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Tour d’étables : à la rencontre de 4 éleveurs en proie à la FCO-3

Les éleveurs touchés par la FCO ne savent pas quelle stratégie adopter vis-à-vis de la vaccination.

Meuse, Nord, Ardennes, Meurthe-et-Moselle… Quatre éleveurs laitiers et allaitants expliquent comment ils font face à la propagation de la maladie dans l’hexagone. [Article mis à jour le 23/08/2024 à 17h19]

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« Elles marchent comme des mamies », lance un éleveur du Nord. « J’en ai une qui a baissé en lait de 50 % », complète un collègue des Ardennes… Trois éleveurs touchés par la FCO, et un agriculteur en zone réglementée expliquent l’impact de la maladie sur leur exploitation.

Chez Cyril Bellan : « La maladie fait tout le tour du troupeau »

Dans les Ardennes, chez Cyril Bellan, tout le troupeau est malade. « Les premiers symptômes sont apparus samedi dernier. On a fait les tests mardi pour la FCO-3, j'attends les résultats mais depuis, tous les lots d’animaux ont des symptômes ». Toux, mufle rouge, fièvre, yeux qui pleurent…

Mais l’éleveur de Prim’Holstein s’estime tout de même chanceux : « pour l’instant, ça n’a pas bougé au tank ». Seule une vache fait exception, « elle est passée de 20 à 6 l », commente l’agriculteur. « Les fraîches vêlées ont aussi un peu de mal à monter en lait, mais entre les chaleurs de la semaine dernière, des ensilages d’herbe un peu moins bons que d’habitude et la maladie, les facteurs sont multiples ».

Pourtant, l’agriculteur a tenté d’anticiper la vague. « On savait qu’on risquait d’être touché, alors j’ai doublé mes apports en minéraux il y a deux semaines. On entendait que les troupeaux bien minéralisés avaient moins de soucis, donc j’ai tenté un petit boost. » Et le troupeau n’était pas en reste question désinsectisation. « J’ai des parcelles avec beaucoup de mouches, donc je les passe régulièrement, mais je ne suis quand même pas passé au travers. »

Pour faire baisser la fièvre, il ajoute de l’aspirine et de la vitamine C dans la mélangeuse.

« J’ai commandé les vaccins, mais je vais attendre d’avoir moins d’animaux malades pour l’injecter. Je verrai bien à l’automne », conclut l’éleveur.

« J’ai perdu 20 % de production au tank » regrette Alexis Jouniaux

« J’estime que j’ai 20 % du cheptel total atteint », détaille Alexis Jouniaux, à la tête de 50 Jersiaises en agriculture biologique près d’Avesnes-sur-Helpe (59). « Ça fait une semaine que ça tourne sur la ferme. J’ai vu un premier cas dimanche dernier. J’ai ouvert les babines de tout le monde et j’ai trouvé 5 vaches avec des aphtes. Je pense que j’ai à peu près 20 % du troupeau touché ».

Depuis, le virus tourne. « J’avais une vache qui était bien le matin, je l’ai retrouvée à 42 °C de fièvre le soir. Le lendemain, c’était fini. Mais c’est une fraîche vêlée, elle devrait donner 3 l de plus qu’actuellement… »

Car c’est surtout la baisse de production qui inquiète Alexis. « On n’a jamais eu un mois d’août aussi vert, et il n’y a pas de lait », regrette l’éleveur qui mise sur le pâturage. « Quand je regarde le tank, j’estime qu’il me manque 20 % de production. » Et pour cause, le cahier des charges AB impose des délais de retour de 48 h suite à l’utilisation d’anti-inflammatoires. « Je suis obligé de jeter du lait des animaux que je soigne, c’est en partie ce qui fait ma baisse de production ».

Côté vaccination, Alexis hésite. « Ça fait longtemps que j’ai dit à mon cabinet vétérinaire que j’étais intéressé par des doses de vaccin, avant même que la maladie arrive en France », précise l’agriculteur frontalier. « Maintenant que le troupeau est malade, je ne sais pas ce qu’il faut faire. Mais pour l’instant, c’est simple, mon cabinet n’a pas de doses… »

« L’essentiel, c’est que ça ne dure pas trop. Sinon, il va falloir un coup de pouce financier. L’année n’était déjà pas facile… », résume le Nordiste.

« J’ai une Limousine malade » constate Jean-Marc Chenut

Chez Jean-Marc Chenut, éleveur de Limousines en Meurthe-et-Moselle, un cas est à déplorer. « Samedi dernier, j’ai vu une vache qui avait le mufle rouge, les yeux qui pleurent, avec le blanc tout rouge, 40 °C de température… Elle soufflait beaucoup. Le véto a fait les tests et on a eu le résultat mardi. C’est bien la FCO sérotype 3. »

Mais il relativise « pour l’instant ça n’est qu’un cas. J’attaque la saison des vêlages, il est encore tôt pour voir l’impact ».

Jean-Marc a reçu les doses pour vacciner ses taureaux aujourd’hui. « C’est sur eux qu’il y a le plus à perdre », tranche l’agriculteur qui mise sur la vente de reproducteurs. « Une vache de malade, c’est un veau en moins. Un taureau de malade, c’est 40 veaux en moins ! » Pour le reste du troupeau, il attend le retour au bâtiment pour juger de l’intérêt de la vaccination. « Même si le vaccin est gratuit, il faut avoir envie d’aller rattraper 250 bêtes en parcelle pour les piquer », sourit l’éleveur.

« J’ai vacciné tout le troupeau hier » détaille Camille Peureux

Dans la Meuse, près de Verdun, Camille Peureux a vacciné son troupeau hier et mercredi. « Ça nous a pris deux jours. Les vaches sont en bâtiment, mais il a fallu regrouper les génisses et les taries », explique l’éleveur laitier. « Ma vétérinaire m’a conseillé de le faire la semaine dernière. On a eu les doses dans la foulée. »

L’agriculteur espère être épargné par la maladie le temps que ses animaux développent une immunité. « Je dois faire un rappel d’ici un mois. Il faut compter ensuite 3 semaines pour que le vaccin soit totalement efficace. Je serai au meilleur de la protection dans 7 semaines », détaille Camille.

L’ensemble du troupeau a également été désinsectisé. « J’ai profité d’avoir tout le monde sous la main pour faire du butox en pur-on, mais l’effet ne tiendra pas 7 semaines. Je sais qu’il y a 8 cas confirmés dans le Meuse et beaucoup de suspicion… J’ai préféré vacciner rapidement. C’est un pari. »

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