MAMMITE AIGUË : COMMENT RAISONNE VOTRE VÉTÉRINAIRE
Lorsque l'état général de l'animal est atteint, le vétérinaire dispose d'un référentiel précis pour déterminer le traitement.
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VOUS DÉPISTEZ UNE MAMMITE CLINIQUE sur une primipare holstein vêlée depuis vingt-quatre heures. En effet, le quartier arrière droit est oedématié, et ses sécrétions sont profondément modifiées après élimination des premiers jets dans un bol à fond noir. Après la traite, vous réalisez un examen de l'animal car son état général vous préoccupe. Vous effectuez alors un tour complet de la primipare en faisant les gestes de base nécessaires à cette évaluation : prise de température, examen de l'abdomen, du thorax et de l'avant-main. Vous consultez également le registre d'élevage pour connaître l'histoire sanitaire de cette primipare. Vos observations sont les suivantes : hyperthermie (40,6°C de température) ; baisse de l'appétit et absence de rumination ; baisse de tonus, difficultés au relever. L'observation des muqueuses oculaires indique une déshydratation et une congestion marquée.
Le diagnostic ne présente pas de difficultés majeures : il s'agit bien d'une mammite aiguë. La prise en charge de cet animal dépasse largement l'injection de deux ou trois spécialités médicamenteuses vétérinaires qui ne présentent pas en elles-mêmes de difficultés. Quelles questions se posera votre vétérinaire ? Dois-je mettre en place un traitement symptomatique qu'il soit anti-inflammatoire et/ou adjuvant basé sur la lutte contre la déshydratation ? Dois-je mettre en place une antibiothérapie ? Si oui, sur quelles bactéries potentielles ? Ce qui conditionne le spectre ? Quelle sera la voie d'administration ? Pour quelle durée de traitement ? Mais aussi quelle est la famille la moins risquée pour la dissémination de l'antibiorésistance ? Bien évidemment, formations initiale et continue constituent le socle de base. Les vétérinaires disposent en plus d'outils et de référentiels produits par leurs organismes professionnels, comme la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV). En ce qui concerne les mammites, ils utilisent le référentiel vétérinaire 2013 de traitement des mammites bovines.
Dans la pratique, le vétérinaire établit un score clinique à partir des observations recueillies lors de l'examen clinique. En fonction de ce score, un traitement anti-inflammatoire et/ou basé sur une lutte contre la déshydratation sera mis en oeuvre. Pour ce cas, le score clinique, établi à 8, impose un traitement anti-inflammatoire associé à une réhydratation. Il a été calculé de la façon suivante : 2 (température corporelle) + 2 (score de déshydratation modérée) + 2 (contractions du rumen) + 2 (signe de dépression). Le traitement antibiotique doit être à large spectre puisqu'il est impossible d'identifier par l'examen clinique l'espèce bactérienne responsable.
NE PAS PASSER LA BARRIÈRE INTESTINALE
Toutes les bactéries peuvent provoquer des mammites aiguës. Lors d'oedème marqué d'un quartier, il est recommandé d'associer la voie locale et la voie générale afin d'optimiser la diffusion de l'antibiotique dans tous les compartiments potentiellement touchés par les germes. Dans notre cas, un traitement par voie générale de courte durée sera mis en oeuvre pour limiter une septicémie à partir de coliformes. La spécialité administrée par voie locale sera à large spectre.
Concernant l'antibiorésistance transmise éventuellement par l'animal et dans l'environnement, il est prudent d'utiliser des antibiotiques qui ne passent pas la barrière intestinale, de telle sorte à ne pas toucher la flore commensale digestive. La prise en compte de l'environnement est pour le moment débutante, ne disposant pas suffisamment de données. Si la prise en charge des mammites sans atteinte générale peut être réalisée sans problème par l'éleveur dans le cadre du suivi permanent de l'élevage, établi par le vétérinaire, le traitement des cas graves est du ressort du vétérinaire compte tenu des enjeux d'efficacité et de réduction de la diffusion de l'antibiorésistance.
Le vétérinaire établit un score clinique à partir de ses observations. Selon ce score, un traitement anti-inflammatoire et/ou basé sur une lutte contre la déshydratation sera mis en oeuvre. © CLAUDIUS THIRIET
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