« Retrouver un esprit de conquête »
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La proposition de la FNPL d'instaurer une prime à la vache laitière dans le cadre de la nouvelle Pac me sidère. Le syndicalisme majoritaire semble penser que les éleveurs français sont incapables d'être compétitifs et donc qu'ils ne peuvent pas vivre sans aides. La FNPL devrait avoir compris que nous sommes dans une compétition économique internationale. Le maître mot aujourd'hui, c'est l'adaptation. Et les producteurs français ont énormément d'atouts à faire valoir.
Dans les bassins laitiers du nord et de l'ouest de la France, le climat est très favorable à l'élevage. On peut faire du maïs sans irrigation et avoir de bons rendements à l'herbe. La qualité sanitaire de notre lait est reconnue. Ce n'est pas par hasard que les Chinois veulent produire ici la poudre infantile dont ils ont besoin. Avec les ports, on dispose d'infrastructures performantes pour exporter. Aujourd'hui, 90 % des containers qui y passent repartent à vide vers l'Asie ! C'est une aberration, alors que c'est là-bas que se trouvent les marchés laitiers en croissance.
Nos voisins européens se préparent à cette expansion du marché et à la suppression des quotas. Ils annoncent des objectifs de hausse de leur production : 50 % de plus en Irlande, 25 % en Allemagne. Pourquoi la FNPL ne s'appuie-t-elle pas sur nos atouts pour relancer une dynamique ? Il faut rétablir la confiance des producteurs dans l'avenir et dans la vocation de la France à être un grand acteur dans l'exportation des produits laitiers.
La motivation des éleveurs français a été cassée par la gestion administrative des quotas, ce qui a eu un impact important sur le faible développement des outils industriels et des exploitations. Si la FNPL reste sur ce type d'orientations négatives, on risque une réelle dépression économique du secteur. Alors qu'en mettant nos atouts en avant, nous aiderions les producteurs à prendre conscience de leurs capacités.
Il faut améliorer notre productivité. Et mieux vaut travailler sur nos coûts de production que réduire les volumes. C'est le meilleur moyen de se préparer à affronter les futures crises. Une prime européenne ne résoudra rien. Elle aura pour effet de retarder la nécessaire adaptation de nos élevages et ainsi, de laisser le champ libre à nos concurrents.
L'histoire montre que ce sont toujours les pionniers qui font bouger les lignes. La FNPL doit abandonner sa vision conservatrice et assumer l'évolution vers une agriculture entrepreneuriale. Il faut retrouver l'esprit de conquête qui animait nos aînés dans les années soixante. C'est ce dynamisme qui manque aux éleveurs et que la FNPL devrait entretenir. C'est ce dynamisme qui nous permettra de nous développer et de créer des emplois productifs.
RONAN JACQUES, ÉLEVEUR DANS LE MORBIHAN
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