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Imrestor, un immunostimulant contre les maladies du péripartum

Nos testeurs. La SCL Lait Pis Carde a testé pour nous Imrestor d’Elanco. De gauche à droite : Michel Welter, directeur, Pauline Couvreur, responsable du suivi global du troupeau, Mathieu Hecquet et Justine Lepointe, responsables sanitaires, et Franck Dufresne, vétérinaire praticien. Cedric FAIMALI/GFA

La SCL Lait Pis Carde a testé pour nous l’immunostimulant d’Elanco. Les effets sur la réduction des mammites sont bien au rendez-vous, mais pas seulement.

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Il y a un an, Elanco lançait Imrestor, un principe actif novateur pour stimuler l’immunité dans la période critique de l’après-mise bas. Attendu, un effet sur la réduction des mammites cliniques de - 26 % dans les trente jours suivant le vêlage. C’est à ce titre que ce produit, soumis à prescription vétérinaire, a reçu une AMM.

Curieux de vérifier cette alléchante promesse, mais aussi de mesurer l’impact sur la santé des vaches après vêlage, nous avons proposé à la SCL Lait Pis Carde à Drucat (Somme), connue sous le nom de « ferme des 1 000 vaches », de tester cette solution. Soucieuse de réduire l’utilisation des antibiotiques pour des raisons d’éthique et de coût, elle s’est prêtée au jeu. Attention, il ne s’agit pas là d’une expérimentation, mais juste d’un test terrain dont les résultats ne valent que pour cette ferme. Les différences mesurées sont d’ailleurs pour la plupart non significatives sur un plan statistique (voir page suivante), les lots n’ayant pas pu être réalisés selon le rang de lactation.

Moins de mammites et moins sévères

Premier constat : la réduction de l’incidence relative des mammites cliniques dans le premier mois suivant le vêlage est au-delà des attentes de l’AMM. Elle s’établit à - 34 %. La baisse de 63,5 % observée sur les primipares doit néanmoins être prise avec prudence, ces dernières étant sous-représentées dans le lot Imrestor.

Ces mammites sont aussi moins sévères pour les animaux traités. Cela se traduit par moins d’animaux en hyperthermie après vêlage. Ces mammites apparaissent également nettement plus tard en lactation chez les animaux dont l’immunité a été stimulée. « Ce point est très intéressant, car on sait que plus les mammites arrivent tard, moins elles pénalisent la courbe de lactation », remarque Christian Engel, vétérinaire chez Elanco.

Moins de non-délivrances…

Autre constat, le lot Imrestor montre moins de problèmes de non-délivrances. Avec ici un effet plus marqué sur les primipares que les multipares. « Cela peut s’expliquer par leur forte exposition aux facteurs de stress. Le fait est que, dans cet élevage, le manque de places dans les box de préparation au vêlage augmente les interactions entre les animaux et l’inconfort. Le stress génère une augmentation du taux de cortisol plasmatique qui perturbe la migration des neutrophiles (globules blancs) vers les tissus. Ces cellules de l’immunité entrent en jeu pour la libération du placenta. Donc, s’ils ne sont pas à même de migrer facilement vers ce dernier (l’augmentation de cortisol les en empêchant), l’expulsion est plus délicate. En mettant à disposition un pool plus important de neutrophiles, Imrestor augmente les chances d’en avoir suffisamment qui migrent vers le placenta », note Franck Dufresne, vétérinaire de l’élevage.

… et moins d’endométrites

L’impact sur les endométrites des vaches traitées apparaît à six et neuf semaines ­ avec plus de vaches propres et moins d’endométrites. À trois semaines, en revanche, pas de différence entre les lots, une situation qui n’étonne pas Franck Dufresne : « Imrestor induit une vidange utérine plus importante (réaction immunitaire locale) qui fait qu’à trois semaines, un certain nombre de vaches sont diagnostiquées à tort en endométrites alors qu’il s’agit d’une vidange utérine non infectieuse. À cela s’ajoute le biais lié aux traitements antibiotiques réalisés dans les dix premiers jours, lorsqu’il y a hyperthermie. Et comme il y a plus d’hyperthermies dans le lot témoin, il y a plus d’animaux traités, ce qui peut réduire le risque d’apparition d’endométrites. »

Les performances de production pointées à 10, 20 et 30 jours révèlent un gain faible de 0,4 kg de lait pour les multipares du lot Imrestor. Il est beaucoup plus important sur les primipares (+ 2,3 kg en moyenne sur 30 jours), ce qui n’est pas sans lien avec l’espace disponible du box de vêlage.

« Les animaux traités avec Imrestor dépensent moins d’énergie à lutter contre les phénomènes infectieux débutants. Il leur reste donc plus d’énergie disponible pour produire du lait et exprimer leur potentiel génétique. Les phénomènes de stress ayant un effet immunosuppresseur important, les troubles infectieux trouvent un terrain favorable pour se développer sur des animaux exposés au stress. Ces derniers dépensent alors de l’énergie pour lutter contre l’infection, énergie non disponible pour produire le lait attendu, explique Christian Engel. Dans ce contexte, on comprend aisément qu’avec un box de vêlage sous-dimensionné par rapport aux effectifs d’animaux présents à certaines périodes, les primipares sont ici les plus exposées au stress… d’où l’effet marqué du traitement avec Imrestor. »

Dérapage des comptages cellulaires mieux contrôlé

Concernant les comptages cellulaires appréciés au premier contrôle de janvier à avril, pas de différences significatives entre les lots. Cela ne vaut pas pour le mois de mars où le lot Imrestor se distingue avec nettement moins de vaches à plus de 250 000 cellules (47,5 %, contre 72,2 %).

Sur ces quatre mois marqués par une dégradation relative de la situation au regard des cellules (problème d’organisation des trayeurs), les vaches traitées avec Imrestor se sont mieux comportées. Avec, à la clé, une augmentation en cellules mieux contenue. Cela pourrait s’expliquer par une réaction plus prompte des animaux traités en cas d’infection, grâce à la mise à disposition rapide de neutrophiles plus nombreux et aux capacités bactéricides dopées.

Autre constat favorable au lot Imrestor : un meilleur taux de guérison cellulaire (26,8 % contre 19,4 %) mesuré entre février et mars.

Peu d’incidence sur la reproduction

Les effets d’Imrestor sur la santé des animaux ne se traduisent pas de façon flagrante sur leurs performances de reproduction. Certes, les animaux traités montrent un intervalle vêlage-1re IA plus faible (- 4,2 jours pour les primipares, - 2,9 jours pour les multipares). Mais on n’observe pas de différence au final sur l’intervalle vêlage-IA fécondante ou le nombre d’IA/IA fécondante. En revanche, le focus sur les vaches en hyperthermie, importante dans les dix jours post-partum, révèle un effet intéressant du traitement avec des animaux fécondés neuf jours plus tôt.

Un gain de 26 €… hors coût du traitement

Traduits en données chiffrées, ces effets constatés d’Imrestor aboutissent pour la SCL Lait Pis Carde à une économie sur les traitements antibiotiques (mammites, métrites, hyperthermie) de 7 €/VL. S’y ajoute l’impact sur la production laitière (lait en plus produit sur trente jours, lait en moins jeté pendant la durée des traitements antibiotiques, lait en moins perdu sur la lactation à la suite d’une mammite sévère (1)), soit au final un gain total de 17 €/multipare et 39 €/primipare. Et pour un troupeau avec 40 % de primipares, un gain de 26 €… à raisonner en fonction du coût du traitement. Pour sa période de lancement, Imrestor était proposé à 30 €/VL. Un peu cher donc… Mais il faudrait, pour être juste, intégrer un gain de production qui ne devrait pas se limiter aux trente premiers jours et l’incidence d’un pilotage plus fin des réformes.

Jean-Michel Vocoret

(1) Chiffrage avec un prix du lait à 340 €/1 000 kg.

© Cédric Faimali/GFA - Protocole. Imrestor se présente sous la forme d’une seringue prête à l’emploi. Il s’utilise à raison de deux injections sous-cutanées : sept jours avant la date prévue du vêlage, puis dans les vingt-quatre heures suivant la mise bas. L’écart minimum toléré entre deux injections est de 3 jours, l’écart maximum de 17 jours. La dose est la même quel que soit le poids. Il n’y a aucun résidu dans le lait et la viande, et donc un délai d’attente nul. Cédric Faimali/GFA

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