pesticides Pas si simple d’en finir avec le glyphosate
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Mi-novembre, l’Europe n’a pas tranché sur le renouvellement de l’autorisation du glyphosate. De facto, son usage est prolongé d’un an. « Il est malgré tout restreint », nuance Emmanuel Gsell, qui suit ce dossier pour la chambre d’agriculture de Normandie (CRAN). « De 200 produits à base de glyphosate, nous sommes passés à vingt en France. » L’herbicide est particulièrement apprécié en intercultures pour la lutte contre les adventices. Il détruit les repousses de la culture précédente, rattrape un désherbage loupé, facilite la gestion des vivaces.
3,5 l par ferme après deux ans de test
Sur le terrain, les éleveurs et les céréaliers bougent pour trouver des alternatives. En Normandie, sous l’impulsion de la Région, 37 agriculteurs, dont 17 éleveurs laitiers, ont testé en 2020 et 2021 sa suppression. Ils ont bénéficié d’un accompagnement technique et d’une aide régionale de 80 €/ha, sur deux ans, plafonnée à 8 000 €. « Le travail du sol par le labour ou le déchaumage est la principale alternative mise en œuvre. Avant le lancement du programme, 32 ha en moyenne par exploitation recevaient du glyphosate. Au bout de deux ans, moins de 2 ha. » Logiquement les quantités ont suivi : 3,5 litres en moyenne contre 74 litres avant.
Plus de carburant
La contrepartie est plus de carburant (+ 457 l en moyenne) et un coût supplémentaire (+ 1620 €/exploitation). C’est aussi plus de temps passé : 0,9 ha/heure en labour 5 corps et 4 ha avec un déchaumeur à disques de 4 m contre 8 ha avec l’herbicide.
La volonté de sortir du glyphosate est nécessaire mais pas suffisante. C’est ce qui ressort aussi des deux années de test aux conditions climatiques contrastées : l’été 2020 sec et celui de 2021 humide. « En 2021, je n’ai pas pu gérer par le déchaumage les adventices en intercultures, comme je le souhaitais. Résultat : des parcelles se sont salies et mon indicateur de fréquence de traitements a augmenté », raconte Emmanuel Bertrand, éleveur dans l’Orne, au siège de la Région Normandie le 4 novembre.« Attention au fonctionnement par silo réglementaire », avertit de son côté Sébastien Windsor, président de la CRAN. Il faut trouver un compromis intelligent entre agronomie, environnement et lutte contre le réchauffement climatique. »
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