Des solutions en vue pour les producteurs lâchés par Lactalis
Après le choc de l’annonce, l’Unell se veut rassurante. Dans les zones Grand Est et Pays de la Loire concernées par les arrêts de collecte de Lactalis, elle proposera une solution pour chaque producteur d’ici à la fin de l’année.
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Depuis les annonces du 25 septembre de la réduction des volumes par Lactalis, l’Unell et ses organisations de producteurs (OP) membres se mobilisent afin de trouver des solutions pour les producteurs concernés par les arrêts de collecte. « En tant qu’union d’OP livrant à Lactalis détenant un mandat de négociation, il est de notre rôle de trouver un débouché pour la commercialisation du lait de tous nos adhérents. Les onze OP membres de l’Unell (5 200 exploitations, 3,1 milliards de litres) ont ainsi fait le choix de se structurer pour gérer cette crise de façon collective », souligne Yohann Serreau, son président.
L’Unell propose même d’intégrer dans la même démarche les producteurs hors OP qui le souhaitent. Son objectif : identifier et proposer une solution de commercialisation pour chaque producteur d’ici à la fin de l’année.
Un besoin de lait clairement identifié
Pour rappel, Lactalis veut réduire sa collecte de 450 Ml en cinq ans, afin d’être moins dépendant de marchés exports mal valorisés. Dans un premier temps, l’industriel rompra le contrat de 270 élevages laitiers conventionnels en 2026 après un préavis d’un an et de 19 élevages bio en 2027 (préavis de deux ans) pour un total de 160 Ml. Trois OP adhérentes de l’Unell sont concernées : 121 producteurs dans une zone sud Pays de la Loire, dont 94 adhérents de l’APLBL, et de l’OPLGO, pour un volume de 79 Ml ; et, dans la région Grand Est, 151 producteurs conventionnels, dont 109 adhérents Apllage, pour un volume de 76 Ml, auxquels s’ajoutent 19 producteurs bio.
Passé le choc de l’annonce, l’Unell a mis en place sans attendre un plan d’actions. La première étape a consisté à structurer sa démarche collectivement. L’Unell a ensuite confié la recherche de nouveaux débouchés pour l’ensemble des producteurs, y compris pour les producteurs hors Unell qui le souhaitent (en contrats individuels), au cabinet d’expert Triangle. Les contacts noués avec plus de 20 laiteries présentes sur les zones concernées ont d’ores et déjà permis d’évaluer leurs besoins de lait supplémentaires. Et les premiers retours sont de nature à rassurer les producteurs qui sont tenus informés chaque semaine de l’évolution du dossier. « Pour la zone ouest, la demande potentielle exprimée par les laiteries doit permettre de couvrir l’ensemble des volumes produits par les fermes concernées, indique Yohann Serreau. La situation est plus complexe dans le Grand Est : les débouchés potentiels auprès des opérateurs régionaux sont bien réels, mais la plus grande diversité des productions, des cahiers des charges et l’accessibilité des exploitations en zone de montagne complexifient l’organisation de nouveaux circuits de collecte. »
Mise en adéquation de l’offre et de la demande
En parallèle, les souhaits des producteurs ont été recueillis à travers plusieurs enquêtes. Il s’agit désormais de vérifier au cas par cas l’adéquation de l’offre et de la demande avant d’orienter des groupes d’éleveurs vers les laiteries les plus à même de répondre à leurs souhaits et à leurs contraintes, notamment vis-à-vis de cahiers des charges spécifiques. « Cette étape intègre également les producteurs bio de l’Est. L’objectif est d’identifier une solution pour chaque producteur d’ici à la fin de l’année, avant une mise en relation avec les potentiels acheteurs de manière collective début 2025. » Les discussions sont en cours et il est encore trop tôt pour dévoiler l’identité des acheteurs, mais les données macroéconomiques confirment que la demande est réelle de la part d’opérateurs qui cherchent à consolider leur collecte dans les deux zones.
« L’intérêt des industriels pour le lait des producteurs est rassurant »
Ce plan d’actions et d’accompagnement des éleveurs va donc se dérouler encore sur plusieurs mois. Dans tous les cas, Lactalis n’arrêtera pas ses collectes avant au moins un an. La dénonciation officielle des contrats sera notifiée aux producteurs par courrier à partir de janvier 2025 et, malgré la rudesse de son annonce, l’industriel se dit prêt à ajuster les préavis pour que les ruptures de contrats se fassent dans les meilleures conditions. Car, en pratique, lier une ferme à une laiterie n’est pas si simple. De nombreux paramètres entrent en compte tels que le volume que souhaitent acheter les laiteries, le délai auxquel elles seront prêtes à collecter, la disponibilité du lait des éleveurs, les zones et fréquences de collecte, les cahiers des charges…
« L’intérêt des industriels pour le lait des producteurs est rassurant. Nous avons encore 12 à 14 mois pour affiner les besoins de chacun afin d’aboutir à la contractualisation entre le producteur et son nouveau client. » Passé l’urgence, il sera alors temps de négocier avec le lavallois une prise en charge financière du coût de la situation qu’il a imposée, voire des indemnités pour rupture de contrat, à l’instar de celles négociées par les producteurs Danone du Sud-Ouest il y a moins de deux ans.
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