Maïs 2021 2021, une année record en rendement mais décevante sur la qualité
Près de 15 tonnes de matière sèche par hectare de rendement moyen : du jamais-vu en plus de vingt ans. Les stocks se sont reconstitués mais le cru 2021 déçoit pour la production laitière. La complémentation sera compliquée à ajuster.
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Alors qu’une remarquable stabilité était observée depuis plus de vingt ans, les surfaces en maïs fourrage ont baissé cette année en France (un peu moins de 1,3 million d’hectares). « Cette tendance pourrait se confirmer si la diminution du cheptel bovin lait se poursuit », note Michel Moquet, ingénieur maïs fourrage chez Arvalis. En 2021, les semis se sont déroulés sur une période assez courte, entre mi-avril et mi-mai. Dans toutes les régions, le début de cycle a été difficile, avec un printemps froid qui a ralenti les levées. Le recouvrement tardif de l’interrang et des mois de mai et juin pluvieux ont rendu les interventions de désherbage, chimiques ou mécaniques, compliquées. Ce réchauffement lent des sols aura limité les attaques de taupins. Mais dans l’Ouest, les dégâts des mouches géomyzes ont parfois été pénalisants. Rappelons qu’une seule solution existe contre la géomyze : le traitement de semences, Lumiposa, dont l’utilisation réclame une dérogation.
Plus de 12 000 analyses dans toutes les régions
Les attaques de corvidés ont été un peu moins nombreuses en 2021 mais le gros gibier a causé localement des pertes importantes. « La deuxième partie du cycle s’est déroulée dans des conditions plutôt fraîches et bien arrosées en juillet et août. Les floraisons ont eu lieu avec cinq à dix jours de retard, ce qui a provoqué des récoltes plus tardives et très étalées, de début septembre à fin octobre », explique Arvalis. Le bilan hydrique a été très favorable et sans grosses chaleurs dans la période sensible qui encadre la floraison. Cela a conduit à un niveau de production élevé sur tout le territoire. Une séquence plus chaude en septembre a ensuite permis de rattraper une partie du retard accumulé, avec une évolution de la matière sèche du grain. Sauf dans l’Est, où les températures sont restées inférieures à la normale, avec parfois des difficultés pour atteindre la maturité nécessaire. Pour finir, 2021 aura été une année record pour le rendement dans toutes les régions, avec une moyenne nationale de 14,9 t MS/ha (la moyenne sur cinq ans est de 12 tMS). Par rapport à 2020, les écarts de rendements sont énormes dans l’Est, le Centre, en Bourgogne et en Rhône-Alpes.
Sur la base de plus de 12 000 analyses, provenant de toutes les régions, Arvalis a établi une image précise de la valeur alimentaire des ensilages maïs 2021. La teneur en matière sèche à la récolte a été mieux maîtrisée que les années précédentes, car les maïs ont avancé moins vite en fin de cycle. La moyenne est à 32,5 % de MS, et 50 % des chantiers sont dans la bonne fourchette de 30-35 %. Seule la région Est se démarque, avec son offre climatique limitante et des gelées précoces. La moitié des ensilages analysés y sont à moins de 30 %. « Ces maïs trop humides seront moins bien ingérés par les animaux, avec des risques de pertes préjudiciables d’éléments digestibles par les jus », avertit Hugues Chauveau, d’Arvalis. Le choix de la bonne précocité des hybrides reste indispensable, même après plusieurs années chaudes. D’une façon générale, les conditions de récolte ont été bonnes en septembre, plus aléatoire en octobre.
Des teneurs très élevées à la fois en fibres et en amidon
Même si l’on n’attend pas le maïs sur ce critère, il faut noter les faibles teneurs en MAT, avec une moyenne de 7 %, en retrait de 0,5 % par rapport à 2020. Cela s’explique essentiellement par un effet de dilution dû aux bons rendements.
Mais la particularité du profil des ensilages de maïs 2021 est de cumuler des teneurs en fibres et en amidon très élevées. Ainsi, la valeur moyenne en amidon est de 31,7 % à l’échelle de la France (3,4 points au-dessus de 2020). « Les conditions météo ont favorisé la mise en place et le remplissage des grains dans toutes les régions. Pour preuve, les trois quarts des maïs présentent une teneur en amidon supérieure à 28 %. Avec l’effet rendement, on observe dans plusieurs régions trois fois plus d’amidon à l’hectare qu’en 2020 », explique Hugues Chauveau. Sur ces maïs, la grande déception vient de la digestibilité des fibres, équivalente à 2017. La moyenne France de cette dNDF est de 51,1 %, soit deux points de moins qu’en 2020. Toutes les régions sont concernées par cette moindre digestibilité. « Cela s’explique avant tout par une offre climatique inférieure à celles des années précédentes, ayant entraîné une plus longue durée de végétation », explique Hugues Chauveau.
« À associer avec l’herbe de première coupe précoce s’il y en a de disponible »
Ainsi, la digestibilité de l’appareil végétatif (tige/feuilles) des maïs 2021 est la plus faible des six dernières années. Et la teneur élevée en amidon n’a pas complètement compensé cette médiocre qualité des fibres, qui étaient en quantité importante cette année. La valeur énergétique moyenne est de 0,90 UFL/kg de MS, une des plus basses de ces dernières années, et la moitié des ensilages sont en deçà. « Ces ensilages de maïs moins riches en énergie du fait de la faible digestibilité des fibres, et cependant plus encombrants, sont moins adaptés aux animaux hautement productifs. Ils nécessiteront une complémentation énergétique plus importante qu’en 2020 afin de maintenir un niveau de production équivalent. Il serait pertinent de les associer avec des ensilages d’herbe première coupe précoce, quand il y en a de disponible. Car les coupes d’herbes suivantes présentent souvent une qualité moyenne. En outre, ces maïs, globalement riches en amidon dégradable, seront à complémenter avec précaution. Des correcteurs énergétiques pauvres en amidon ou du maïs grain, à l’amidon moins dégradable, s’avéreront plus adaptés dans de nombreuses situations », conclut Hugues Chauveau.
Dominique GrémyPour accéder à l'ensembles nos offres :