Du volume mais moins de MAT pour l'ensilage d'herbe 2024
L’humidité a permis de multiplier les chantiers au fil de la saison et de remplir les silos, mais avec un fourrage moins riche en azote et en énergie qu’en 2023.
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En Lorraine, plus précisément dans la Meuse, les analyses de l’Union laitière de la Meuse (ULM) indiquent que des éleveurs qui ont pu profiter d’un démarrage précoce et d’une météo favorable début avril pour réaliser des premières coupes de prairies naturelles ont rentré un fourrage de bonne valeur (voir l'infographie ci-dessous), avec des rendements à cette période de l’ordre de 2 t de MS/ha. La météo a ensuite viré à l’humide et au froid, jusqu’au 23 avril où de courtes fenêtres météo ont permis d’ensiler une herbe de valeur encore très correcte : les coupes de ray-grass réalisées à cette période affichent des valeurs moyennes de 28 % de MS, 0,89 UFL et 14,7 % de MAT.
Les conditions météo ont ensuite provoqué le report de la majorité des chantiers mi-mai, jusqu’à fin mai pour les plus tardifs, avec une baisse continue des valeurs azotées et énergétiques. « Ces chantiers ont permis de remplir les silos. Mais, par rapport à 2023, les ensilages ont en moyenne une MAT en recul de 25 % et des valeurs UFL 10 % plus basses », commente Lionel Vivenot, conseiller élevage laitier à l’ULM. Dans ces conditions, les conseillers de la coopérative ont incité à faner pour sécuriser la matière sèche et ainsi prévenir les pertes par jus, mais aussi les risques sanitaires. En effet, les pluies abondantes ont pu souiller l’herbe avec de la terre, comme l’indiquent les taux de matières minérales de plus de 10 %. « De façon générale, il ne faut pas hésiter à viser 35 à 45 % de MS. Un fourrage plus sec est aussi un moyen de limiter le développement des spores butyriques. »
En Normandie, des dérobées en deçà des objectifs
En Normandie, le volume est aussi au rendez-vous, d’autant que la pousse d’herbe laisse entrevoir des coupes d’automne. Dans une logique d’autonomie protéique, la tendance est de miser sur les associations de type RGI-trèfle ou seigle-vesce. Ensilées vers le 15 avril, ces dérobées ont des rendements un peu en retrait par rapport à 2023 : de 4 à 5 t de MS/ha, d’après les suivis réalisés par Littoral Normand. « Cette campagne se caractérise par un hiver froid et humide qui a entraîné beaucoup de lessivages d’azote et donc un peu moins de volume et de MAT », analyse Olivier Leray, conseiller fourrages de Littoral Normand. Les analyses réalisées après ouverture de silos révèlent des valeurs de 13,5 % de MAT qui nécessiteront de corriger le fourrage, avant même de corriger la ration (objectif ration vaches laitières 15 %).
Les conditions peu poussantes du printemps n’auront pas permis de débrayer beaucoup de prairies du cycle de pâturage pour la fauche en première coupe. En revanche, des secondes coupes de prairie ensilée en juin ont des valeurs bien adaptées au rationnement des laitières : de 14,5 à 16 % de MAT et 0,96 UFL. « La pousse d’herbe régulière, sans période de sécheresse, a été favorable au volume. Mais il faudra cette année compléter davantage en azote en énergie, car si les rendements du maïs sont prometteurs, leur teneur en amidon apparaît en retrait », analyse le conseiller.
Des regains à 12,9 % dans le Puy-de-Dôme
Dans le Puy-de-Dôme, la campagne se caractérise par des chantiers étalés au fil de la saison, en raison d’une pluviométrie abondante. D’après une vingtaine d’analyses réalisées par la Fidocl, les premières coupes précoces de plaine début mai affichent de bonnes valeurs alimentaires : 14,9 % de MAT, pour 0,87 UFL et 27 % de MS.
En altitude, les premières coupes de prairies autour du 9 juin ont des valeurs de 13,4 % de MAT et 0,81 UFL. Avec la multiplication de petits chantiers, l’enrubannage s’est révélé particulièrement adapté. Des premières coupes enrubannées de type RGI-trèfle incarnat affichent des valeurs intéressantes de 13,6 % de MAT et 0,87 UFL, « mais, avec des taux de MS parfois inférieurs à 50 % qui présentent un risque sanitaire pour l’alimentation des troupeaux laitiers, prévient Jean Zapata, conseiller fourrages de l’organisme de conseil. Globalement, les rendements sont bons, grâce à des deuxièmes, voire des troisièmes coupes. Mais les premiers retours d’analyses de regain avec des MAT de seulement 12,9 % indiquent que les rations hivernales devront être corrigées en azote dans des systèmes 100 % herbe ».
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