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« Restructurer, oui mais à la française »

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L'« édito » de septembre ouvre un dossier au coeur des débats que notre filière doit mener : que penser de la ferme des 1 000 vaches ? Bien sûr, il y aura toujours des nostalgiques d'un temps passé « où tout était plus beau », des adeptes du « Small is beautiful » ou des inconditionnels de « la lutte des classes ». Mais, comme le suggère le rédacteur, la restructuration des exploitations est bien en route et elle est même certainement indispensable à notre compétitivité dans une Europe qui a enfourché le cheval avant nous.

La ferme des 1 000 vaches de la Somme ressemble pour beaucoup à celle des 300 vaches dans l'Isère, en 1975. Les 300 vaches de la ferme Robotton-Ravier sont toujours là et pourtant, le modèle ne s'est pas imposé à l'époque. Je ne crois pas que ce projet des 1 000 vaches, motivé par des considérations d'abord capitalistiques et financières, préfigure la production laitière de demain en France. Pour autant, il ne faut pas qu'il cache les projets des femmes et des hommes qui voient une opportunité dans le lait et se préparent à investir. Ils sont aussi le signe que, même dans une période incertaine, il y en a encore qui osent faire bouger les lignes, prennent des risques et croient en l'avenir. Et çà, c'est un signe rassurant pour une filière française trop longtemps encline au pessimisme.

Toutes les études le confirment : nous serons autour de 30 000 exploitations laitières en 2025. L'ouverture du marché nous l'impose. Nous avons encore le temps de nous y préparer, pourvu que nous nous posions les bonnes questions. Et la plus importante n'est pas le nombre mais le type d'exploitation : une restructuration « à la danoise » guidée par les apporteurs en capitaux, aujourd'hui les banques, demain les fonds de pension ? Ou une restructuration autour des hommes et des projets, « à la française », où l'homme apporte à la fois le capital et la force de travail ?

La France n'est pas le Danemark. Ne copions pas des modèles qui ne nous ressemblent pas. Mais démontrons que nous sommes capables de relever le défi. Et pour cela, quelques orientations fortes s'imposent.

Faire le pari des jeunes. Ils apportent leur dynamisme, leur ambition, ils sont plus que d'autres porteurs des valeurs de solidarité et d'humanisme.

Oser un vrai plan de modernisation de la filière laitière : la compétitivité, c'est à la fois des investissements productifs mais aussi qui améliorent les conditions de travail des producteurs. Nos concurrents européens utilisent à fond ces outils. Nous serons compétitifs, pourvu qu'on nous donne les mêmes armes.

Relever le défi de la formation au rôle de plus en plus complexe de chef d'entreprise agricole.

Rôle qui nécessitera des compétences toutes à la fois techniques, économiques, au management mais aussi, et c'est nouveau, commerciales parce que la fin des quotas nous oblige à nous intéresser aux marchés et qu'il ne suffit plus de produire. Encore faut-il savoir pour quels marchés et pour quels clients ?

Mais aussi restructurer nos filières d'élevage, héritage des « Trente Glorieuses », aujourd'hui trop nombreuses, concurrentes entre elles... mais au final payées par les éleveurs.

Une restructuration (ce n'est pas un gros mot !) « à la française » est possible. Il faut oser le dire, mais surtout il faut les hommes et les structures pour la porter. Alors, si le projet des 1 000 vaches peut être l'occasion de ce débat, il n'aura pas été inutile et pour le reste, laissons l'économie et l'avenir répondre à la question de sa pertinence.

UN LECTEUR RHÔNE-ALPIN

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