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Bien choisir son RGI pour booster les stocks

RGI non alternatifs. Ne montant pas à épis la première année lors d'un semis de printemps, ils offrent une herbe feuillue de qualité. Les arrière-saisons de plus en plus douces incitent aussi à miser sur ces variétés lors de semis d'été.

Les graminées de courte durée répondent à un objectif d’intensification fourragère. Dès lors, mieux appréhender le comportement des différentes variétés est un moyen d’aller chercher de la performance.

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Les espèces prairiales de courtes et de moyennes durées enregistrent, pour certaines, une croissance des ventes à deux chiffres. Les ray-grass d’Italie (RGI), bien connus pour leur adaptation à tout type de sol, leur qualité alimentaire et leur productivité, répondent à une logique d’intensification fourragère des systèmes laitiers de plaine. Dans des systèmes herbagers, ils permettent aussi une mise à l’herbe tôt en saison, un mois avant une prairie naturelle, et assurent une bonne production d’arrière-saison.

Mais leurs caractéristiques restent encore méconnues. « Or il y a des gains de rendements à aller chercher en étant plus précis dans le choix d’une variété en fonction de son mode d’exploitation », rappelle Patrice Pierre, ingénieur fourrages et pastoralisme à l’Institut de l’élevage (Idele). Pour mémoire, le choix d’une variété inscrite au catalogue français (à défaut, européen), identifiée par une étiquette bleue sur les sacs, apporte une garantie de sécurité minimale sur les critères de rendement, de qualité ou de résistance aux maladies.

Des tétraploïdes plus difficiles à sécher

Rappelons, dans un premier temps, quelques définitions.

La ploïdie : les variétés tétraploïdes ont un nombre de chromosomes multiplié par deux (4 n chromosomes). Cela se traduit par des cellules plus grosses et une teneur en eau plus importante qui leur confèrent une meilleure appétence au pâturage que les diploïdes.

Les diploïdes, du fait de leur port dressé et de leur teneur en MS plus élevée, sont plus faciles à faucher : « Elles requièrent de douze à quarante-huit heures de temps de séchage en moins, souligne Pierre Vallin, ingénieur cultures fourragères chez RAGT. Cet aspect est surtout intéressant dans le nord de la France même si, avec des ensilages de maïs plus secs, les tétraploïdes y trouvent un intérêt grandissant pour la fauche. »

L’alternativité : une variété alternative épie dès la première année du semis, lors d’un semis de printemps. Une non-alternative aura besoin de vernalisation, une période de froid et de jours courts, pour épier. Il s’agit d’un critère de choix déterminant d’un RGI.

Des RGI alternatifs plus tardifs

Les RGI alternatifs ont une durée de vie de six mois à un an. Le choix d’une variété diploïde permet de bénéficier de leur vitesse d’implantation pour constituer rapidement des stocks (foin, ensilage ou enrubannage), « seulement deux à trois mois après un semis au début du printemps, c’est la seule espèce capable de produire une grosse coupe de 4 à 5 tonnes de MS avant le coup de sec », souligne Julien Greffier, chef de produits fourrages chez Limagrain. Généralement, les variétés de très courte durée produiront ensuite peu de repousses.

RGI alternatifs. Ils sont mieux adaptés à des semis tardifs d'automne. Leur explosivité permettra ensuite de miser sur des coupes précoces de printemps. (© THIERRY PASQUET )

Avec un semis de fin d’été, une coupe enrubannée de 2 à 3 tMS/ha ou un cycle de pâturage pourra être réalisé avant l’hiver, avant une exploitation précoce au printemps suivant. Cependant, si l’on mise sur une grosse coupe ensilée en sortie d’hiver, un semis d’automne un peu plus tardif est préférable et même possible après un chantier de maïs lorsque les conditions le permettent. « Les variétés alternatives sont plus vives en sortie d’hiver et permettront alors de dégager la terre plus tôt avant le semis d’un maïs », recommande Charlène Le Guichet, conseillère chez RAGT en Bretagne. Dans ce cas, les variétés de courte durée se révèlent souvent trop agressives en association pour laisser s’exprimer les légumineuses.

Des RGI non alternatifs plus souples d’utilisation

Avec des semis d’été, après une céréale à paille, les RGI alternatifs présentent le risque d’une montée rapide à épis épuisant les réserves de la plante (lire ci-après le témoignage à la ferme de Poisy). Compte tenu d’automnes de plus en plus doux, le même risque de montée à épis existe avec des semis fin août début septembre, avec une chute rapide de la qualité et une plante qui sera beaucoup moins présente en sortie d’hiver. D’où une tendance à utiliser des variétés non alternatives plus pérennes (de 18 à 24 mois) à cette période pour une exploitation de courte durée. « Comme elles ne font que de la feuille la première année, elles offrent une plage de semis plus large », souligne Charlène Le Guichet.

Semée au printemps, une variété tétraploïde est conseillée pour une valorisation au pâturage, un fauchage printanier qualitatif, ou en affouragement. En fin d’été, une exploitation est possible avant l’hiver et même durant une partie de l’hiver en zone au climat doux. Leur prix est plus élevé que celui des variétés alternatives. « Pour réduire les coûts, des éleveurs n’hésitent pas à conserver une bande jusqu’à maturité qu’ils récoltent à la moissonneuse, produisant ainsi leurs semences fermières de RGI, mais aussi de RGH et de trèfle violet », constate Patrice Pierre.

Des trèfles peu présents en fauche précoce

L’association avec une légumineuse, outre l’intérêt azoté, tamponne également la baisse progressive de valeur alimentaire de la graminée. L’agressivité du trèfle incarnat en fait un partenaire idéal d’association d’une prairie de fauche de courte durée, à raison de 10 à 12 kg/ha au semis. Là aussi, s’il est semé trop tôt en fin d’été et que les boutons floraux apparaissent alors qu’il est exploité avant l’hiver, il ne remontera pas au printemps suivant. Il est multicoupe à condition de l’exploiter à un stade jeune. Le trèfle d’Alexandrie s’implante rapidement et s’adapte à tout type de sol, avec une bonne résistance à la chaleur. Mais, il est sensible au froid. Semences de France propose une nouvelle variété tolérante, Frosty, adaptée à un semis d’automne pour une exploitation à partir du printemps.

Avec les RGI non alternatifs, le trèfle violet s’accordera parfaitement à une dose de 8 à 10 kg/ha. Remontant et plus pérenne, il améliorera la productivité et la qualité de la prairie. Dans les deux cas, le RGI sera semé à moitié dose. Enfin, parmi les espèces d’accompagnement, citons aussi : le trèfle squarosum, de valeur alimentaire moyenne, tolérant au froid, aux sols acides, il se développe bien en mélange ; le trèfle de Micheli, également adapté aux sols acides, il est peu présent à l’automne, mais explosif en sortie d’hiver et de bonne valeur alimentaire. Pierre Vallin, ingénieur fourrages chez RAGT, rappelle que l’intérêt d’une association avec un RGI dépend de la stratégie : « Dans le cadre d’une exploitation en fauche précoce, l’agressivité du RGI laissera peu de lumière au trèfle qui sera peu présent. Moins précoces, les variétés non alternatives le laisseront davantage s’exprimer. Le choix dépend aussi de la stratégie de fertilisation, précise-t-il. Si j’ai beaucoup de fumier ou de lisier à épandre en sortie d’hiver sur ces surfaces, la présence de trèfle n’est pas adaptée, car l’azote va accentuer la différence de précocité avec la graminée. »

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