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Le virus de la FCO-3 n’explique pas tout

La mesure des urines au réfractomètre et au densimètre (photo) a mis en évidence un défaut d'abreuvement contribuant à la chute de production.

La circulation de la fièvre catarrhale ovine sérotype 3 (FCO-3) est à l’origine de chutes de production importantes. Mais un examen approfondi révèle que la maladie n’explique pas toujours tout.

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Un éleveur bio, à la tête d’un troupeau d’environ 70 montbéliardes, nous contacte pour comprendre et résoudre une chute de production de plus de huit litres de lait par vache, à mois moyen équivalent, entre le mois de juin et celui de septembre (de 25,2 à 16,8 litres, voire à 14 litres par vache début octobre). Ses vaches pâturent et reçoivent une ration composée d’enrubannage et de farine à l’auge.

Dans le détail, les fraîches vêlées, notamment les primipares, démarrent très mal en lactation et maigrissent vite. Mais, globalement, tous les stades sont concernés par la sous-production. La proportion de TP faibles est très importante sur les contrôles d’août et septembre, avec des acétonémies subcliniques.

Une herbe récoltée pauvre en sucre

Au niveau alimentaire, l’éleveur explique que la ration a changé entre juillet et août : arrêt de l’ensilage d’herbe et passage à l’enrubanné de l’année. Ce fourrage 2024 s’avère encombrant et peu appétent. Le taux de sucre mesuré au réfractomètre est très bas, 5 Brix, quand on en souhaiterait 12 a minima pour des vaches laitières. L’ensemble de ces éléments permet de suspecter un déficit énergétique important au cours des mois d’août et septembre.

Néanmoins, il apparaît que le changement de fourrage n’explique pas seul cette baisse de production, car le troupeau a encore accès au pâturage et les mesures réalisées sur les vaches le jour de la visite (glycémie, corps cétoniques, protéines totales, urémie) sont toutes correctes. En effet, l’examen des animaux oriente vers une déshydratation relativement importante du troupeau : sur 21 vaches examinées, huit présentent un pli de peau persistant de plus de deux secondes et neuf un retour de pli ralenti. Pour rappel, lorsque l’on pince la peau à mi-hauteur de l’encolure, le pli de peau doit reprendre sa position initiale instantanément. De plus, les urines sont concentrées, comme le révèlent des mesures au réfractomètre entre 5 et 9 Brix (norme 2 à 3) et une densité élevée (> 1 030), et les rumens ne sont pas souples. Autant de signes indiquant que les vaches ne boivent pas assez !

Des courants parasites au niveau d’un abreuvoir

L’accès à l’eau n’est pourtant pas limitant : il y a assez de longueur d’abreuvoir et l’eau est propre et sans odeur. Une mesure des courants continus sur les deux grands abreuvoirs présents est réalisée : 150 mV pour l’un et de 550 à 600 mV pour le second. Or la norme est de 200 mV au maximum. Les vaches étant très sensibles à ces courants résiduels, elles ne vont pas s’abreuver correctement. Le manque d’eau est donc un autre élément pouvant expliquer la sous-production.

La FCO-3 étant arrivée fin août dans le secteur, même si aucune vache n’a présenté de forme clinique dans l’élevage, il est décidé de faire un test PCR (pour chercher la trace du virus) sur deux vaches qui présentaient des taches sur le nez. Les deux prises de sang positives à la FCO-3 révèlent qu’il y a également une circulation de la maladie dans le cheptel. C’est donc une association de nuisances qui est à l’origine de cette chute vertigineuse de production : circulation de la FCO, défaut d’abreuvement à cause de courants parasites et déficit énergétique important lié à la mauvaise qualité des fourrages.

Face à cette situation, il est proposé à l’éleveur de mettre l’abreuvoir à la terre, de relever la densité énergétique de la ration (il décide de rouvrir un silo d’herbe de l’an passé) et de stimuler l’immunité des vaches via un apport d’antioxydants dans la ration (oligoéléments et vitamines A, E, C) pour les aider à supporter le passage de FCO. Résultat : un mois plus tard, à mois moyen équivalent, le niveau d’étable était remonté à environ 20 litres.

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