Après la canicule, y a-t-il des risques de carence dans les fourrages ?
Ma ration hivernale repose sur des fourrages conservés, et notamment de l’herbe. Je me demande si avec l’été hors normes que nous avons connu, leur composition en oligo-éléments peut être modifiée. Et surtout, je voudrais savoir s’il y a un risque d’impact sur la santé de mes animaux. Un éleveur du Finistère
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Réponse de l’expertstrong
La sécheresse, plus que la chaleur, a une influence sur la teneur en oligo-éléments des fourrages, notamment de l’herbe. En effet, c’est par l’eau que les plantes absorbent ces éléments. Il faut un peu de temps pour qu’ils prennent une forme soluble et qu’ils soient disponibles. C’est pourquoi l’irrigation n’a pas le même effet que la pluie. De plus, lorsqu’une période de sécheresse est interrompue par des précipitations soudaines et importantes, il y a un risque de lessivage. Dans ce cas, les oligo-éléments solubles sont emportés.
Ensuite, les opérations de récolte (séchage notamment) et de stockage entraînent une perte des oligo-éléments présents dans les fourrages. Plus on les conserve longtemps, plus ils s’appauvrissent. Les pertes se produisent via les écoulements de jus. L’herbe pâturée est plus riche.
Des carences difficiles à vérifier
Les conditions météorologiques de la saison 2018 sont donc propices à des carences en oligo-éléments dans les fourrages à base d’herbe. Il n’est pas facile de le vérifier. Ils sont rarement recherchés dans les analyses de fourrages. Souvent parce qu’ils ne sont pas prioritaires mais aussi parce que c’est coûteux. Il existe donc peu de références sur le sujet.
En revanche, on sait que certains sols sont naturellement plutôt pauvres. Leurs propriétés physico-chimiques limitent leur capacité d’échange. Ces caractéristiques sont mesurées dans les analyses de terres. Si vous avez récolté de l’herbe sur des sols de ce type, il faudra être plus vigilant.
Les bovins ont besoin de plusieurs oligo-éléments : cuivre, zinc, sélénium, manganèse, cobalt, iode et, dans une moindre mesure, molybdène.
Pas de signes cliniques francs
Les signes cliniques de carence s’observent rarement. Les carences subcliniques ont un impact sur les animaux, mais de manière assez diffuse : perte de production, retard de croissance, affaiblissement de l’immunité. Les vaches délivrent moins bien et ont plus de mal à féconder. Une recrudescence de dartres peut alerter. Sur les animaux adultes carencés en cuivre, on peut observer l’apparition d’une couleur rousse sur la robe.
Les effets sont plus visibles sur les veaux nés de mères carencées. Ils sont mous, tètent difficilement, ont des diarrhées. En cas de manque de vitamine E et de sélénium, on peut même observer des morts subites par arrêt cardiaque. Si ce genre de symptômes est présent sur tous les veaux de génisses, qui ont souvent passé l’été en pâture, il s’agit d’une alerte à prendre en compte. Le lot a sans doute souffert de carence. Les fourrages récoltés sont probablement assez pauvres.
Adapter la prévention
La nécessité de la prévention dépend de l’intensité de la sécheresse, de la nature des sols qui ont produit les fourrages, et des pratiques habituelles de l’éleveur. Si vous avez l’habitude de ne pas complémenter, et que vous observez quelques signes laissant penser qu’il y a une carence, mieux vaut réagir. Car l’impact économique n’est pas négligeable.
Les minéraux conçus pour les vaches laitières contiennent généralement des oligo-éléments, mais pas toujours. Il vaut mieux vérifier. Pour les génisses, il existe des bolus.
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