Les stocks d’herbe sont limités avant l’arrière-saison
Après deux campagnes très favorables à la pousse de l’herbe, les prairies ont globalement souffert du manque d’eau. Ces conditions météo ont néanmoins permis d’aller chercher un fourrage de meilleure qualité au printemps.
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La campagne 2025 se caractérise d’abord par des conditions météo beaucoup plus séchantes que les deux précédentes au printemps, avec un démarrage plus tardif des prairies et une explosion d’herbe globalement de moindre ampleur.
Dans les Hauts-de-France, la pousse de l’herbe pâtit d’un manque d’eau dès la sortie d’hiver, accentuée par des vents froid et sec. Éleveur herbager bio, dans le Boulonnais, sur le littoral du Pas-de-Calais, François Dumont a relevé sur sa ferme une pluviométrie de seulement 16 mm en mars, 25 mm en avril et 28 mm en mai, « nous courons après l’herbe depuis le mois de mars, explique-t-il. Les pluies de juillet (80 mm) ont maintenu une certaine verdure. Mais avec seulement 4 mm au cours du mois d’août, il a fallu affourager le troupeau 100 % à l’auge. Dans ce contexte, j’ai dû sécuriser les stocks avec l’achat de 40 balles de luzerne déshydratée et j’espère maintenant pouvoir valoriser les repousses d’automne avec les fraîches vêlées. »
Une herbe de printemps plus riche en sucre
Dans le département voisin du Nord, plus précisément dans le bocage de l’Avesnois, les relevés d’ACE (Avenir Conseil Élevage) enregistrent une pousse d’herbe cumulée du 15 mars au 7 juillet de seulement 3,6 t de MS par ha, soit une baisse de 35 % par rapport à 2024. La Bretagne a également maqué d’eau entre mars et juillet. La baisse de rendement y est cependant de moindre ampleur : -18 % de pousse cumulée entre mars et juillet, par rapport à la moyenne des quinze dernières années, selon l’observatoire des chambres d’agriculture. Le schéma est un peu différent en Lorraine, où ce sont des conditions humides et froides en sorties d’hiver, avec des gelées nocturnes tardives, qui ont d’abord retardé le démarrage des prairies, avant le retour de conditions plus douces : l’observatoire régional des chambres d’agriculture a relevé une pousse d’herbe de 20 à 30 kg de MS/ha/j au mois avril, avant un pic d’une dizaine de jours début mai (80 kg de MS/ha/j).
Ce recul plus ou moins marqué tend néanmoins à confirmer un adage : moins de volume, plus de qualité. « Disposant de stocks encore conséquents de 2024, tant en enrubannage qu’en ensilage, de nombreux éleveurs ont profité des fenêtres météo disponibles pour aller chercher la qualité de récoltes précoces, voir très précoces », commente Lionel Vivenot, conseiller d’élevage à l’Union laitière de la Meuse. Les premiers retours d’analyses de la coopérative font état d’un gain moyen de 5 % d’UFL sur les premières coupes ensilées, avec une très bonne digestibilité et une faible teneur en matières minérales (pas de terre) propice à une bonne conservation. Les fauches de prairies réalisées dans le département autour du 10 avril affichent même une moyenne de 0,98 UFL et 16,8 % de MAT. Si le rendement n’excédait pas 2,5 t de MS/ha à cette date, ces récoltes très précoces ont laissé un temps de repousse suffisant pour une deuxième coupe, voire une troisième, sur prairies temporaires avant un coup de sec intervenu dès la fin juin.
Situation en altitude
En altitude, la douceur hivernale et des précipitations certes faibles mais régulières au printemps ont offert une portance favorable à la mise à l’herbe et aux fenaisons. Des conditions de travail jugées exceptionnelles, par Stéphanie Lachavanne, conseillère fourrage à la chambre d’agriculture des deux Savoies : « Avec un hiver doux et une herbe plus en avance que d’habitude, le début de saison s’est très bien passé jusqu’au mois de juin, explique-t-elle. Cette météo a permis de profiter des fenêtres météo disponibles pour récolter une herbe riche en sucre, de bien meilleure qualité qu’en 2024. Certains n’ont pas hésité à faner fin avril, une coupe ultra-précoce pour nous, avec un bon compromis entre quantité et qualité. » Le constat est proche dans le Puy-de-Dôme : « Profitant des stocks de 2024, les éleveurs ont saisi des fenêtres météo disponibles tôt en saison, pour réaliser des premières coupes avec moins de volumes, mais avec un fourrage plus riche qu’en 2024 », observe Benoît Dallery, conseiller fourrages de la chambre d’agriculture.
À l’instar de la plupart des régions françaises, le département a ensuite souffert de la canicule du mois d’août, au cours duquel les éleveurs ont souvent dû affourager 100 % à l’auge, grâce à des stocks de report importants. Heureusement, les pluies de la deuxième quinzaine de juillet, ont permis de reverdir les prairies (et de sécuriser les maïs ensilage dans le même temps). Pas suffisamment pour relancer la pousse d’herbe estivale, mais assez pour reconstituer des réserves et pouvoir miser sur des repousses d’arrière-saison, « à condition d’avoir laissé les prairies au repos pendant cet épisode caniculaire, rappelle Didier Deleau, conseiller à la chambre d’agriculture du Grand Est. Maintenir des animaux dans des pâtures grillées, même avec un chargement très faible pénalise fortement les repousses. » Dans ces conditions, la préconisation reste de sacrifier une parcelle dite « parking », pour laisser la possibilité aux autres prairies de reconstituer leurs réserves. Le gain attendu sur la vitesse de repousse est de quinze jours dès le retour des pluies.
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