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Jean-François le meur « La réussite deséleveurs, c’est ce qui nous motive »

Dans l’Ouest, Elvup (nouveau nom d’Orne Conseil Élevage) est l’un des rares organismes d’élevage à ne pas avoir fusionné avec ses voisins. Il se dit ouvert à cette évolution, à condition qu’elle préserve la proximité avec les adhérents, primordiale à ses yeux.

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Est-ce durable de continuer à travailler sur un seul département alors que le nombre d’élevages laitiers diminue ?

Jean-François Le Meur : Nous enregistrons une baisse du nombre d’adhérents de 6 à 7 % en deux ans, pas des besoins en services et conseils. Le nombre d’heures de conseils vendus ne diminue pas. En revanche, la demande évolue. À nous de nous adapter et de montrer à nos 1100 adhérents l’intérêt économique de ce que nous proposons. Le but d’Elvup, notre nouveau nom, est d’aider à leur réussite. La taille de notre organisme n’est pas aujourd’hui un facteur limitant. La proximité qu’elle permet avec les adhérents est, selon nous, primordiale pour bien répondre à leurs attentes.

Vous avez pourtant fait face à une année déficitaire.

J.-F. Le M. : C’est vrai, mais l’année 2017 sera à l’équilibre, l’exercice 2018 le sera aussi. Dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi, l’équipe de salariés a été réorganisée. Les tarifs n’ont pas augmenté depuis 2015. Ils devraient l’être un peu en 2018. L’unique changement concerne la facturation des pesées qui est désormais sur le temps passé de l’agent. Il faut avoir à l’esprit que les subventions ne représentent plus que 2 % de notre produit. Notre politique est de vendre le conseil à son coût de revient. Il doit être de haut niveau pour que les éleveurs soient prêts à le financer. Rappelons que l’enjeu est pour le seul coût alimentaire de 20 à 30 €/1 000 litres, à comparer à un coût du conseil de 2 à 3 €/1 000 litres.

En suspendant en juin le projet de fusion bien avancé avec Littoral Normand, pensez-vous que l’échelle départementale est le modèle économique le plus approprié ?

J.-F. Le M. : Je suis ouvert à une fusion ou à toute autre forme d’alliance si elle est un moyen de se renforcer mutuellement aux bénéfices des éleveurs. Le projet avec Littoral Normand est ambitieux. Le cadre politique est établi et partagé. Les aspects de fonctionnement et d’organisation réclament en effet quelques approfondissements et travaux complémentaires.

Dans l’Ouest, les entreprises de sélection, les GDS, vos collègues, etc. regroupent leurs données en vue de créer de nouveaux services. Elvup n’y est pas. Ne craignez-vous pas de vous retrouver isolé ?

J.-F. Le M. : Nous n’en ressentons pas aujourd’hui le besoin. Il y a deux ans, Elvup a choisi d’investir dans la maîtrise de la totalité de son système d’information qui, jusque-là, était en commun avec l’Arsoe. Nous pouvons en extraire facilement des données pour sortir rapidement des indicateurs que nous jugeons utiles pour les éleveurs. Le dernier en date est celui de l’acidose, calculé à l’échelle du troupeau et par groupe d’animaux. Cette internalisation ne signifie pas repliement. Notre système d’information est conçu pour échanger des données avec d’autres opérateurs de l’élevage, avec accord préalable des éleveurs bien sûr. Parallèlement, Elvup poursuit la transformation digitale, initiée avec trois autres contrôles laitiers des Pays de la Loire et du Centre. Depuis cinq ans, nos adhérents peuvent en effet piloter leur troupeau de leur smartphone. Cette application va s’enrichir de la saisie des naissances et des mouvements d’animaux, et être étendue à la Normandie, les Pays de la Loire et une partie du Centre… Preuve que nous travaillons en réseau !

À terme, Elvup ne risque-t-il pas d’être confronté à la concurrence d’autres organismes de conseil en élevage ?

J.-F. Le M. : On se doit désormais d’intégrer l’éventualité d’une concurrence interorganisme. Les organismes de contrôle de performance officiels sont agréés pour leur zone jusqu’à la fin 2019. Les pouvoirs publics ne prévoient pas un nouvel appel d’offres. Si la concurrence se développe mais avec un modèle économique déloyal, c’est-à-dire un service vendu sous le coût de revient, nous nous mettrons en ordre de marche par rapport à ces nouvelles conditions de marché, avec toujours à l’esprit la création de valeur ajoutée pour les éleveurs.

Propos recueillis par Claire Hue

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