Le revenu toujours au cœur du combat pour les éleveurs ardéchois
Comme partout sur le territoire, entre la Drôme et l’Ardèche, les agriculteurs ont bloqué plusieurs ponts reliant les deux départements, à l’appel de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs de l’Ardèche. Plusieurs éleveurs étaient présents. Témoignages.
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Adossé au tracteur, Hervé Morfin observe les voitures passer. Certains klaxonnent, d’autres font un signe de la main. « Globalement, notre mouvement est compris et on est soutenu, remarque-t-il. C’est aussi qu’on ne veut pas bloquer complétement la circulation. » Sur le pont qui relie la Drôme à l’Ardèche, entre Saint-Vallier et Sarras, les tracteurs ne bloquent qu’une voie, tandis que les gendarmes régulent la circulation. Ce lundi après-midi, l’éleveur a parcouru 30 kilomètres depuis son exploitation, à Bozas (Ardèche), pour participer à cette mobilisation en tant que représentant de la FDSEA 07.
Le Mercosur qui cristallise les tensions est la première raison qui l’a poussé à se mobiliser, mais c’est loin d’être la seule. Installé en Ardèche en 1988, Hervé Morfin a été témoin d’une lourde augmentation de sa charge administrative ces trente dernières années. « Je ne saurais pas exactement dire combien de temps ça prend, mais il faut compter une paire d’heures en plus chaque semaine, avec la Pac et toutes les déclarations. Sans compter qu’à l’époque, on ne marquait pas tout ce qu’on faisait sur les animaux, ça prend aussi du temps. »
Avant 1 litre de lait payait 1 litre de gazole, aujourd'hui il en faut 3 !
Des heures de travail supplémentaires, mais une rémunération qui peine à augmenter avec des coûts de production toujours plus importants. Aujourd’hui, il vend son lait, entre 480 et 490 €/1000 l à la fruitière de Domessin en Isère. Et si le prix a légèrement augmenté, les charges ont fait de même. « En 2002, un litre de lait payait un litre de gazole, aujourd’hui, il faut trois litres de lait pour un litre de GNR, illustre Hervé Morfin. On aimerait vivre dignement de notre métier. »
La transmission, une préoccupation majeure
Un peu plus loin, les plus jeunes sont regroupés autour d’une banderole qu’ils vont accrocher sur le pont. Parmi eux, Dylan Seux, membre des Jeunes agriculteurs de l’Ardèche, et Aurélien Feasson, membres de la FDSEA locale. Ces deux Ardéchois de 30 et 35 ans sont éleveurs avec chacun un cheptel de 160 bêtes (entre 60 et 80 à la traite), des Montbéliardes en majorité et quelques Holstein – 15 % du troupeau. L’ensemble de la production est collectée par Danone, à Savas, chez Dylan Seux et à Roiffieux, chez Aurélien Feasson.
Installés en Gaec, avec leurs parents, les deux jeunes hommes ont la même préoccupation : comment reprendre la ferme ? « Mes parents pourraient partir à la retraite. Le problème, c’est que financièrement ce n’est pas possible d’embaucher et il y a trop de travail pour être seul sur la structure », témoigne Dylan. Même constat pour Aurélien : « En moyenne, je fais 70 heures par semaine pour un salaire de 1300 €. Même chose pour mes parents. L’année prochaine, ils vont être en âge de partir à la retraite, mais on n’a pas les moyens d’embaucher… Un salarié nous coûterait 1300 €, mais pour 35 heures. »
Face à cette situation, les deux éleveurs attendent des mesures pour améliorer concrètement leur revenu. « On veut une juste rémunération, au regard de notre nombre d’heures travaillées », martèlent Dylan et Aurélien. Tous deux s’opposent également au traité de libre-échange entre l’UE et le Mercosur et surtout, ils attendent un changement comme promis après les mobilisations du début d’année. « Si je me suis installé, c’est que je crois qu’il y a un avenir pour les éleveurs, mais dans ce contexte ça va être très compliqué », conclut Dylan Seux.
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