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« Les prix des produits laitiers ne baisseront pas » pour la Fnil

Encore et toujours des débats sur les indicateurs dans les formules de prix rapporte François-Xavier Huard, P.-D.G. de la Fédération nationale de l’industrie laitière (Fnil), en conférence de presse le 24 septembre, avant de dénoncer un Comité de règlement des différends commerciaux agricoles qui « menace le droit des affaires ».

Des éleveurs laitiers bien lotis, une consommation qui se tient en volume, la Fédération nationale de l’industrie laitière prévoit un maintien des prix, et surtout de ses marges, dans les prochaines négociations commerciales, avec comme musique de fond la décarbonation et la compétitivité de la filière.

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« Face à une demande de baisse de tarifs de 5 %, que l’on peut parfois entendre, de la part de la GMS », François-Xavier Huard, PDG de la Fédération nationale de l’industrie laitière (Fnil), espère a minima « une stabilisation » des prix dans les futures négociations commerciales avec la distribution. Le 24 septembre, lors d’une conférence de presse, il faisait le point sur les questions actuelles des industriels à un moment « où la filière est à la croisée des chemins ». Cette stabilisation « devrait être suffisante pour conserver nos marges » et pour « stabiliser le prix au producteur », dans un contexte « de non-déconsommation des produits laitiers », continue-t-il. Il évoque sans détour « une marge des éleveurs aujourd’hui très élevée » et cite, en exemple, « en moyenne, un résultat net avant impôt des éleveurs laitiers en 2022 de 54 000 € (1). Je ne crois pas que la marge des éleveurs redescende. La Milc n’a jamais été aussi élevée depuis 2012. La situation en élevage est unanimement reconnue pour être satisfaisante ». Et de continuer : « Les prix des produits laitiers ne reviendront pas au prix d’avant Covid. La demande est là. »

Une décarbonation, « levier de compétitivité »

Face à des échos de baisse de la part des distributeurs pour préserver le pouvoir d’achat du consommateur, François-Xavier Huard estime « que certains veulent revenir à une destruction de valeurs dans les filières alimentaires » alors que l’« on a coconstruit depuis trois-quatre ans ». Surtout, il met en avant les investissements réalisés dans le cadre de la décarbonation pour un montant évalué à près d’un milliard d’euros. « La décarbonation est de plus en plus un sujet dans les box de négociation », avance-t-il, avant de spécifier que « la matière première industrielle (MPI) a été la grande absente depuis deux ans », au profit finalement de la matière première agricole (MPA). Sur le fond, « il n’y a pas d’obligation légale » à atteindre des objectifs de décarbonation, mais « l’idée est d’en faire un levier de compétitivité ». Et la compétitivité des industriels est régulièrement revenue sur le tapis, avec une France qui perd en capacité d’exportation. « Si les laiteries et les éleveurs prennent leur part dans la décarbonation, il faut aussi que les consommateurs prennent leur part, y compris les pouvoirs publics », souligne-t-il. À la question du pouvoir d’achat du consommateur, plutôt en baisse aujourd’hui, pour un produit laitier décarboné, il répond : « Le citoyen est très demandeur de cela [la décarbonation, NDLR]. Le consommateur peut avoir des attentes différentes. »

La CRDCA « menace le droit des affaires »

« La filière laitière a besoin de stabilité. Elle n’a pas besoin d’une énième loi Egalim. Il s’agit déjà de faire respecter l’existant, comme pour la question des centrales d’achat européennes », s’insurge-t-il, avant de citer l’annonce toute fraîche de l’arrivée d’Intermarché, Casino et Auchan au sein de la centrale d’achat européenne Everest (retrait de la Coopérative U). Il aborde frontalement « une dérive » du Comité de règlement des différends commerciaux agricoles (CRDCA) « à dire le droit sans contrôle », en allant « au-delà de son seul périmètre d’application », et ainsi « à menacer le droit des affaires. Cela l’amène à prendre des orientations qui vont au-delà des lois Egalim ». De plus, « la CRDCA est une commission qui ne rend de compte à personne » alors que « ses décisions sont exécutoires ». Le président de la Fnil dénonce un délai conséquent quant à un possible appel suite à la décision de la CRDCA. Le nœud du problème réside dans les formules de prix avec les producteurs et notamment certains indicateurs. À ce sujet, il s’exclame : « Moi, je ne crois pas à un prix du lait avec une formule purement administrative » et « s’entendre sur des indicateurs, c’est s’entendre sur un prix », ce qui va à l’encontre de l’Autorité de la concurrence. Il cite en exemple l’indicateur du prix de revient, publié par le Cniel et construit par l’Idele. « Nous étions d’accord sur une méthode globale en 2019. Mais la pratique de cet indicateur diverge et pose plusieurs questions », selon lui. Il évoque la représentativité de l’échantillon (environ 14 % des éleveurs), la prise en compte des coûts de production trop tardive avec un décalage de deux ans, un échantillon instable avec des exploitations tournantes et des comptabilités clôturées trop tôt dans l’année pour 2023.

(1) Source : Réseau d’information comptable agricole, RICA.

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