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Leçons à tirer Les marges brutes de la campagne 2021-2022

Bilan. Pendant ces douze mois, l’inflation des charges commençait à être très sensible avec un prix du lait qui a, lui aussi, progressé, sauf en bio.

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Les résultats de campagne de l’entreprise de conseil Seenovia sont toujours riches d’enseignements sur les performances technico-économiques des exploitations laitières. Même si l’image que nous renvoient les chiffres 2021-2022 n’est plus celle d’aujourd’hui. Seenovia compte 5 045 adhérents en bovins lait (390 000 vaches) soit 80 % des élevages de la zone qui comprend les cinq départements des Pays de la Loire et la Charente. Malgré le dynamisme de cette région d’élevage, le renouvellement des générations est devenu une problématique majeure. L’actuelle pyramide des âges est implacable : la part des quadras a baissé de dix points chez les agriculteurs entre 2011 et 2019. Seulement trois départs sur cinq sont remplacés. « La baisse est particulièrement marquée en élevage bovin. Attirer les jeunes passera par la défense du revenu mais pas seulement. Le volume et les conditions de travail, l’adaptation des systèmes au changement climatique et la prise en considération des attentes sociétales comptent aussi. Nos établissements d’enseignement agricole font le plein mais nous n’attirons pas suffisamment les jeunes talents pour assurer la transmission des élevages », analyse Frédéric Tattevin, responsable de marché, économie et projet filière chez Seenovia.

Plus de lait par vache

Sur la campagne laitière 2021-2022, la ferme laitière moyenne de Seenovia comptait 77 vaches (deux de plus qu’en 2020-2021) pour une productivité de 8 310 kg de lait brut à 41,9 de TB et 33,2 de TP. Depuis trois ans, cette productivité par vache ne cesse de croître avec un bond de plus de 150 kg/VL en 2022.

« Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer : de meilleurs fourrages, un prix du lait plus attractif, mais aussi le développement de la traite robotisée qui entraîne davantage d’intensification », précise Frédéric Tattevin. À l’inverse, aucun progrès n’est observé sur le rang moyen de lactation qui reste bloqué à 2,3. « C’est pourtant un levier important pour l’économie de l’exploitation, car élever une génisse coûte cher. L’effet est également majeur sur l’empreinte carbone des élevages laitiers et sur leur autonomie protéique. »

Prix du lait : 402 €/1 000 l

D’avril 2021 à mars 2022, le prix du lait conventionnel a connu une progression importante de 373 à 426 €/1 000 l (soit une moyenne de 402 €/1 000 l sur un an). Une hausse qui s’est poursuivie sur la fin de l’année 2022. « Il faut s’en réjouir et espérer que les niveaux de prix continuent à progresser car celui des charges a augmenté de façon très importante. L’inflation des engrais et des frais de récolte notamment va avoir un fort impact sur les résultats de la campagne en cours », avertit Frédéric Tattevin. Illustration avec le prix du concentré qui est passé de 325 €/tonne en septembre 2021 à 407 €/t en juillet 2022. Les minéraux et additifs ont augmenté de plus de 100 €/t à 730 €/t. Le coût alimentaire rendu à l’auge a donc progressé jusqu’à 180 €/1 000 l en juillet dernier. « Une situation qui va se dégrader en 2022-2023 avec des rendements fourragers médiocres et une qualité incertaine. Heureusement, dans de nombreux élevages, il y avait des reports de stocks importants. C’est moins le cas en production biologique et avec un prix du lait qui stagne. »

Dans sa présentation des résultats économiques, Seenovia distingue quatre systèmes de production.

Savoir lire les différentes marges brutes

Les élevages qui gardent le silo ouvert toute l’année mais avec une part de pâturage non négligeable (29  %), les élevages robotisés qui se caractérisent par une plus forte intensification à l’animal (9 000 kg/VL) et moins de pâturage, les systèmes silo fermé qui maximisent le pâturage (37  %) tout en maintenant le maïs, mais en étant économes en concentrés et avec moins de lait par vache (7 500 l) et moins de lait à l’ha (7 400 l). Enfin, les élevages bio peu intensifs, encore plus économes, mais toujours avec une part de maïs dans la SFP (12  %). L’analyse de la marge brute pour ces différents systèmes (voir infographie) montre très peu d’écart si l’on s’en tient à la marge par vache, mais, au contraire, la marge à l’hectare présente des variations significatives, qui vont à l’inverse de la marge brute aux 1 000 litres.

« Cette marge brute aux 1 000 litres est quelquefois remise en cause. Elle est très liée au prix du lait et au produit viande. Elle favorise les systèmes très économes avec moins de lait. Attention donc à l’excès d’autonomie sans vision globale sur le volume produit. À l’inverse, la marge brute à la vache est logiquement liée au lait par vache, avec, comme facteur limitant, les places dans le bâtiment et un risque de masquer des coûts de concentrés non maîtrisés. Enfin, la marge brute à l’hectare, qui permet de comparer les productions, est liée au lait/ha et au lait par vache, incluant les notions de chargement et d’âge au vêlage, mais elle peut masquer aussi un dérapage sur les charges SFP et les concentrés », analyse Frédéric Tattevin.

Les meilleurs sont bons un peu partout

Seenovia analyse ensuite les résultats du quart supérieur sur la marge brute des troupeaux prim’holsteins dont la moyenne est à 264 €/1 000 l ou 2 200 €/vache. Les 31 €/1 000 l de marge supplémentaire de ce sous-groupe se décomposent en + 11 €/ 1 000 l sur les produits (+ 9 € sur la viande et +2 € sur le prix du lait) et - 20 €/ 1 000 l sur les charges (dont - 10 € sur le concentré).

L’analyse des troupeaux à plus de 2 500 € de MB/vache, comparé à la moyenne, est aussi sans grande surprise. Ils vendent plus de lait, produisent davantage à la vache et à l’hectare, avec de meilleurs rendements fourragers. Ils consomment plus de concentrés (+ 250 kg/VL) mais avec une bonne efficacité. « Dans ces troupeaux, on maîtrise très bien l’alimentation et on met un peu plus de technicité sur tous les postes, même sur l’atelier génisses. Ce n’est pas uniquement lié aux compétences des éleveurs. Le potentiel agronomique et le parcellaire sont aussi à prendre en compte », précise Frédéric.

Dominique Grémy

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