiaux par rapport à 2014 a été ramené à 100 000 t (+ 0,4 %) en septembre alors qu’il dépassait ou avoisinait les 500 000 t entre avril et juillet.

En Nouvelle-Zélande, la collecte affiche un recul de plus de 200 000 t/2014 (- 8 %) en septembre, 1er mois du pic saisonnier. Etranglés par des prix au plus bas depuis l’an dernier alors que l’évolution des systèmes a renchéri leurs coûts de production. Les éleveurs ont freiné les apports de compléments et réduit les chargements. La situation devrait perdurer pendant l’été austral et Fronterra prévoit un recul de sa collecte de 5 % sur la campagne 2015/2016.

En Australie, la hausse saisonnière de la collecte s’avère modérée et revient au niveau de septembre 2014. Aux Etats-Unis, la collecte a été ramenée à + 0,8 % en août et + 0,4 % en septembre, sous l’effet du net recul de la production en Californie (- 4 %/2014) qui subit les effets de la sécheresse sur l’ouest du pays.

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