DIX OPTIONS POUR RÉDUIRE L'ASTREINTE
Réduire le temps de travail ou donner davantage de souplesse au planning représentent aujourd'hui des enjeux majeurs en élevage. Les pistes sont variées et de plus en plus argumentées.
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LES ÉLEVEURS SONT TOUS D'ACCORD POUR S'ORGANISER, simplifier, voire s'équiper dans un souci de mieux gérer leur charge de travail. Mais avec quelles conséquences sur leurs troupeaux, leurs résultats économiques et la qualité du lait ? Petit tour d'horizon des différentes voies explorées et évaluées grâce à des expérimentations ou des suivis d'élevages (voir encadré).
Monotraite. Réduire l'astreinte de 17 %
D'abord testée par des éleveurs, la monotraite a fait ensuite l'objet d'expérimentations. La technique induit une baisse de la production de 25 % avec une hausse des taux de 2,8 points pour le TB et 1,5 pour le TP. L'ingestion alimentaire baisse de 5 à 10 %. Les résultats économiques ne sont pas pénalisés s'il ne faut pas investir dans le bâtiment. On ne constate pas d'effet négatif sur le comportement ou le bien-être des animaux. Quand on revient à deux traites quotidiennes, les vaches retrouvent leur niveau de production précédent. On observe cependant une perte de 10 à 16 % après deux mois de monotraite.
LE BILAN
+ Technique réversible.
+ Pas d'investissement : on peut adopter la monotraite du jour au lendemain sans aucune préparation, ce qui en fait une solution très simple en cas de coup dur (maladie, accident…).
+ Effet positif sur la reproduction : à la ferme expérimentale de Trévarez (Finistère), 85 % des vaches en monotraite sont pleines en trois mois (contre 72 %).
- Attention aux cellules : les taux cellulaires augmentent d'autant plus que le niveau initial est élevé.
- Surveiller la prise d'état en fin de lactation.
- Gérer une augmentation d'effectif : penser aux conséquences sur le bâtiment et sur l'environnement.
Intervalle entre deux traites. Gagner en souplesse
On peut raccourcir l'intervalle entre les deux traites de la journée. Des expérimentations ont montré que l'impact reste minime sur la production (- 5 à - 10 %) si l'on maintient un intervalle d'au moins cinq heures. De même, l'ingestion alimentaire et l'état des animaux bougent peu. Le lait du soir est plus gras. La perte de production est moins marquée pour les vaches en phase descendante de lactation. Éviter de trop réduire l'intervalle pour des vaches en début de lactation (deux premiers mois).
LE BILAN
+ Pratique réversible et facile à mettre en oeuvre, du jour au lendemain.
- Attention aux taux cellulaires pour des intervalles très courts (2 h 30).
Achat d'un robot. Jusqu'à 60 % de gain de temps
Avec un robot, le temps moyen consacré à la traite s'élève à neuf heures par semaine pour cinquante-sept vaches. Le travail est moins physique et l'organisation plus souple. Mais il reste à pousser certaines vaches vers le robot, à nettoyer la stalle et à analyser les données informatiques. Le bâtiment doit être adapté à la traite robotisée : circulation des animaux, propreté des mamelles… L'effectif doit correspondre à une ou plusieurs stalles (effet de seuil).
LE BILAN
+ Réduction nette de l'astreinte.
+ Gain en souplesse d'organisation.
- Montant élevé de l'investissement compter 60 à 65 €/1 000 l de lait contre 30 à 35 € pour une salle de traite
- Prévoir 10 €/1 000 l de surcoût alimentaire (plus de stocks et de concentrés).
- Risque de dégradation de la qualité du lait (cellules et lipolyse).
Groupage des vêlages. Prendre de vraies vacances
La concentration des vêlages dans le temps permet de bénéficier ensuite d'une période plus ou moins longue de travail allégé, pouvant aller jusqu'à la fermeture de la salle de traite pendant un ou deux mois. De plus, l'organisation du travail est modifiée avec un calendrier des tâches plus strict, favorisant l'efficacité (surveillance des chaleurs, des vêlages, des veaux…), mais également le stress. Le bilan économique est très lié à la maîtrise technique (taux de réforme).
LE BILAN
+ Bénéfice d'une période très calme sur le plan du travail.
+ Spécialisation des tâches par période permettant de gagner du temps.
- Saisonnalité de la production pouvant être pénalisante pour la laiterie.
- Période des vêlages éventuellement pénible.
- Attention aux variations saisonnières de trésorerie
Vêlage précoce. Diminuer l'effectif des génisses
Les génisses holsteins peuvent être inséminées à quinze mois, sans conséquence sur leur carrière. En passant d'un âge moyen de trente à vingt-quatre mois au vêlage, on réduit les effectifs de 20 % et on a un lot de moins à conduire. Le gain sur l'astreinte est évident. On le retrouve aussi sur l'économie, les places dans les bâtiments, les besoins en fourrages… En contrepartie, la ration doit assurer une croissance soutenue pour parvenir à l'objectif de 400 kg (1,70 m de tour de poitrine) à quinze mois. Sachez qu'une génisse inséminée à un poids inférieur ne devra pas être trop poussée en première lactation : priorité à la croissance.
LE BILAN
+ Un mois de gagné, c'est 1 à 1,50 €/1 000 l en plus.
+ Une génisse en moins, c'est 85 UN/UGB en moins.
- Suivi des jeunes exigeant.
Sortie des veaux. Le plus tôt possible dans les prés
Les veaux peuvent sortir dès la deuxième semaine, sous réserve d'un minimum d'aménagements : parc clôturé avec abri, râtelier et bac à tétines pour distribuer le lait, de préférence fermenté. À Trévarez, des palettes en croix avec un toit de tôle suffisent pour protéger les veaux des intempéries. Ils poussent aussi bien et ne sont pas plus malades que ceux élevés en nurserie.
LE BILAN
+ Suppression du paillage et de la sortie du fumier des veaux.
- Nécessité d'aménager un parc à proximité du bâtiment.
- Distribution de la buvée à l'extérieur.
Une buvée par jour. Jusqu'à 50 % de gain de temps
Passée la première semaine, rien ne justifie la distribution de deux repas par jour pour les veaux. On peut utiliser du lait entier, éventuellement fermenté, ou de la poudre. Le lait fermenté lève la contrainte de la température de la buvée. Tous les essais montrent de bonnes croissances avec ce schéma et une baisse de la fréquence des diarrhées, synonyme de gain de temps, de tranquillité et d'argent. On peut aussi adopter un plan d'allaitement constant : 3 l/jour de la naissance au sevrage. Avec du lait en poudre (600 g/l), les essais ont montré une croissance identique à celle des veaux nourris classiquement.
LE BILAN
+ Gain de temps et de souplesse.
+ Possibilité de réduction des diarrhées.
+ Facilité de se faire remplacer avec un plan simplifié.
- Nécessaire rigueur dans le suivi du plan d'alimentation.
Ration sèche. Jusqu'à 50 % de gain de temps
Le travail lié à l'alimentation est réduit de moitié. La production augmente (400 kg par vache) et les taux baissent, surtout le TB (- 3 à 4 points). Le travail lié à la production de maïs est remplacé par la fenaison. Il faut s'organiser pour une distribution importante de concentrés.
LE BILAN
+ Temps lié à l'alimentation réduit de moitié.
+ Travail moins pénible.
+ Plus facile de se faire remplacer.
- Cher : le coût alimentaire passe de 83 à 104 €/1 000 l.
- Nécessité de produire du bon foin.
- Sensibilité aux fluctuations des cours de matières premières.
- Risque d'acidose.
Ration simplifiée pour les génisses : 45 % de gain de temps
En ne distribuant le fourrage aux génisses que trois fois par semaine, on diminue cette astreinte de 45 %. Les essais de Trévarez, sur des lots de première et deuxième année, montrent que les croissances se maintiennent. On peut aussi limiter les besoins en complémentation en choisissant des fourrages équilibrés : ensilage d'herbe ou méteil, dont il faudra vérifier la valeur. Autre piste pour gagner du temps : préparer la ration à l'avance. À Trévarez, le mélange destiné aux jeunes (50 % d'ensilage de maïs, 38 % de céréales, 10 % de soja, 2 % de CMV) est fait pour trois semaines dans la remorque mélangeuse et stocké en silo-taupinière. Il n'y a pas de reprise de fermentation du fait de la teneur en MS.
LE BILAN
+ Gain de temps et simplicité.
- On les cherche
Désileuse cube. Jusqu'à 50 % de gain de temps
En s'équipant, on peut n'apporter le fourrage aux laitières qu'une fois par semaine sous la forme d'un cube en libre-service. Reste à enlever les refus. L'ingestion et la production ne sont pas modifiées. Le TB a tendance à baisser.
LE BILAN
+ Gain de temps important.
+ Moins d'astreinte le weekend.
+ Une place à l'auge pour 2,5 à 3 animaux, soit un gain de surface de 30 %.
- Investissement dans une désileuse cube et dans une auge mobile.
- Risque d'échauffement : le fourrage doit être au moins à 35 % de MS.
- Risque d'augmentation des butyriques.
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