5,1 € pour dégager 1 € d'EBE en lait, et même 7 € en viande
Âge et taux de renouvellement des éleveurs, nombre, type et coût des installations, rentabilité de l'activité, temps de travail... en vidéo, l'attractivité du métier d'éleveur en question et quelques chiffres-clés.
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Premier chiffre : l'âge des éleveurs bovins. Il est un peu plus élevé en viande qu'en lait : 50 % dépassent 50 ans en 2020 contre 47 %. À l'inverse, le pourcentage de jeunes agriculteurs est plus important en allaitant : 35 % sont âgés de moins de 40 ans versus 30 % en vaches laitières. Rappelons que 50 % des exploitants qui élevaient des ruminants en 2018 auront quitté le métier en 2027 (retraite ou départ précoce).
Installations en chute comparé aux décennies précédentes
Inversement, 2 000 jeunes éleveurs s'installent chaque année en production laitière et 1 600 en viande (période 2000 à 2019). Un taux d'installation en élevage bovin très inférieur aux décennies précédentes. La part réalisée en hors cadre familial, elle, augmente de près de 10 points en ruminants pour atteindre 28 %, et quasiment le même pourcentage pour la filière bovine laitière et allaitante : 24 et 25 % respectivement.
De même que celle des femmes dans ces élevages, qui s'avère légèrement supérieur en lait : 36 %, 3 points de plus qu'en viande. Les créations/reprises sont également plus nombreuses en individuel en vaches laitières : 23 % vs 18 %. En bovin viande, elles s'effectuent plutôt au sein de collectif de travail de plus de 2,8 ETP, en Gaec, avec un cheptel de 130 VA en moyenne ; ou seul, dans de petites exploitations, souvent en double activité (50 % des installations) au moins provisoirement le temps de conforter la structure.
Taux de renouvellement : les deux plus faibles en élevage
Autres données intéressantes, même si elles concernent l'ensemble des ruminants : en 1985, 30 % des fils et filles d'éleveurs choisissaient la même profession que leurs parents, un chiffre en baisse en 2020 pour les fils mais stable depuis 10 ans (25 %), et en fort recul pour les filles (seulement 5 %). Au global, 43 % des agricultrices sont éleveuses (un pourcentage plus haut qu'en productions végétales).
Quel taux de renouvellement des éleveurs ? Faible dans les deux filières (par rapport aux 80 % enregistrés dans l'agriculture en général), avec un écart de 10 points néanmoins en faveur de la viande (50 %) comparé au lait (40 %), du fait notamment de reconversions de fermes laitières vers ce type d'atelier. Cependant, il a perdu 18 points depuis 2017 en allaitant et 10 en production laitière (à part en zone AOP fromagère de montagne où il parvient à mieux se maintenir), l'illustration du phénomène actuel de décapitalisation.
Manque de rentabilité surtout en bovin viande
Conséquence du manque de rentabilité de ces deux activités : les bovins viande arrivent en queue de classement, avec un résultat courant avant impôt par UTA (unité de travail annuel) de 18 000 €, suivis des ovins/caprins, puis des vaches laitières où il est multiplié par deux (35 000 €). À titre de comparaison : il s'élève à 50 000 € en grandes cultures. Le coût des installations a aussi un impact notable. En lait, il faut engager un capital de plus de 1 000 €/1000 l et compter 80 €/1000 l d'annuités d'emprunt.
En viande, 375 000 € d'actifs sont immolisés par unité de main-d'œuvre (UMO), hors foncier, près de la moitié correspondant au cheptel, par rapport à 318 000 € pour un atelier lait. 2 € d'actif supplémentaire sont nécessaires pour dégager 1 € d'EBE (précisément 7 € et 5,1 € d'actifs/1 € d'EBE pour ces deux productions respectives, au regard des 3,3 € requis en caprin). Le temps de travail pèse lui aussi. 43 % des éleveurs de vaches laitières et 56 % d'allaitantes se libèrent moins de deux jours consécutifs par an. Les producteurs de bovins viande prennent, en moyenne annuellement, deux jours de congés en moins.
Perte de main-d'œuvre
Globalement, la main-d'œuvre a reculé de 27 % dans la filière laitière en 10 ans (2010 à 2020) et de 16 % en allaitant (pour comparer : - 20 % pour les ruminants et - 11 % pour le secteur agricole). Parallèlement, le nombre d'exploitation a chuté de 33 et 19 % (24 % en ruminants, 20 % en agriculture et 9 % pour les structures sans aucun herbivore).
L'élevage de ruminants représente, au total, 37 % des exploitations françaises et 50 % de la main-d'oeuvre familiale mais génère plus de 500 000 emplois directs et indirects dans les territoires. Le salariat en fermes progresse de 15 % et équivaut à 14 % des ETP. Une part grimpant à 20 % en vaches laitières, alors qu'elle n'était que de 3 % en 2000, en raison de l'agrandissement des troupeaux et du recul de la main-d'oeuvre familiale.
En 2000, on dénombre 29 % d'éleveurs employeurs : + 10 % en 10 ans et + 30 % d'exploitations employant directement des salariés. Ces derniers ne sont que 7 % à s'installer en élevage. Laissons, pour finir, la parole à la nouvelle génération : 93 % des lycéens agricoles estiment le métier d'éleveur passionnant, mais ils ne sont que 14 % à entrevoir de bonnes perspectives d'embauche. A contrario, 42 % jugent comme tel la profession de salarié en élevage et 52 % de la même manière les opportunités d'emploi qu'elle offre.
Source : dossier des techniques de l'élevage n°7 de l'Idele
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