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De la fauche au silo : limiter les pertes et préserver la qualité du fourrage

Pour mettre toutes les chances de son côté dès la fauche, « le mieux, c’est d’attaquer à faucher dès la disparition de la rosée, pour ne pas piéger l’eau dans les andains, et à une hauteur de fauche à 7 ou 8 cm », déclare Sylvère Gelineau.

Jusqu'à 15% de pertes en volume et 2 points de MAT perdus lors des opérations mécaniques, à la récolte du fourrage. Ensilage, foin, enrubannage, les conseils pour optimiser la récolte et la conservation du fourrage.

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A l’occasion du sommet de l’élevage, Sylvère Gelineau, ingénieur en agronomie et productions fourragères pour Arvalis, a animé une conférence visant à rappeler les bonnes pratiques de récolte et de conservation des fourrages.

Des sources de pertes multiples

Les pertes au champ - qui sont des pertes mécaniques - concernent notamment les pertes de feuilles. Cela implique des pertes quantitatives mais aussi qualitatives. Les pertes en quantité peuvent parfois représenter plus de 15 % du volume, alors que les pertes en qualité peuvent s’élever jusqu’à 2 points de MAT en moins sur la valeur fourragère.

Deuxième source de perte de fourrage, ou de valeur fourragère : la mauvaise conservation peut causer des dégâts allant jusqu'à 15 % du volume en raison de moisissures ou autres pourritures. La qualité fourragère est, quant à elle, tout aussi vulnérable à ces aléas.

Les enjeux ne sont pas les mêmes selon le type de fourrage : l’ensilage est davantage sujet aux pertes à la conservation, alors que le foin est plus enclin à causer des pertes mécaniques. « L’ensilage est moins sensible aux pertes mécaniques tout simplement parce qu’il y a moins d’interventions », explique Sylvère Gelineau.

Intervenir au bon moment

Pour mettre toutes les chances de son côté dès la fauche, « le mieux, c’est d’attaquer à faucher dès la disparition de la rosée, pour ne pas piéger l’eau dans les andains, et à une hauteur de fauche à 7 ou 8 cm », déclare Sylvère Gelineau.

La largeur de l’andain à un impact non négligeable sur la vitesse de séchage. « Naturellement, plus celui-ci va être serré, plus le temps de séchage sera long. Etaler les andains favorise le séchage, mais c’est plus ou moins faisable selon l’intervention de reprise », lance Sylvère Gelineau. Le conditionneur, quant à lui, ne présente pas de réel intérêt pour l’ensilage. Son intérêt, surtout notable pour une récolte en foin ou en enrubannage, est variable en fonction de l’espèce fourragère et de la météo.

Pour les opérations de fanage et d’andainage, « intervenir sur un fourrage encore humide ou ré-humidifié est un réel enjeu de quantité et qualité ». Inévitablement, plus le fourrage est sec lors de ces opérations, plus il y aura un risque de pertes de feuilles. « Sur une deuxième coupe de luzerne, on observe des pertes en kg de MS/ha de l’ordre de 13% pour un andainage réalisé le matin, contre des pertes qui grimpent à 28% pour une opération équivalente réalisée l’après-midi. Les pertes en termes de qualité vont de pair avec celles-ci. On perd 0,4 point de protéines pour un andainage matinal, contre 1,8 point en intervenant l’après-midi », détaille Sylvère Gelineau. Sur un fourrage sensible et / ou sec, il est conseillé de réduire la vitesse du tracteur et de la prise de force à 350 – 450 tours / min.

Le fanage et l’andainage sont les interventions où le risque d’incorporer de la terre dans le fourrage est le plus présent. Cette contamination va particulièrement favoriser la propagation des butyriques, le risque est d’autant plus élevé lorsque la conservation se fait par voie humide (enrubannage ou ensilage). Selon l’andaineur utilisé, le risque de contamination va être plus moins élevé.

Bonnes pratiques de conservation

Au moment de l’ensilage ou de l’enrubannage, il est préférable d’adapter le taux de MS du fourrage en fonction du fourrage et du mode de conservation adopté.

« Les graminées ont plus de sucres fermentescibles que les légumineuses, c’est pourquoi les légumineuses sont plus difficiles à conserver par voie humide. Moins riches en sucres et en eau, la diminution du pH est plus compliquée à obtenir », explique Sylvère Gelineau.

Le bon tassage du silo est primordial pour optimiser les chances d’une conservation sans accroc. « Le tassement doit être idéalement opéré par couches fines, de 10 cm environ, avec un engin lourd aux pneus gonflés. Il faut compter 400 kg d’engin tasseur par tonne livrée à l’heure ». Plus la porosité du silo est importante, plus il est nécessaire d’assurer une vitesse de désilage suffisamment rapide pour éviter les échauffement (pertes de MS).

A l’ouverture du silo, un désilage de l’ordre de 10 à 20 cm par jour parait approprié pour limiter les pertes par échauffement.  

Les conservateurs, utiles mais pas magiques

Des additifs d’ensilage, les conservateurs, sont utilisés dans l’objectif de limiter les pertes qualitatives à la conservation. Mais Sylvère Gelineau insiste : « le conservateur sert à sécuriser les fourrages à risque, et non à compenser des négligences lors du chantier de récolte ».

Selon les conservateurs utilisés, biologiques - qui sont des bactéries - ou chimiques - sous forme d’acide -, le mode d’action diffère mais les objectifs sont les mêmes : une baisse rapide du pH et une stabilité aérobique.

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